Quel est le lien organique entre le film que nous avons analysé ici la semaine dernière, "Femme écrite" de Lahcen Zinoun et celui de cette semaine, " Zineb, la rose d'Aghmat" de Farida Bourquia, que la chaine 2M nous a donné l'occasion de voir? C'est au moins l'actrice principale de ces deux films en l'occurrence Fatym Layachi, celle découverte par le cinéaste Hakim Noury qui lui confia, il y a une douzaine d'années, son premier rôle dans "Une histoire d'amour"(2001), donnant la réplique, à 17 ans, à Younes Megri, Mohamed Benbrahim et Maria Sadeq. Le rôle devait initialement revenir à l'actrice Mouna Fettou (43 ans) qui s'est vue retirer le personnage, celui de Zineb, au profit de Fatym Layachi (30 ans), peut-être pour une raison d'age. Dans les manuels d'histoire, on a peu ou pas du tout évoqué une telle femme, berbère d'origine, qui a fait plier plus d'un Hakem, Gouverneur ou autre Sultan. Ici, l'anecdote est de taille: la réalisatrice passait par hasard devant un lycée portant le nom de Zineb Nafzaouia. Curieuse, elle se demanda ce que pourrait être une telle dame pour mériter un tel hommage. Cela la conduisit à des recherches, à un scénario, à un film. Ignorée par les historiens les plus érudits comme par le commun des Marocains, Zineb Nafzaouia, imposée dans le film par sa seule beauté physique, méritait-elle tout un film? Certainement, mais seulement quand on est en crise de sujets. Autour de cette dame effacée de l'Histoire, Bourquia devait tout ressusciter pour crédibiliser son personnage principal tant au niveau personnel que collectif. Ce ne fut pas pas une tache facile. D'ailleurs elle s'entêtait à ériger une histoire autour de Zineb Nafzaouia, passée pour être une épouse de Youssef Ibn Tachfine. Le paradoxe, c'est que la cinématographie marocaine ne dispose encore d'aucun film sur ce chef guerrier, au moins connu de tous, au lieu de puiser dans ses alentours. Lui au moins, il mérite un tel intérêt de la part du cinéma. Au niveau de la forme, "Zineb, la rose d'Aghmat" est d'emblée un film historique avec ses décors, ses costumes et ses accessoires. Mieux encore, on a tendance à ressusciter à quelques moments le péplum avec ses bons et ses éternels méchants, imposés à l'écran par leurs sinistres costumes et leurs provocants dialogues. Tout dans une ambiance d'intérieur bannie cependant à plus d'un égard. Bannie car un film historique a ses spécificités du genre dont la principale est le spectacle. Or, c'est le facteur qui fait amplement défaut au film "Zineb" où la réalisatrice se contente d'amplifier les dialogues dans la pure tradition des films historiques arabes, égyptiens et syriens en particulier. On n'a pas eu l'occasion de voir cette "Zineb" à l'épreuve, elle censée être une guerrière capable de faire plier les hommes. D'ailleurs, les quelques scènes devant montrer son surprenant pouvoir, acquis par quelque magie, et établi par miracle sur ses partenaires relève parfois du ridicule (Ex: Mohamed Khouyi suppliant Zineb). Convaincante finalement dans le rôle de Zineb, Fatym Layachi l'est nullement. Son regard froid, son manque de dynamisme et son inquiétant mutisme, l'éloignent de plus en plus de ce qu'elle devrait incarner. On se demande enfin si la substitution de Mouna Fettou par la jeune actrice Fatym Layachi a plutôt desservi le film? D'autre part, "Zineb" manque terriblement de matière historique permettant au personnage principal d'intégrer les mémoires. Les quelques déplacements ici et là, les désirs mutuels, et les regards soupçonneux ne suffisent pas à créer un spectacle basé essentiellement sur l'action innée au film historique. Résumé du film Une épopée grandiose de l'Histoire du Maroc, qui devint sur les conseils avisés de Zaynab Tanefzawit (Ennafzaouia), légendaire femme de génie, un immense empire sous le Règne de empereur Amazigh Almoravide Youssef Ibnou Tachefine, son quatrième époux, l'Homme de son Cœur et de ses Ambitions.