1 - Eli Wallach : Le complice hirsute Acteur prolifique, dont la carrière avait commencé il y a 60 ans, avec "Baby Doll" d'Elia Kazan, Eli Wallach est décédé le mardi 24 juin 2014 à New York, à l'âge de 98 ans. Ses dernières apparitions sur le grand écran remontent à 2010 dans "Wall Street : l'argent ne dort jamais" d'Oliver Stone et "The Ghost Writer" de Roman Polanski. Né à Brooklyn, Eli Wallach débute sa carrière d'acteur au théâtre. Il fait partie d'une troupe d'étudiants avec laquelle il joue notamment Liliom et interprète quelques petits rôles dans des pièces comme "Alice au pays des merveilles" ou "Henry VII" à Broadway, dès l'après-guerre. En 1948, il rentre dans la prestigieuse "Actors Studio" et travaille avec Elia Kazan sous la direction duquel il débute sur le grand écran dans "Baby Doll (La poupée de chair), démarrant sa carrière cinématographique à quarante ans passés. Son jeu, qui mêle sensualité et bouffonnerie, est alors immédiatement remarqué par la critique. Acteur de composition, il donne la réplique à Marilyn Monroe aux côtés de Montgomery Clift et Clark Gable dans "Les désaxés" de John Huston, avant de changer totalement de registre sous la direction de John Sturges pour "Les sept mercenaires" . Promu général dans le "Lord Jim" de Richard Brooks, le comédien trouve la consécration l'année suivante en campant Tuco, le complice hirsute, éructant et tonitruant de Clint Eastwood dans "Le bon, la brute et truand". Une composition d'anthologie sous la direction de Sergio Leone qui lui vaut la reconnaissance immédiate du public. Poursuivant parallèlement une riche carrière théâtrale, Eli Wallach partage encore l'affiche du "Cerveau" de Gérard Oury aux côtés de Jean-Paul Belmondo et Bourvil, mais se fait également remarquer par des créations plus nuancées, en marin nostalgique dans "Permission d'aimer" de Mark Rydell ou en rabbin sensible dans "Girlfriends" de Claudia Weill. Moins présent sur grand écran dans les années 80, le comédien revient cependant en force à travers quelques apparitions toujours appréciées, dans "Le parrain 3" de Francis Ford Coppola, dans "Au nom d'Anna" le premier film d'Edward Norton ainsi que dans "Mystic river" où il retrouve en 2003, son vieux complice Clint Eastwood. Il se spécialise ensuite dans les comédies dramatiques ou sentimentales dont "Faussaire" avec Richard Gere ou "The holiday" puis fait partie de l'impressionnante distribution du film "New York, I love you". En 2010, il joue aux côtés de la jeune génération d'Hollywood : Ewan McGregor dans "The ghost whriter" de Roman Polanski et Shia LaBeouf dans "Wall stret: l'argent ne dort jamais" d'Oliver Stone. 2 - Paul Mazursky : Le poète comique Le cinéaste Paul Mazursky, auteur de "Bob et Carole et Ted et Alice"(1969), "Harry et Tonto" (1974), "La femme libre" (1978) et "Ennemies : une histoire d'amour" (1989) s'est éteint le lundi 30 juin 2014 à Los Angeles à 84 ans. Presque méconnu, son cinéma est entre rires et larmes, un cinéma très réel, ancré dans le contemporain. La critique Pauline Kael avait qualifié Mazursky de "poète comique" . Né à Brooklyn, Mazursky a commencé par faire l'acteur. Pour Stanley Kubrick il est soldat dans "Fear and desire", et pour Richard Brooks un délinquant dans "Graine de violence". Il joue ensuite plusieurs années à la télévision avant de passer à la réalisation quelques années plus tard avec "Bob et Carole et Ted et Alice"(1969). Le film présente la thérapie d'un couple qui veut moderniser sa sexualité et obtient plusieurs nominations aux Oscars. Jamais récompensé malgré ses nombreuses nominations du meilleur scénario aux Oscars, il avait réalisé en 1986 un remake du film de Jean Renoir "Boudu sauvé des eaux" intitulé "Le Clochard de Beverly Hills". Réunissant Nick Nolte, Bette Midler et Richard Dreyfuss, il s'agissait du premier film produit par Disney à obtenir une classification R-Rated aux Etats-Unis (une interdiction aux moins de 17 ans non accompagnés d'un adulte). Avec une quinzaine de films réalisés, des apparitions dans les saisons 2 et 3 de la série "Les Soprano" ou dans "L'impasse" de Brian De Palma, sa dernière réalisation aura été documentaire. Avec "Yippee" (2006), il suivait un festival de musique, de prières et de danses auprès de juifs hassidiques en Ukraine.