Les pourparlers entre l'Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne ont commencé jeudi à Genève afin de tenter de dénouer la crise internationale. Cette réunion quadripartite dans un hôtel de la ville suisse se tient entre les ministres des Affaires étrangères ukrainien Andrïï Dechtchitsa, russe Sergueï Lavrov, le secrétaire d'Etat américain John Kerry et la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. Les quatre ministres étaient assis autour d'une table carrée, Mme Ashton faisant face à M. Kerry, tout comme MM. Dechtchitsa et Lavrov, selon des journalistes qui ont passé quelques dizaines de secondes dans la salle. Les dirigeants n'ont pas prononcé un mot, le chef de la diplomatie ukrainienne étant le seul à afficher un léger sourire. Le chef de la diplomatie américaine s'était entretenu auparavant dans la matinée tour à tour avec ses homologues européen, ukrainien et russe. Des diplomates américains ont confié mercredi soir en arrivant à Genève qu'il espéraient que cette réunion soit l'occasion d'un «vrai dialogue» entre Moscou et Kiev. Mais la secrétaire d'Etat adjointe pour l'Europe Victoria Nuland avait elle-même reconnu il y a une semaine à Washington que les Etats-Unis «n'avaient pas de fortes attentes» pour ces pourparlers internationaux. Le président russe Vladimir Poutine a déclaré que la seule issue en Ukraine était le «dialogue» et non le recours à la force qui mène le pays vers le «gouffre», lors de sa séance de questions-réponses télévisées jeudi. «Ce n'est que par le dialogue, lors de procédures démocratiques, et non en utilisant les forces armées, les tanks et l'aviation que l'on peut mettre de l'ordre dans le pays», a déclaré M. Poutine. «En lieu et place du dialogue ils ont commencé à menacer encore plus et ont lancé contre la population civile les tanks et l'aviation. C'est encore un crime grave de ceux qui sont au pouvoir à Kiev», a-t-il ajouté. Il a évoqué les pourparlers quadripartites (Ukraine-Russie-UE-USA) organisés jeudi à Genève. «J'estime très important le début des pourparlers aujourd'hui, parce qu'à mon avis il est très important aujourd'hui de réfléchir ensemble à une issue à la crise, de proposer un vrai dialogue», a-t-il déclaré. «J'espère que l'on va arriver à comprendre vers quel gouffre se dirige le pouvoir de Kiev et qu'il y entraîne le pays avec lui», a-t-il déclaré. Quant aux affirmations sur l'implication de forces russes dans les troubles, «tout cela n'est que foutaises», a-t-il dit. «Il n'y a pas dans l'est de l'Ukraine d'unité russes. Ni de services spéciaux, ni d'instructeurs. Ce sont tous des habitants locaux», a-t-il déclaré. Il a toutefois reconnu pour la première fois, un peu plus tard, que des forces armées russes étaient bien présentes en Crimée lors du référendum en mars qui a permis le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie. «Derrière les forces d'auto-défense de Crimée, bien sûr, se trouvaient nos militaires. Ils se sont comportés de manière très correcte», a-t-il déclaré. «Il fallait protéger les gens», a-t-il ajouté. Poutine ne craint pas l'OTAN Le président russe Vladimir Poutine a souligné jeudi qu'il «espérait fortement» ne pas avoir à envoyer l'armée russe en Ukraine, où se font face dans l'Est forces armées ukrainiennes et insurgés pro-russes. «Je tiens à rappeler que le Conseil de la Fédération russe (chambre haute) a octroyé au président le droit d'utiliser les forces armées en Ukraine. J'espère fortement que je ne serai pas obligé de recourir à ce droit», a-t-il déclaré lors de sa séance de questions-réponses télévisée. L'issue de la crise que traverse l'Ukraine dépend des «garanties» qui pourront être données pour que les droits des populations russophones soient respectés dans l'Est du pays, a déclaré le président russe Vladimir Poutine lors de sa séance de questions-réponses télévisées jeudi. «La question n'est pas de savoir ce qui va se produire d'abord - un référendum sur la décentralisation et le fédéralisme, et après l'élection, ou bien d'abord l'élection (présidentielle, ndlr)», a déclaré M. Poutine. «La question est que soient garantis les droits et les intérêts légitimes des citoyens russes et russophones du Sud-est de l'Ukraine», a-t-il ajouté. Le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré jeudi que l'Otan ne lui faisait «pas peur», répondant à un journaliste vedette qui décrivait l'Alliance atlantique comme une «tumeur cancéreuse» en progression. «Nous n'avons pas peur. Je n'ai pas peur et personne ne doit avoir peur», a déclaré M. Poutine, qui avait été interpellé par le journaliste Dmitri Kisselev lors de sa séance de questions-réponses télévisée. «Nous pouvons nous-mêmes tous les étouffer, pourquoi avez-vous peur?», a ajouté le président. «Le bloc de l'Otan se développe comme une tumeur cancéreuse», avait déclaré Dmitri Kisselev, demandant à M. Poutine de s'exprimer sur ce point. Ce journaliste, qui anime une émission dominicale au ton très anti-occidental sur la télévision publique russe, a été nommé en décembre dernier par M. Poutine à la tête d'une nouvelle entité regroupant l'audiovisuel extérieur russe. En mars, alors que la crise ukrainienne avait viré au bras de fer géopolitique est-ouest, il avait souligné à l'antenne que la Russie restait «le seul pays au monde capable de transformer les Etats-Unis en cendres radioactives». M. Kisselev figure sur la liste de personnalités russes sanctionnées en mars par l'Union européenne après le rattachement à la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée, en tant que «figure clé de la propagande gouvernementale».