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Les travailleuses dans le secteur des fruits rouges : Le goût amer des fraises : Transports incommodes, contrats non réglementaires et non respectés et harcèlement sexuel
Publié dans L'opinion le 29 - 03 - 2014

Un séminaire a été organisé à la mi-mars 2014 à Rabat, initié par Oxfam Maroc, ayant pour thème : « Mobilité en milieu rural: un vecteur de développement local durable ». la journée était consacrée à la politique suivie par le Maroc pour la mise en œuvre du Plan Maroc Vert et des principes du développement durable et parmi les participants au séminaire, il y a lieu de citer l'Association Marocaine des Producteurs des Fruits rouges. Ce fut aussi l'occasion de débattre des questions et problèmes qui entraveraient le développement d'un segment agroalimentaire prometteur, productif et rapporteur de devises pour le Maroc.
La filière des fruits rouges au Maroc a connu ces dernières années une évolution fulgurante. Le secteur de la fraise a connu un développement continu dans la Zone Nord du Maroc, principalement au niveau du périmètre du Loukkos. Ce développement a été favorisé par la proximité de l'Europe, la disponibilité des terres, de l'eau et de la main-d'œuvre. L'évolution des superficies cultivées en fraises ainsi que la production ont connu une évolution importante pendant les dernières années, passant de 750 ha avec 31.000 T récoltées en 1995 à 3.150 ha avec 130.000 T en 2012. Cette culture est menée par 300 exploitations agricoles en moyenne avec un chiffre d'affaires de l'ordre de 1,5 MMDH dont 90% à l'exportation. L'emploi agricole généré est de 3 millions de journées de travail réparties sur la saison agricole qui dure 9 mois. Environ 20.000 femmes sont employées par le secteur dans la région du nord du Maroc. A travers le potentiel que présente le secteur agricole, l'agriculture peut être non seulement un moteur de croissance économique, mais aussi un vrai levier de développement social. Toutefois, chaque médaille a son revers. Une étude réalisée en 2012 à l'initiative de l'association Oxfam* et présentée lors du séminaire, montre que c'est un secteur qui semble assez informel dans tous ses aspects: recrutement, contrat de travail, transport...
Dossier préparé par Boutheina Bennani
La filière des fruits rouges au Maroc a connu ces dernières années une évolution fulgurante. La production des fruits rouges a augmenté de façon spectaculaire ces dernières années, de moins de 10.000 tonnes en 1990 à plus de 100.000 en 2010 et sa progression se poursuit. Les exportations représentent plus de 70 pour cent du total de la production, l'Europe étant la principale destination. Environ 20.000 femmes sont employées par le secteur dans la région du nord du Maroc, où les fraises sont produites. A travers le potentiel que présente le secteur agricole, l'agriculture peut être non seulement un moteur de croissance économique, mais aussi un vrai levier de développement social.
En 2009, Oxfam Maroc, une ONG internationale à but non lucratif, a identifié plusieurs problèmes dans le secteur des fruits rouges, concernant notamment les conditions de travail et le non-respect des droits des travailleurs. Les principaux problèmes relevés étaient l‘absence de documents d'identité et de déclarations à la sécurité sociale, les conditions de transport difficiles et la violation du code du travail.
C'est dans ce cadre que le programme « Amélioration des conditions de travail des femmes travailleuses dans le secteur agricole», financé par l'Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (AECID) et Oxfam en collaboration avec la société civile marocaine, les producteurs de fruits rouges au Maroc, des chercheurs spécialisés sur le sujet, ainsi que les institutions gouvernementales et les entreprises européennes achetant des fruits rouges au Maroc, a été mis en place. Certaines des problématiques mentionnées ont été abordées et des plans d'action ont été mis en œuvre. Les résultats obtenus jusqu'ici sont très encourageants, entre autres au niveau des déclarations à la Caisse de sécurité sociale et la régularisation des pièces d'identité et d'état civil.
Les conditions de transport et l'état des routes demeurent une question d'importance pour les travailleurs et travailleuses résidant en grande partie dans les douars avoisinant les exploitations et usines ainsi que pour les différents acteurs du milieu. Ce séminaire est appelé à favoriser la mise en place d'un espace d'échange et de concertation entre les différentes parties sur les conditions des routes et du transport et de travail des ouvrières du segment des fruits rouges.
