La qualification de la main-d'œuvre au Maroc reste globalement faible. Tel est, en tout cas, le constat de Bank Al-Maghrib dressé dans son nouveau rapport annuel, ajoutant que les non diplômés constituent près des deux tiers de cette population, alors que ceux ayant un diplôme de niveau moyen en représentent 25,5% et les détenteurs d'un diplôme de niveau supérieur, 11,3%. Au niveau sectoriel, les non diplômés représentent 85,8% de l'emploi agricole, 64,5% des effectifs du BTP, 56,4% de ceux du commerce et 52,8% dans l'industrie. Les diplômés sont concentrés dans l'administration générale avec une proportion de 23,3% qui détient un diplôme de niveau moyen et 42,1% de niveau supérieur. En comparaison régionale, poursuit la Banque centrale, le Maroc accuse un retard dans le domaine de la qualification de l'emploi. La part des actifs occupés ayant un niveau d'éducation supérieur est estimée à 8% contre 17% en Tunisie et en Egypte et 27% en Jordanie. La proportion des actifs occupés n'ayant pas de niveau scolaire s'élève à 37% en Egypte, 33% au Maroc, 11% en Tunisie et à 1% en Jordanie. Selon Bank Al-Maghrib, cette faible qualification se reflète au niveau de la qualité de l'emploi. Récemment, le CMC (Centre Marocain de Conjoncture), dans son rapport sur l'économie marocaine, a estimé que le marché du travail continue de souffrir d'un solide indice de rigidité de l'emploi, qui exprime les plus robustes contraintes qui pèsent sur l'embauche dans la région MENA. Cette rigidité de l'embauche et du licenciement, mal gérée par les partenaires sociaux, favorise le recours au marché de l'emploi informel et renforce la discrimination, l'inégalité et l'exclusion. Pour rappel, deux programmes pour l'emploi des nombreux chômeurs, diplômés chômeurs et travailleurs informels sont entrés en phase de test. Le premier est le programme « Taatir » dans lequel plus de deux mille jeunes titulaires de diplômes ont déjà reçu une formation de cadres pédagogiques afin de pouvoir intégrer l'enseignement privé. Le second programme est celui de « Moubadara » qui vise à fournir aux jeunes un emploi au sein des associations de la société civile. En 2013, la population active au chômage a augmenté de 4,1% à 1,1 million en 2013. Cette hausse, la plus importante au cours de la dernière décennie, recouvre une progression de 5,7% du nombre de chômeurs en zones urbaines et une régression de 1,9% en milieu rural. La population au chômage, constituée pour plus de la moitié de primo-demandeurs, reste dominée par le chômage de longue durée, notamment parmi les diplômés de niveau supérieur. Le taux de chômage s'est accru, quant à lui, de 0,2 point de pourcentage à 9,2%, recouvrant une hausse de 13,4% à 14% en milieu urbain et un repli de 4% à 3,8% en zones rurales. L'augmentation du chômage a été particulièrement marquée parmi les jeunes citadins de 15 à 24 ans, avec un taux passant de 33,5% à 36%. Malgré son recul de 9,9% à 9,6%, le taux de chômage des femmes demeure plus élevé, particulièrement en milieu urbain où il a atteint 20,4% contre 12,3% pour les hommes. Par niveau d'éducation, les actifs ayant un niveau supérieur s'insèrent difficilement dans le marché du travail, leur taux de chômage s'élevant à 18,1% contre seulement 1,9% pour ceux n'ayant pas de niveau.