Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
L'Afrique et les défis majeurs en matière de sécurité alimentaire : Besoin pressant de politiques durables dans la gestion agricole pour faire face aux changements climatiques
500 millions de terres arables sont dégradées et 95% des agriculteurs ont de petites capacités financières et ont de petites exploitations. C'est un secteur par excellence social au niveau africain, qui emploie entre 40 à 70% de la population africaine et qui produit entre 16 et 32% du PIB africain. En marge de la quatrième Conférence sur le changement climatique et le développement en Afrique, Mme El Haité, ministre déléguée chargée de l'Environnement, estime que le continent africain doit faire face à des enjeux majeurs face aux changements climatiques pour assurer sa sécurité alimentaire. Et ce, à travers la mise en place de politiques durables, notamment dans la gestion agricole. Quand on parle de gestion agricole, on pense automatiquement à la gestion de l'eau, des sécheresses, à l'anticipation des risques par rapport aux changements climatiques, à la protection des terres à travers la mise en place de politiques publiques à même de réussir la conversion des terres. L'agriculture représente l'axe majeur de développement de l'Afrique de demain et le fait qu'il soit déjà soumis à des contraintes intrinsèques aux pays africains, à savoir le manque de capacités financières, le manque d'encadrement des petits agriculteurs, leur faible capacité à entretenir, à enclencher et à mettre en place une smart agriculture dans leurs exploitations, le challenge est encore plus grand. Surtout face à sa vulnérabilité aux changements climatiques, en relation avec une industrie et une pollution mondiales, pour lesquelles, les pays africains sont en train de payer et compte tenu de l'aggravation des perturbations climatiques et des problèmes de pénurie des ressources en eau, notamment des effets induits sur la sécurité alimentaire. Toutes ces problématiques ont montré qu'il pourrait y avoir une redistribution de la carte géopolitique et de la stabilité politique au niveau de l'Afrique, une menace de l'augmentation ou de l'accélération des conflits sur la ressource et des risques de migration. On estime à 5 millions le nombre de populations africaines qui pourraient migrer d'ici 2025. Les prévisions parlent également d'une perte en rendement de 20% sur le continent. Face à ces grands challenges qui accélèrent et accentuent la dégradation des terres en Afrique et qui accentuent par conséquent l'insécurité alimentaire, d'autres problématiques locales sont à soulever. Pourtant, les chiffres concernant la crue montrent que l'Afrique a un véritable potentiel aussi bien en ressources naturelles qu'en ressources humaines et que l'Afrique peut être un continent leader, capable non seulement d'alimenter ses peuples mais aussi d'exporter à l'international. Seulement, on se pose certaines questions : Où est la richesse de l'Afrique ? Quel impact a cette richesse sur sa population ? Est-ce que c'est un développement qui est durable ? Est-ce que le développement économique engagé dans certains secteurs est accompagné par une conscientisation ? Les trois jours de la conférence a permis d'apporter les éléments de réponse pour une Afrique capable de nourrir ses populations, de créer de la valeur ajoutée et d'exporter à l'international. S'agissant du Maroc, les ajustements sont toujours en cours. Il y a des volets à enclencher, d'autres à corriger et à réorienter, mais des avancées majeures ont été réalisées, surtout en matière d'anticipation sur les changements climatiques, d'adaptation des programmes aux impératifs des changements climatiques au niveau de la gestion des ressources en eau, de la gestion des terres, de la protection des bassins versants, de l'assainissement liquide, mais aussi en ce qui concerne la politique énergétique et la politique agricole. Cette trajectoire permettrait un meilleur développement, et dans le futur, faire partie des pays qui demandent à avoir des fonds pour la mitigation, pour l'adaptation à même de lancer le Maroc dans sa dynamique de développement. Au Maroc, et c'est valable aussi pour beaucoup d'autres pays africains, 95% des exploitations agricoles sont de petites exploitations. Elles sont inférieures à 5 hectares dans notre pays et inférieures à 0,5 hectare dans d'autres pays africains, servant surtout pour l'autoconsommation. La politique mise en place au Maroc est opérationnalisée au niveau territorial et au niveau local, des structures d'accompagnement suivent le petit agriculteur et des incitations financières lui permettent d'enclencher une dynamique d'autoproduction, à savoir le financement des équipements : le tracteur, des systèmes de reconversion du goutte à goutte d'irrigation.... De nouveaux outils produits afin de développer le secteur agricole, pour les après OMD 2015. Il y a une cohérence même au niveau de la politique fiscale, laquelle a taxé l'année dernière les grandes exploitations agricoles, ce qui a permis de reconstituer des fonds pour subventionner le petit agriculteur, une sorte de politique de solidarité au sein du même secteur. Une vision globale et intersectorielle serait efficace, car, dans les secteurs de l'agriculture, il y a une concertation intense entre les secteurs de l'eau, de l'énergie, de l'environnement et de l'agriculture. L'intégration de ces composantes, la réutilisation des eaux usées permettrait une économie de 5 milliards de mètre cube d'eau à l'horizon 2030, l'intégration des politiques au niveau gouvernemental et leur implémentation au niveau local permettrait des avancées notables pour sécuriser l'alimentation au niveau de l'Afrique. Une question déterminante pour le futur et qui n'a pas