Les problèmes qu'endurent les ouvrières agricoles dans le secteur de la cueillette et de l'industrialisation des fruits rouges au Maroc sont énormes. Si la frange de la société qui adhère à ce genre de productions agricoles est, pour la plupart, la gent féminine qui habite à proximité des exploitations ou usines de conservation, représentant plus de 85% des travailleurs, elles vivent dans des régions enclavées. Ces ouvrières sont de surcroît pauvres, marginalisées, analphabètes et ne connaissent même pas leurs droits les plus élémentaires. Les témoignages recueillis auprès de ces filles et femmes ne mentionnent ni CNSS, même si elles n'y sont pas affiliées, ni leur situation matérielle inconfortable. Tout ce qui les préoccupe, c'est le transport incommode qu'elles subissent chaque jour, l'état défaillant des routes qui ajoute aux déboires de ces femmes et filles qui font parfois 125 km par jour pour venir au lieu de travail et font 14h de travail.
Et comme pour couronner le tout, il y a le harcèlement sexuel qu'elles doivent endurer au quotidien.
En guise de transport, des Pick-up censés transporter 15 personnes où elles se retrouvent à 50, entassées comme des sardines en boîte, des routes cahoteuses qui les martyrisent, des horaires impossibles et le harcèlement sexuel par-dessus tout. Tel est le lot auquel elles sont confrontées au quotidien. C'est ce qui les tracasse. Dans leurs témoignages, elles ne parlent ni des transactions qui se font à leurs dépens, des contrats louches auxquels elles sont assujetties, encore moins des transporteurs et professionnels qui font des clauses rentables sur leurs dos.
L'état des lieux a été dressé sur la qualité du transport et des infrastructures routières au niveau des deux régions du Maroc où ce secteur est concurrentiel des productions espagnoles : régions du Gharb et de Larache, tout en essayant de cerner les opportunités et les contraintes ainsi que les problématiques qui influent sur la sécurité des travailleurs et travailleuses.
La concertation entre les différents intervenants a permis de mettre en relief certaines recommandations, en marge de l'amélioration des conditions de transport et des routes dans la région du Gharb et de Larache, dont la nécessité de constituer un comité de travail regroupant les parties concernées. Et ce, pour l'élaboration d'un plan conjoint pour l'amélioration des conditions des routes et des processus de formalisation du transport, en s'appuyant sur la base de données du Ministère de l'Equipement, du Transport et de la Logistique sur la répartition des responsabilités des routes entre les différentes composantes du gouvernement.
20 années
de labeur sans
droit à la CNSS !
Lors du séminaire, on a essayé de cerner la problématique, recueillant les points de vue des différents intervenants, des angles de perceptions assez variés pour l'optimisation de résultats au profit des femmes travailleuses dans les fruits rouges. Le programme d'Oxfam Maroc a démarré en 2009, après un diagnostic préliminaire de tout le secteur, en une période estimée d'apogée, et qui vise, d'une façon générale, l'amélioration des conditions de travail dans le secteur des fruits rouges.
M. Laarousi Abdeljalil, responsable de programme au sein d'Oxfam Maroc, nous parle du secteur des fruits rouges, qui, d'après les études de recherche, est en pleine expansion au Maroc et connaÎt une nette amélioration sur tous les niveaux : rentabilité, exportation et devises.
Oxfam est une ONG internationale qui œuvre pour la promotion des valeurs et des droits des femmes et qui lutte contre l'exclusion et la pauvreté. Une vision initiale, en premier lieu, du secteur agricole qui peut être vecteur de développement au Maroc, présentant de grandes potentialités de recrutement, même en termes de locomotive de l'économie nationale. En tirer profit et bénéfice consiste à promouvoir le secteur, à travers la promotion des femmes qui représentent le taux le plus élevé des travailleurs du secteur. D'autant plus que 80% de la fraise est actuellement destinée à l'étranger, et qui dit exportation dit rentabilité économique en termes de devises et marché de l'emploi.
