L'offre du gouvernement concernant la réforme des caisses de retraite, la CMR en premier chef, constituera à coup sûr une grosse pomme de discorde entre les syndicats et l'Exécutif dès lors que ce dernier semble avoir choisi la voix la plus facile, celle de faire payer aux affiliés les pots cassés d'une gestion sociale, étalée dans le temps et l'espace, pour le moins hasardeuse. Les syndicats ont moins d'un mois pour présenter leurs contre-propositions à une offre gouvernementale qui parait pour le moment figée et qui prévoit d'augmenter les cotisations, de reculer l'âge de départ en retraite et de baisser les pensions. Autrement dit, trois mesures lourdes qui pénaliseront les futurs retraités, lesquels vont devoir supporter, à eux seuls, tout le poids du sauvetage de la CMR. L'Exécutif a soumis ces mesures à l'appréciation des centrales syndicales avec ultimatum (un mois) alors qu'il sait que ces dernières craignent la perte de 30% de leur valeur des pensions au cas où la réforme proposée est appliquée. Le gouvernement semblerait ainsi dire aux syndicats, soit vous acceptez ces mesures, soit j'adopte la réforme sans vous. L'equipe de Benkirane estime, à juste titre il faut le souligner, que la situation de la CMR est extrèmement critique et que la réforme doit absolument aboutir cette année. Mais le problème selon les syndicats n'est pas à ce niveau puisque se sont les mesures proposées qui dérangent et surtout le désengagement financier quasi total des pouvoirs publics. La situation financière de la CMR connaîtra en effet, cette année, le début de sa fin si rien n'est fait et ses paramètres de fonctionnement doivent absolument changer pour ne pas épuiser toutes ses réserves en 2022. Le facteur démographique est certes pour beaucoup dans la situation de désequilibre de la caisse sachant que cette dernière compte un peu plus de 660.000 cotisants et 199.000 pensionnaires en plus 68.225 veuves. Si en 2007, quatre personnes actives cotisaient contre un pensionnaire, en 2016 elles ne seront plus que deux, et une personne et demi en 2040. En plus, l'âge d'accès au travail étant de plus en plus tardif, cela écourte la durée de cotisation. Selon la proposition gouvernementale, le recul de l'âge de départ à la retraite se fera progressivement en repoussant de six mois chaque année. Ainsi, l'Exécutif propose de fixer l'âge de départ à la retraite dès janvier 2015 à 62 ans, et rajouter un semestre annuellement à partir de l'année suivante pour arriver à une retraite à 65 ans dès 2021. Selon Miloudi Moukharik, secrétaire général de l'Union marocaine du travail (UMT), cité par "Medias 24", sa centrale n'est pas contre cette mesure de prolongation, mais il propose de la rendre facultative tout en prenant en considération la pénibilité du travail. Pour ce qui est du taux de cotisation salariale et étatique, la proposition est d'augmenter chacun d'entre eux de 4 points en deux étapes, en 2015 et 2016. La cotisation salariale passera ainsi, à terme à 30%. Les syndicats estiment cette situation injuste car le fonctionnaire et l'Etat cotisent à parts égales alors que sous d'autres cieux l'Etat paie les deux tiers de la cotisation. Autre point particulièrement sensible: la base de calcul de la cotisation. Cette dernière, selon le plan du gouvernement devra être calculée sur la base de la moyenne des revenus des 8 dernières années d'activité, tout en ramenant le taux d'actualisation de 2,5% à 2%. Une mesure difficile à digérer par les centrales syndicales. Aussi, un nouveau bras de fer syndicats / gouvernement se profil à l'horizon avec la perspective d'une rentrée "chaude" si un compromis qui puisse sauver la caisse sans trop esquinter les retraités n'est pas trouvé entre temps.