Le nombre de civils sud-soudanais réfugiés dans les bases des Nations unies au Soudan du Sud a dépassé la barre des 100.000 pour la première fois depuis le déclenchement du conflit en décembre 2013, a annoncé jeudi l'ONU. L'afflux incessant de civils dans les bases onusiennes atteste de la détérioration de la situation dans la plus jeune nation du monde, indépendante depuis juillet 2011. A la date du 25 juin, 101.333 personnes étaient recensées dans neuf bases de l'ONU, selon la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss). Les conditions de vie très difficiles sur ces bases, non prévues pour héberger un tel nombre de déplacés, sont aggravées par les précipitations torrentielles de la saison des pluies en cours. «C'est la première fois que la Minuss fournit une protection sur ses bases à plus de 100.000 civils, avec une claire augmentation de déplacés à Bentiu (nord), passés de quelques milliers il y a deux mois à plus de 45.000, avec un flux constant de personnes continuant à arriver quotidiennement», a expliqué la mission de l'ONU. Bentiu, capitale de l'Etat pétrolifère d'Unité, a été le théâtre d'intenses combats entre l'armée sud-soudanaise et les rebelles fidèles à l'ancien vice-président Riek Machar, et a changé plusieurs fois de mains depuis le début du conflit. «Beaucoup de gens ne se sentent pas en sécurité», a constaté la chef de la Minuss Hilde Johnson en visitant Bentiu cette semaine. Il a estimé que la hausse du nombre de civils cherchant refuge dans ses bases «reflétait une insécurité alimentaire» dans la zone de Bentiu. Mi-juin, l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a fait état d'un nombre de décès «alarmants» au sein de la base de l'ONU de Bentiu, où «trois enfants de moins cinq ans meurent chaque jour». Les combats, et les massacres et exactions contre les civils sur des bases ethniques qui les accompagnent, ont déjà fait des milliers, voire des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 1,5 million de personnes. Près de 32.000 personnes, craignant d'être prises pour cibles en raison de leur appartenance ethnique, continuent notamment de s'entasser dans les deux bases de l'ONU à Juba, la capitale où ont éclaté les premiers combats le 15 décembre, mais épargnée depuis janvier par le conflit. Le centre de réflexion américain Fund for Peace a classé cette semaine le Soudan du Sud en tête de son classement des Etats les plus fragiles, juste devant la Somalie.