Si la thématique : « Mobilité en milieu rural: un vecteur de développement local durable » a été prise en considération lors du séminaire, c'est que les femmes sur le terrain relèvent tout le temps la problématique des conditions de transport. Toutes ces femmes qui travaillent dans le secteur habitent dans les douars avoisinants des exploitations et des usines, elles sont transportées dans des pistes, dans des camions, des tracteurs et parfois des minibus destinés à prendre une vingtaine de personnes alors qu'elles y sont tassées à cinquante. Grâce à une synergie mise en place par quelques importateurs anglais, le ministère de l'Equipement et de la Lgistique a été contacté pour un débat, avec la participation des producteurs, des importateurs. Un secteur en pleine expansion qui recrute beaucoup et qui rapporte des devises ne mérite-t-il pas de mettre en place toute l'infrastructure nécessaire ?
En 1990, au démarrage de la culture des fruits rouges au Maroc, la production frôlait les 10. 000 tonnes, actuellement, on atteint les 130. 000 tonnes, spécifie M. Laaroussi, un chiffre qui montre l'attractivité du secteur en terme d'investissement. C'est un secteur prometteur en terme de coût et qui rapporte beaucoup d'argent, surtout étant situé dans une zone du nord du Maroc, Gharb, Larache et El Ksar El Kébir, toute proche de Tanger Med. Ce qui fait qu'on soit bien positionnés et compétitifs, côté exportation, par rapport à d'autres pays concurrents tels que la Tunisie ou l'Egypte qui doivent utiliser l'avion. Le Maroc est également privilégié en terme de quota, on a le droit d'exporter jusqu'à fin mars sans payer la taxe douanière. A partir du 1er avril, c'est la fraise espagnole qui prime selon les normes européennes.
D'après les dernières statistiques, la main d'œuvre est majoritairement féminine : 85%. Dans les 15% qui restent, on englobe les hommes chefs de chantier, les techniciens, les gardiens et les chauffeurs. 20. 000 femmes travaillent dans le secteur des fruits rouges, elles font la cueillette dans les exploitations agricoles et l'emballage dans les usines, le triage de nos fruits 100% locaux, ceux destinés à l'exportation comme étant des fraises fraîches ou bien distribuées à la surgélation pour confiture, compote ou autres.
Dès la mise en œuvre du programme, le constat sur les conditions de travail des femmes en dit long sur leurs journées pénibles, sans contrepartie. La devise était : pas de contrat ni salaire adéquat. Et si contrat existerait parfois, souvent il n'était pas respecté. On a remarqué, dit M. Laaroussi, que ces femmes travaillaient pendant 15 à 20 années sans avoir droit à la CNSS, donc, pas de sécurité en termes de santé, pas de droit aux allocations familiales et au processus qui suit... En tant qu'Oxfam et partenaires, on a essayé de mettre en place une stratégie dont les parties prenantes étaient les acteurs locaux : les associations de développement au niveau local, la CNSS et le ministère de l'Emploi. Grâce au travail tripartite, une révolution douce a été accomplie dans le secteur. Si les femmes déclarées à la CNSS ne dépassaient pas 7%, après encouragement des entreprises et des exploitants, le taux dépasse actuellement les 50%. Les résultats obtenus sont dus à la bonne collaboration et à la synergie mise en place avec les producteurs, les institutions concernées et les associations sur le terrain.
Etude relative aux intermédiaires dans le secteur de la fraise dans la région
de Larache et Moulay Boussaleham
Dans le cadre du Programme Justice Economique, une étude sur les intermédiaires du secteur de la culture des fruits rouges au Maroc a été réalisée par un organisme privé espagnol, en 2012, à l'initiative de l'association Oxfam, une association engagée depuis 2009 dans l'amélioration des conditions de travail et de vie des travailleuses agricoles dans le secteur de la fraise, dans la région de Larache et Moulay Boussaleham. De cette étude, il ressort que les intermédiaires constituent le maillon essentiel de la chaîne de production.
C'est un secteur assez informel dans tous ses aspects : recrutement, contrat de travail, transport..., qui n'a pas permis de recueillir des chiffres plus concrets, d'autant plus qu'en ce temps, la loi du silence primait. Faire parler les gérants des exploitations, les intermédiaires, les transporteurs et même les travailleuses était un exploit.
