Alors que le projet du Code de la presse serait en passe d'être finalisé, le directeur exécutif du site généraliste d'Information «Hespress» Hassane El Guennouni affirme ne pas nourrir beaucoup d'espoir sur ce texte pour relever les défis d'ordre économique, technologique et éthique sur lesquels achoppent le secteur des médias électroniques. «A Hespress, nous nous soucions surtout des défis économiques, technologiques, éthiques et de formation auxquels nous sommes confrontés», a-t-il dit dans un entretien à la MAP, soulignant que pour y faire face, «nous ne fondons pas beaucoup d'espoir sur les projets de lois en gestation». « Du côté des médias web, on se fait également de la bile quant au risque d'étouffer la +presse citoyenne+ et de ligoter les journaux électroniques qui publient les vidéos transmis par des +citoyens bénévoles+, en érigeant en impératif l'octroi d'une autorisation préalable avant la prise d'images», a-t-il signalé, notant, à cet égard, que la presse électronique puise sa force de sa véloce réactivité et de la célérité de publication qui est la sienne. Concernant la question des subventions dans la réforme envisagée, il a relevé que le mode de soutien laisse à désirer, du fait qu'il s'adresse aussi bien à la presse écrite qu'au pendant électronique de celle-ci, sachant que les journaux bénéficient déjà d'un soutien annuel. Si le ministre de tutelle se fait un devoir de ressusciter la presse écrite, et c'est son droit le plus absolu, ce dessein ne doit pas être réalisé, du moins brigué, aux dépens de la presse électronique, a-t-il soutenu. De même, dans son interview avec LesEchos, daté du 13 janvier 2013, le ministre a donné sa propre vision du modèle économique des sites web d'information, lequel, a récapitulé M. El Guennouni, est fondé sur l'investissement dans les campagnes électorales et l'E-paiement. Cette conception, selon le co-propriétaire de Hespress, convertit les poches des citoyens et les comptes bancaires des formations politiques en sources de financements pour les médias électroniques et risque, ipso facto, d'en faire des Agences ayant pour mission de redorer le blason des politiques, notamment lors des échéances électorales. D'autres alternatives s'imposent. Pour M. El Guennouni, il sied de concevoir un soutien indirect à travers des réductions fiscales portant sur la TVA et l'impôt sur le revenu afin d'encourager les entreprises de presse électronique à investir dans l'élément humain. Toujours de l'avis de M. El Guennouni, il sera également judicieux d'encourager les administrations publiques à faire muter leur annonces/publicités vers les journaux électroniques. Pour lui, encore faut-il incorporer les sites web d'information aux plans de communication des ministères. Poussant la barre des aspirations encore plus haut, M. El Guennouni évoque même la création d'un village médiatique hébergeant les journaux électroniques marocains, tout en leur conférant un traitement fiscal préférentiel. Revenant sur le Livre blanc, présenté en avril 2013 en prélude à un projet de loi sur la presse électronique, il a indiqué que les recommandations «théoriques» introduites par ce document ne sortent pas, en quasi-totalité, de ce qui est universellement reconnu, comme elles ne reposent que sur des études, données et conclusions fondées sur de simples «impressions» et qui requièrent, de par leur défaillance empirique, un effort de révision et d'actualisation. M. El Guennouni fustige également une négligence des professionnels du secteur dans l'élaboration de ce document, décriant une approche participative bornée, dépourvu d'ouverture et réduite à l'envoi, par E-mail, d'un questionnaire sollicitant l'avis de certains journalistes web sur la promotion du secteur. Son élaboration, s'est-il exclamé, a été réalisée sans la moindre visite des sièges des sites électroniques pour s'enquérir de leur mode de travail, considérant qu'un tel document ne peut être élaboré depuis les bureaux de certains «théoriciens», avec à l'appui des formulaires disséminés ça et là. Evoquant les mutations qu'a connues le secteur de la presse électronique au Maroc, il a relevé que l'avènement, mais surtout l'essor de ce type de médias, tient à plusieurs facteurs, en l'occurrence la hausse exponentielle du nombre d'usagers internet, enregistrée ces dernières années, le taux de lecture faible de la presse écrite ainsi que l'ouverture des acteurs économiques, partis politiques et entreprises sur les sites d'information, à la lumière de ce que l'on convient d'appeler «Printemps de l'internet marocain». Vis-à-vis de ces changements, dont l'année 2011 a constitué le tournant, le ministère a consacré, selon lui, un discours embrouillé amplifiant le nombre des sites électroniques pour faire apparaître le Maroc comme le «paradis» de la liberté de création des sites Web. Ce discours, a-t-il estimé, a également pour dessein également de tenir le journaliste des sites électroniques, et lui seul, pour responsable de la faiblesse du contenu numérique. Pour conclure, M. El Guennouni a fait savoir que, dans le souci de réduire le fossé numérique au Maroc, «Hespress projette, cette année, d'externaliser une partie de ses activités à l'étranger comme il s'apprête à lancer sa version française, début 2015, et à investir dans des portails régionaux.