Avec « Une mémoire au miroir » (Editions Edilivre, Paris), Mohammed Labied signe, là, son premier livre. Sans cette première information, on croirait l'homme déjà un auteur chevronné, ayant roulé sa bosse dans les sentiers illustres de l'écriture, tellement cette autobiographie est menée de main de maître de la plume. Ce serait quasiment un livre de chevet, cela dit sans vouloir faire dans l'encensement béat. Ce premier livre, de quand même presque 400 pages, devrait préluder à d'autres à venir, car le sens de l'écriture semble immensément fourni chez notre écrivain débutant. En s'auto biographiant, Mohammed Labied veut, avoue-t-il, exorciser ses angoisses, ses phobies, ses déceptions, ses complexes... bref, l'autobiographie se substitue à une catharsis salvatrice Aussi, l'auteur désirerait par ce moyen littéraire se libérer de la « crasse sentimentale », comme il dit avec une justesse élégante. Avec ce livre purement autobiographique, l'auteur tient surtout à demeurer le plus extrêmement fidèle à ce qu'il a été et ce qu'il est. Avec comme règle d'or : surtout ne pas se prêter une autre vie à soi-même, ne pas s'offrir un rôle sur mesure, autre que celui qui est le sien. Ce serait trop facile mais non moins bien reprochable. Et puis, « de là à la mythomanie, il n'y a qu'un pas », que, d'ailleurs, tant d'écrivaillons à travers l'Histoire ont franchi avec une satisfaction suspecte. Pour ne pas tomber tête devant dans ce piège tentant, l'écrivain Mohammed Labied a choisi le « remède » de dresser, disons sur toile de fond, les portraits de personnages de sa famille et de son entourage, dont bien sûr ce fer de lance qu'était cet oncle tant aimé et adiré, l'illustre artiste peintre Miloud Labied, cet oncle qui a replacé le père que l'auteur a trop peu connu. Des personnes croqués ici par l'auteur, qui, bien que n'ayant pas marqué l'histoire, n'en demeurent pas moins aux yeux de notre portraitiste des êtres « uniques et irremplaçables » dans son propre panthéon intime. Et puis, le Plaisir. Voilà l'encrier dans lequel Mohammed Labied trempe sa plume. Le plaisir d'écrire, écrire avec et pour le plaisir de soi-même et du lecteur. Artiste peintre lui-même, Mohammed Labied put enfin faire découvrir son œuvre picturale grâce au galeriste Larbi Maghraoui qui le découvrit et l'exposa en 2011 à l'espace BenyaArt, à Rabat. Ravi ; l'auteyr raconte : « Je fus très flatté. Non pas que je sous-estimais mes travaux, mais tellement de temps s'était écoulé avant que cet événement se produisit. Je finis par être blasé et perdit tout espoir de « percer » dans ce domaine »... Il faut savoir que sa grand-mère, Radia Bent El Hocine peignait elle-même avec intuition et passion. C'est el regardant faire que le jeune Mohammed décida de se mêler à la peinture. Sans oublier, bien entendu, l'oncle, l'inspirateur, l'instigateur : Miloud Labied. La passion, le plaisir, l'intuition, l'honnêteté, des repères qui sont peut-être à la source de ce livre apaisant