La communauté internationale intensifiait lundi sa mobilisation contre Ebola, l'Union européenne (UE) exhortant à rattraper «le temps perdu» avec de nouvelles contributions, et les Etats-Unis annonçant le déblocage de 88 millions de dollars et une réunion d'urgence du Conseil de sécurité. Le Conseil tiendra une «réunion d'urgence» jeudi sur l'épidémie en Afrique de l'Ouest, a annoncé l'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power, qui en assure la présidence en septembre, précisant que Washington en attendait «des engagements concrets». Le président américain Barack Obama, qui devait préciser son plan d'action mardi au Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) à Atlanta, a demandé au Congrès d'approuver un financement de 88 millions de dollars (68 millions d'euros) supplémentaires, portant à 250 millions de dollars la contribution des Etats-Unis. La communauté internationale a «perdu un temps précieux» pour réagir à l'épidémie, a déploré la commissaire européenne à l'Aide humanitaire, Kristalina Georgieva, exhortant en conséquence l'UE à «présenter en tant que telle un très fort engagement» lors de la réunion internationale organisée fin septembre par l'ONU à New York. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime désormais qu'il faudra neuf mois pour enrayer l'épidémie, avec des besoins évalués à près de 500 millions d'euros. Dans le sillage de la mobilisation internationale, le Maroc a annoncé lundi une «élévation» du niveau de vigilance face à la propagation de l'épidémie de virus Ebola en Afrique de l'Ouest. Pour rappel, le Royaume est le seul à avoir maintenu des liaisons aériennes régulières avec les principaux pays touchés. «Aucun cas de virus Ebola n'a été enregistré jusqu'à présent au Maroc», a déclaré le ministre de la Santé, Houssaine El Ouardi, lors d'une conférence de presse. Accompagné de son homologue de l'Intérieur, Mohamed Hassad, il a néanmoins annoncé «la mise en place d'un plan national» prévoyant notamment «l'élévation du niveau de veille et de riposte sanitaire au niveau des différents points d'entrée» du royaume. Le Maroc, via la compagnie nationale Royal Air Maroc, est le seul pays à avoir maintenu des liaisons aériennes régulières avec la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, principaux foyers de la pire épidémie d'Ebola de l'histoire (plus de 2.200 morts). Des contrôles sanitaires sont effectués aux différents points de sortie de ces pays, conformément aux exigences de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et l'état de santé des passagers à bord est suivi par les membres de l'équipage, a de son côté assuré le Directeur du département d'épidémiologie et de lutte contre les maladies (DELM), Abderrahmane Maâroufi. Un dispositif de prise en charge et de diagnostic a été instauré pour d'éventuels cas suspects, en particulier à l'hôpital Moulay Youssef de Casablanca, «centre référent», a-t-il précisé. Le ministre de la Santé a par ailleurs évoqué la tenue prochaine au Maroc de compétitions sportives internationales, dont la Coupe d'Afrique des nations de football (CAN-2015) en janvier. Des «mesures spéciales seront prises en termes de sécurité et de santé», conformément à des accords signés avec les organisations concernées, dont la Fédération internationale de football (Fifa), a-t-il réaffirmé. Fin août, M. El Ouardi avait annoncé la mise en place d'une «commission nationale» chargée de préparer un «plan sanitaire» dans la perspective de la CAN, mais aussi du Mondial des clubs, qui se tiendra un mois auparavant dans le pays.