Le cinéma, en tant que spectacle, ne doit pas se déployer uniquement dans les villes. La commission d'aide aux festivals et manifestations cinématographiques, présidée par Hassan Smili, et comprenant des membres tous crédibles et intègres, a bien compris qu'il faut bien soutenir davantage les villages et petites localités, que les grandes cités et ce, essentiellement, pour une raison économique. Les moyens dont dispose Casablanca, Rabat, Tanger ou Marrakech dépassent de loin les recettes d'Azrou, Assa, Zagoura ou Sidi Bennour. Dans les unes comme dans les autres, on organise des rencontres autour du cinéma avec des programmes plus ou moins denses selon les capacités matérielles des festivals. Ce qui peut constituer un événement inaperçu dans une grande ville, devient un phénomène populaire dans une cité de moindre démographie. La simple présence d'un artiste, notamment comédien célèbre, dans un festival des régions, finit par mobiliser toute une population avec en tête, les autorités locales, emportées malgré elles par l'engouement. C'est un fait constaté dans plus d'un village et petite localité amenée à organiser une rencontre de cinéma avec projection de films et surtout un hommage rendu à un artiste célèbre. C'est cet hommage qui devient le plus souvent «le clou du spectacle» et crée un événement local. L'enthousiasme est généralisé et sincèrement partagé. On imagine les efforts fournis par les associations locales et souvent le sacrifice des individus pour que de tels événements eurent lieu et réussissent. Dans la plupart des cas, le bénévolat est de rigueur avant que quelques esprits mal intentionnés s'en mêlent. On finit par voir dans l'organisation d'une telle rencontre, une affaire juteuse. Les ex-critiques et écrivains de cinéma, épuisés par le bénévolat et le volontarisme stériles, se sont convertis en «organisateurs de spectacles» une sorte de «traiteurs», sollicités en tant que «professionnels» mais surtout rémunérés pour leur «savoir-faire». On trouve partout des anciennes plumes en mal d'écriture érigés parfois en «directeurs artistiques» sans scrupule, motivés pour le seul argent. A Rabat, Kénitra, Khouribga, Agadir, Casablanca ou d'autres régions, des sang-sues sans morale, utilisent le cinéma au lieu de le servir. Leurs discours sur le cinéma, d'hier et d'aujourd'hui, cache le plus souvent une personnalité ambiguë mue pour un énorme appétit matériel. Il mènent en fait un double jeu. Promulguer un discours savant en se référant aux grands du septième art et aux grandes causes, en même temps se livrer à des pratiques méprisantes et abjectes pour un intérêt purement personnel. Ils ne reculent devant rien laissant de coté «les principes de l'écriture» et «les idéaux utopiques» pour se conformer à l'objective réalité, celle du profit à outrance.