Le taux de chômage en Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Égypte) est préoccupant. Il s'établissait, en 2013, à 9,5% au Maroc, alors qu'il était de 15,7% en Tunisie, 13,4 % en Egypte, 13 % en Libye, 10,1 % en Mauritanie, et 9,8 % en Algérie. « En 2010, la situation du marché du travail dans la région était déjà préoccupante et s'est encore détériorée ces dernières années », souligne la BAD (Banque Africaine de Développement) dans un rapport fraîchement rendu public, ajoutant que ce marché est handicapé par les facteurs suivants : un taux de chômage élevé ; un fort désengagement du marché du travail ; une offre importante de travailleurs pas suffisamment qualifiés, mais avec des attentes irréalistes en matière d'emploi ; la création d'un nombre d'emplois insuffisant et l'offre inadéquate d'emplois qualifiés pour les travailleurs compétents ; des carences dans le cadre réglementaire sous-tendant des taux de chômage élevés et l'émergence généralisée de l'informel ; et des possibilités limitées pour les groupes de travailleurs souhaitant faire entendre leurs voix sur ces problèmes. La BAD note, par ailleurs, que les jeunes de 15-24 ans sont trois fois plus susceptibles d'être au chômage que les adultes âgés de 25 ans et plus. En 2013, au Maroc, 19,1 % de ces jeunes était au chômage tandis que 39,3 % de leurs confrères égyptiens âgés de 20 à 24 ans étaient eux aussi sans travail. La Banque souligne aussi que le nombre d'emplois créés au Maroc a dépassé la croissance de la population active. Toutefois, poursuit la même source, les nouveaux emplois n'ont pas essentiellement profité aux jeunes, si bien que le chômage des jeunes a continué à augmenter. Autre contre-performance soulevée par le rapport, de 280 pages, est qu'une forte proportion des travailleurs en Afrique du Nord a un emploi précaire dans le secteur « informel », sans contrat ni protection sociale. A titre d'exemple, seuls 30 % des travailleurs au Maroc, 46 % en Tunisie et 50 % en Égypte ont un contrat de travail. Face à ces contre-performances, la BAD insiste sur la nécessité de réformer les marchés du travail respectifs de chacun des six pays étudiés. « Seules des réformes permettront de résorber les obstacles à l'emploi, le taux de chômage, la précarité des conditions de travail, et d'offrir des postes adéquats aux nombreux travailleurs qualifiés et diplômés de la région », indique-t-on. Dans le même ordre d'idées, la BAD indique que le faible accès au crédit limite les possibilités d'auto-emploi et la création de nouvelles entreprises dynamiques. À titre d'exemple, 19 % des entreprises au Maroc, 18 % en Tunisie et 16 % en Algérie ont déclaré que les difficultés d'accès à des financements étaient un obstacle majeur à l'activité commerciale. Selon le Haut Commissariat au Plan (HCP), 39.000 postes d'emploi ont été créés par l'économie marocaine entre le 2ème trimestre de l'année 2013 et la même période de 2014, 28.000 en milieu urbain et 11.000 en milieu rural. Ces nouveaux postes d'emploi constituent le solde entre la création de 57.000, 43.000 par le secteur des « services » et 14.000 par celui des « BTP », et la perte de 18.000, dont 11.000 dans le secteur de l'»industrie y compris l'artisanat» et 7.000 dans l' « agriculture, forêt et pêche ». Dans ce contexte, entre les deux périodes, le nombre de chômeurs au Maroc, en augmentation de 65.000 personnes, a atteint 1.114.000 personnes. Le taux de chômage a ainsi enregistré un accroissement de 0,5 point, passant de 8,8% à 9,3%. En milieu urbain, ce taux est passé de 13,8% à 14,2% et en milieu rural de 3,2% à 3,6%. Parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, il a été de 19,2% au lieu de 18,4% et parmi les détenteurs de diplômes, de 16,9% au lieu de 15,8%. Le chômage est à 27,8% le fait de licenciements ou de mises à l'arrêt de l'activité des établissements employeurs. De son côté, le taux de sous-emploi est passé, entre les deux périodes, de 8,9% à 10,4% au niveau national, de 7,9% à 9,2% en milieu urbain et de 9,9% à 11,7% en milieu rural.