De par l'utilisation des outils technologiques, on peut être amené à observer davantage certains plutôt que d'autres. Dans cette perspective, on serait tenté ou presque d'expliquer cet intérêt en termes d'atomes crochus. L'intérêt porte ici sur un gadget technologique, nommé mobile ou Mob, dont la popularité plus que tout autre, est devenue notoire. Accompagnons l'outil dans son existence, à travers l'une de ses missions d'assistance à forte valeur ajoutée sociale. Celle – ci s'active en des fractions de vie inactives, en l'occurrence des circonstances n'affichant que des temps morts, en raison de certain vide indésirable, générant l'ennui. C'est aux cours de ces situations que l'usager est amené à débusquer des projets, pour pouvoir communiquer, échanger, désactiver l'ennui ou tout simplement tuer le temps. Pour cause, l'intéressé fait appel à l'outil, désormais « anti ennui » Le mobile est initialement pourvu d'une mission d'émetteur récepteur, charge raisonnable par sa modestie en termes de consistance de la tâche. Tel est le protocole conforme liant le Mob à son entreprise. La nature du cadre de l'activité le dotait ainsi d'un surchoix de certaines disponibilités, qu'il consommait au gré de ses convenances. Il exploitait cette disponibilité dans des existences toutes autres que technologiques. Il concrétisait l'envie de respirer, le plaisir de la sérénité pour bien rêver, enfin le bonheur de se sentir libre de tout engagement pour se laisser emporter par des fleuves qui voyageaient dans des mondes silencieux de l'oubli. Il usait de toute son imagination pour se déconnecter. Maintenant, le temps a changé, la vie semble bien se compliquer pour cet acteur, enfant de la planète technologique. Sa maison mère tient compte des impératifs économiques, l'état des rapports de l'homme au temps, des transformations de la perception de ce même homme du monde. Avec l'éclosion d'internet, le Mob est confectionné selon d'autres configurations, autres noms (i phone, Smartphone). Dorénavant, il sillonne, de surcroit en image, des milliers de zones planétaires, des foules de parfums de la terre, se perd dans des champs pleins de mystères infinis, par amour de servir des communautés proches ou lointaines d'internautes. Mais il n'en peut plus. Au fond de sa mémoire, les requêtes ne cessent de pleuvoir. Pour amortir la grandeur, les longueurs, le sentiment de la platitude, occuper l'esprit, les mains ou les doigts qui démangent, ou tout simplement oublier, on se refuge en mode Mob. En des circonstances désertées par la vie, s'effacent longueurs, attente et temps morts, grâce au Mob, cet anti ennui. En attendant son tour dans des salles d'attente, on recourt à son mob. En attendant les choses les plus chères au monde, l'homme se lâche dans les bras de l'anti ennui. L'usager est au Mob ce qu'une progéniture est à ses ascendants. Les étudiants lorsqu'ils sont préoccupés ou désintéressés par une activité en classe combattent à l'abri, la longueur du temps, c'est à dire l'ennui, dans cette planète source d'anti ennui. Le Mobile s'abandonne, tantôt porté par les caresses des mains, tantôt affectueusement collé au cœur d'une tendre poche. Un jouet d'exception pour dire, voir, entendre Au fil du temps, les manipulations se cristallisent, des services se ritualisent. Constamment tripoté, scruté, et interrogé sur le visage de son écran, il s'adonne à ses adeptes qui l'interpellent machinalement. Par l'introduction de quelques lettres seulement, il déroule de tapis colorés roulant des êtres, des choses, des réseaux sociaux outre des masses de savoirs. Lieu où se soutirent des connaissances où se désactive l'ennui. De nombreuses régions du monde s'occupent bien mieux qu'avant. Elles disposent d'un jouet d'exception pour dire, entendre ou voir ou pour tuer le temps. Ils sont heureux de naviguer, de survoler aux plus lointains des cieux. Le mobile a bien su s'adapter aux circonstances et à la conjoncture, convaincu d'être utile pour servir, pour aider à s'occuper ou à réfléchir, tuer ou affaiblir au mieux l'ennui, donner l'impression de ne pas s'endormir, de vivre. Il fixe vos souvenirs, photocopie vos êtres les plus chers pour que vous ayez l'impression de ne rien perdre de vos jours et de vos nuits. Vous tenez à rester connecté. Vous voulez garder tout, y compris le dernier de vos fichiers. Eh bien, il va falloir trier, distiller vos actes, vos requêtes, être en garde car vous êtes sollicités de toutes parts. Redonner vie à vos états d'âme, ceux transmis à distance, que vous livrez au bout du fil quant vous avez senti l'ennui. Vivez réellement les sensations qu'attribue la nature. Restez ce que vous êtes et gardez vos sens intérieurs. Apprécier le silence actif ainsi que la musique qui se mêle au rythme de la mer. Méditer dans la solitude, dans de vastes espaces servis par le calme, baignant dans le frais, réservés à la pensée et à la spiritualité profonde. Vous verrez par vous-même se résorber progressivement l'ennui. Vous verrez vos retrouvailles avec l'eau de vie de la terre. Vous verrez briller la fraicheur de la menthe verte, la force vibrante de la muscade pénétrante, de la cannelle ensorcelante, du gingembre foudroyant. Vous retrouverez nécessairement les odeurs mouillées de la forêt, la force de l'arôme des figues de barbarie de saison. Vous aurez de quoi vous occuper et vous éloignerez l'ennui. La création du mobile visait à rapprocher les acteurs et les échanges, Maintenant il gère aussi l'entreprise pour d'autres fins, des tendresses technologiques. Sans l'existence des industriels habiles en invention rentables, il n'aurait pu exister. On a fait de lui un mobile, être technologique, il aurait pu être une navette spatiale. Le sort en a décidé ainsi. Qu'importe, la vie virtuelle est une loterie à desseins à géométrie variable, aux nombreux liens de plus en plus sèchement numérisés. L'homme lambda n'a plus le temps de se configurer spontanément, humainement, excepté pour ce temps dont s'accapare l'ennui. Il cultive tout en nouvelle technologie bien sur, y compris des savoirs faire pour désactiver l'ennui. Obligé, bien que ne sachant pas le bout de la fin de toutes ces festivités aux vaporisations technologiques, le Mob s'oblige à continuer à marcher, à naviguer même s'il doit traverser des zones emplies d'heureuses surprises, mais pas toujours dépourvu de sources d'amertume et d' épines invisibles.