La Russie a donné lundi de premiers signes d'un retrait de ses troupes massées près de la frontière de l'Ukraine, suscitant des espoirs de détente malgré l'échec de pourparlers russo-américains à Paris. Le 15e bataillon d'infanterie motorisée du district militaire du centre a terminé ses manoeuvres dans la zone de Kadamovski, près de la frontière de l'Ukraine, et va retourner dans la région de Samara, plus à l'est, où il est basé, a annoncé le ministère de la Défense. Les Etats-Unis sont toutefois restés prudents estimant que les informations sur le retrait de troupes russes devaient être vérifiées avant d'être commentées. Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a dit qu'il ne pouvait les confirmer tout soulignant que ce serait une étape "nécessaire pour avoir une discussion sérieuse" en vue d'une "désescalade". Un bataillon est constitué d'ordinaire de moins d'un millier d'hommes, et aucun chiffre n'a été cité, mais cette annonce pourrait confirmer celle des militaires ukrainiens, quelques heures plus tôt. Ceux-ci qui avaient estimé que les forces russes se retiraient "progressivement" de la zone frontalière. La présence de ces soldats -- 20.000 selon Washington -- a fait craindre une invasion de la partie orientale de l'Ukraine, en grande partie russophone, et une répétition du scénario qui a conduit à la perte de la Crimée, au Sud, où le Premier ministre russe Dmitri Medvedev s'est rendu lundi. Une des hypothèses données à Kiev pour ce retrait a été un signe de détente donné malgré l'échec des pourparlers dimanche à Paris entre les chefs de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et américain John Kerry. - Une nouvelle escalade ? - Cette rencontre avait été décidée après un entretien vendredi soir entre Vladimir Poutine et Barack Obama. Après quatre heures de discussions, les deux ministres n'ont cependant pu que constater leurs divergences et convenu de continuer à dialoguer. Les ministres des HYPERLINK "https://fr.news.yahoo.com/affaires-etrangeres/"Affaires étrangères des pays de l'Otan devoir examiner mardi et mercredi à Bruxelles un renforcement de la présence de l'Alliance atlantique en Europe de l'Est en raison de la crise ukrainienne. Les Occidentaux continuent de s?inquiéter d'un éventuel rebondissement de la crise et l'organisation dite du "Triangle de Weimar" qui regroupe les ministres allemand, français et polonais des Affaires étrangères, a appelé la Russie à "s'abstenir de toute nouvelle escalade". Le Kremlin insiste pour sa part sur la nécessité d'une réforme constitutionnelle en Ukraine comme l'a indiqué le président Vladimir Poutine au téléphone à la chancelière allemande Angela Merkel. Moscou essaie ainsi d'imposer au nouveau pouvoir pro-européen à Kiev l'adoption du fédéralisme pour défendre les régions russophones de l'Est du pays. Un vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine, a posé clairement le problème en estimant en substance que la Russie ne reconnaîtrait pas la légitimité de l'élection présidentielle du 25 mai en Ukraine si cette réforme constitutionnelle n'était pas mise en oeuvre. Dimanche à Paris, M. Kerry avait opposé une fin de non recevoir, en l'absence de représentant de Kiev, à l'idée présentée par Moscou d'une solution fédérale pour l'Ukraine. "Pas de décisions sur l'Ukraine sans l'Ukraine", avait-il tranché. - Medvedev en Crimée - A Kiev, le président par intérim Olexandre Tourtchinov a aussi balayé toute idée de fédéralisme. "MM. Lavrov, Poutine et Medvedev peuvent proposer ce qu'ils veulent pour la Fédération de Russie et pour résoudre ses problèmes, mais pas les problèmes de l'Ukraine", a-t-il tranché. Dimanche, le ministère ukrainien des Affaires étrangères avait déjà accusé Moscou de vouloir diviser encore plus le pays déjà amputé de facto de la Crimée. La péninsule de la mer Noire, passée en moins de trois semaines du statut de république autonome ukrainienne à celui de sujet de la Fédération de Russie, a reçu la visite du Premier ministre Dmitri Medvedev. Premier dirigeant de haut rang à se rendre dans ce territoire depuis son rattachement, il a dirigé une réunion consacrée au "développement socio-économique de la Crimée et de la ville de Sébastopol", avec les autorités locales. Après le rattachement de la péninsule à la Russie, "pas un seul habitant de Crimée ne doit perdre quoi que ce soit, chacun doit y gagner", a-t-il déclaré. Le favori des sondages pour la présidentielle du 25 mai en Ukraine, le milliardaire Petro Porochenko, a reconnu que l'Ukraine avait peu de chances de retrouver la Crimée à court terme. L'ancien ministre de 48 ans, qui a soutenu le mouvement de contestation contre M. Ianoukovitch, fait partie des 46 candidats qui se sont déclarés auprès de la commission électorale, de même que l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko, sortie de détention le jour de la destitution de Viktor Ianoukovitch. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a de son côté suscité une controverse en comparant lundi le rattachement de la Crimée à la Russie à l'annexion des Sudètes par Adolf Hitler, selon des médias, avant de nier plus tard.