été abordée lors de la conférence, c'est la chaîne de valeur agricole. Il ne suffit pas de produire mais aussi de pouvoir conditionner, respecter la chaîne de froid, trouver des marchés et exporter. Et toute la dynamique de la chaîne de valeurs doit être réfléchie au sein des gouvernements et à l'échelle macroéconomique. Ce sont là les défis de l'agriculture et de la sécurité alimentaire au niveau africain. Le sujet de la solidarité interrégionale et inter-pays a été également mise en exergue lors de la conférence de Marrakech. Quand on touche aux aspects des changements climatiques, aux aspects environnementaux et aux ressources, il n'y a pas de frontières, les pays doivent être solidaires. Les impacts ou les phénomènes accentués sur certains pays peuvent se répercuter sur d'autres, les avancées du désert vont se faire du Sud vers le Nord, la pénurie des ressources est de plus en plus accentuée, la migration vient du sud vers le Nord et donc il est impératif que les avancées réalisées par certains pays et les expériences réussies par d'autres soient transposées et adaptées au niveau des autres. La réussite n'est pas unilatérale, il faudrait absolument que le défi soit relevé au niveau africain, d'où la nécessité de coordonner aussi bien les actions en interne que les positionnements au niveau des négociations internationales. Certes, le changement climatique représente un défi majeur mais c'est aussi une opportunité dans la mesure où il enclenche des processus de développement au niveau des pays africains, avec la possibilité d'écarter les erreurs commises par les pays développés. D'autant plus que les technologies ont évolué et que d'autres durables ont vu le jour. L'important, c'est de choisir un nouveau modèle de développement. Le Maroc acquiert déjà une notoriété et une place privilégiée au niveau africain, à travers ses expériences réussies à partager la solidarité africaine qu'il prône et le développement de partenariat privé-public dans le cadre d'une coopération Sud-Sud. Sa Majesté le Roi Mohammed VI en a donné l'exemple à maintes reprises, à travers ses déplacements et de nombreuses initiatives au niveau de l'Afrique. Notre pays repose en grande partie sur l'agriculture avec 40% de l'emploi généré par le secteur agricole. Le Maroc n'est pas un pays producteur d'énergies fossiles et importe à hauteur de 96% notre énergie. Il est aussi vulnérable aux changements climatiques à l'image des autres pays africains. Et bien qu'ayant connu des périodes de sécheresse récurrente et qu'il soit menacé à hauteur de 73% par l'érosion, il a su anticiper depuis les années 60 sur ses politiques publiques pour sécuriser l'alimentation. S'adapter aux changements climatiques n'était pas un luxe mais une nécessité et c'était l'impératif de développement. C'est une dynamique certes locale et nationale au niveau du Maroc, régionale et continentale au niveau de l'Afrique, mais qui doit être intégrée Impérativement dans un échéancier et dans une négociation mondiales. Et puisque tous les Africains prônent le même discours et ont les mêmes objectifs, évoluer en tant que continent africain dans le partage de l'expérience réussie et dans la capitalisation des données sur le climat, c'est ce qui va permettre à l'Afrique d'anticiper les catastrophes naturelles, de simuler l'Afrique de demain et d'avoir un positionnement fort au niveau international, surtout en ce qui concerne les négociations. Mais si les pays industrialisés ne diminuent pas leurs productions, l'Afrique va continuer à souffrir des risques encourus par les changements climatiques. La théorie des pays développés était de toujours produire pour assurer le gain sans se préoccuper des impacts. On comprend mieux la problématique quand il s'agit des déchets solides. Quand tout le monde envoie ses déchets dans le sol, on les voit et l'on parle dans ce cas de décharge sauvage. Quand on envoie ses décharges dans l'air, on les voit moins et on parle des gaz à effet de serre. Aujourd'hui, l'Afrique a une véritable décharge sauvage dans l'air et les pays qui ont transformé ce ciel en décharge sauvage ont la responsabilité de mettre à niveau et de réhabiliter le ciel. Il est temps que ces pays prennent leurs responsabilités et nettoient, c'est ce qu'on appelle les mesures de mitigation. Le déchet sur le sol est territorialisé (reste au Maroc) mais le déchet envoyé sur le ciel français ou autre vient au Maroc, va au Kenya... Et c'est ce qu'essaient d'instaurer les Africains, tout simplement, au niveau des négociations, pour que ces pays industrialisés, à l'origine de cette pollution, mettent en place les mesures de mitigation et d'atténuation pour arrêter la pollution. L'impact de cette pollution de l'air, c'est l'augmentation de la température qui se fait sentir au niveau de l'Afrique, qui dégrade le sol, qui est à l'origine de l'érosion, de la pénurie des ressources, de l'insécurité alimentaire, de la migration... La BAD a proposé 33 millions d'euros de subvention pour le renforcement des capacités. Cet argent ne devrait pas être dépensé uniquement dans les études et dans le renforcement des capacités mais serait utilisé à bon escient pour l'instauration d'un réseau de surveillance et de contrôle, pour la mise en place des installations de surveillance de l'air et de suivi de la météorologie nationale et au niveau de l'Afrique. Asseoir une unité de suivi de la gestion des risques au niveau africain permettrait d'avoir une lecture africaine plutôt qu'une lecture nationale et de mettre en place les programmes de renforcement de capacités dans un cadre régional. Si l'Afrique veut s'autoalimenter, elle doit être capable de produire ses propres données, de les exploiter, de faire ses propres simulations et d'avoir ses propres positions.