L'étude focalise sur les exploitations de plus de 50 hectares qui produisent les fruits rouges, principalement la fraise dont la quasi-totalité produite au Maroc, émane des régions, Zlaoula (15 exploitations), Laouamra (19), Tadana (55), Dlahla (372), Arbaoua (1) et Lalla Mimouna (54).
La production annuelle de la campagne 2010/2011 était d'environ 100 000 Tonnes dont 23% était destiné à l'exportation en frais, 47% à l'exportation en surgelés et 30% écoulé sur le marché local. La valeur de la production de la campagne 2010/2011 était de 1.265 million dirhams, comptant entre 2.5 et 3 millions de journées de travail par campagne agricole, entre 12 000 et 14.000 emplois (environ 50% permanents) dans les exploitations et 5.300 emplois dans les unités industrielles.
Les femmes font parfois 125 km par jour pour rejoindre le lieu de travail et font 14h de travail
Le secteur est influencé directement par le transport et les intermédiaires, surtout à la haute saison, entre février et juin, 3 à 5 mois où la problématique est accrue. La main-d'œuvre journalière se fait ressentir et on recrute chaque jour sans contrat, à différents prix, sans fidélisation des femmes (19% des femmes concernées par les problèmes et par secteur).
L'étude a identifié trois types d'intermédiaires dans le secteur de la fraise.
Les intermédiaires simples, peu nombreux, voire en voie d'extinction, ils sont constitués surtout par des agriculteurs âgés de plus de 65 ans et sont payés à 350 dh la semaine. Leur rôle est de recruter les femmes pour travailler dans les exploitations.
Les intermédiaires dits « Wakkaf » sont à 100% des agriculteurs (55-65 ans) pour la majorité illettrés qui touchent entre 60 et 80 dirhams la journée et qui engagent entre 100 et 150 travailleurs. Ils recrutent les femmes et sont responsables du travail dans l'exploitation, ils restent toujours à leurs côtés pendant le travail. (Dans le jargon local, des sortes de kabrane).
Les intermédiaires transporteurs (35-50 ans), une figure émergente, ils peuvent être des agriculteurs, amis issus du milieu rural, et touchent entre 350 - 400 dh par fourgonnette, soit entre 10-15 dirhams par personne. Ce sont des intermédiaires recruteurs qui appellent les femmes sur leurs portables d'après des relations liées avec les exploitations. Les négociations se font entre femmes (travaillant pour la plupart dans le noir) et transporteurs, usine avec wakkaf, exploitation avec transporteurs..., tous les intervenants cherchent la stabilité.
Tous ces transporteurs, qu'ils conduisent une fourgonnette, la Mercedes 207, tracteur, Pick-up ou autres prennent des routes secondaires, des pistes insécurisées. Ils recrutent les femmes et essaient, un tant soi peu, de créer une équipe fidèle et négocient les prix. Tous ces acteurs cherchent la stabilité dans les accords. Entre 16h et 19h, ils font le calcul des besoins pour le lendemain, négocient et s'attaquent à leurs agendas pour les appels téléphoniques. Il est plus simple de planifier à court terme.
Seulement, si en 2012, il fallait entre 8.000 et 10.000 travailleuses recrutées pendant la haute saison dans les 2600 hectares d'exploitations de fruits rouges, entre 2015 et 2016, les besoins vont tripler et on frôle les 8000 hectares d'exploitations de fruits rouges. La main- d'œuvre locale ne peut plus subvenir aux besoins de cette expansion.
Si les problématiques étaient l'organisation du transport, la proximité des unités industrielles, la bonne accessibilité des routes non goudronnées, le mauvais état des pistes, la pénibilité des horaires, il est temps d'y remédier. Les résultats relèvent le caractère informel de toute l'activité du transport et qui est à l'origine de la plupart de ces dysfonctionnements.
Aucun des transporteurs (entre 25 et 40) enquêtés ne dispose d'autorisation de transport de passagers (ils ont le permis B). Aucun n'exerce dans un cadre formel, ou avec contrat (société constituée, permis de conduire adapté à l'activité du transport public de voyageurs, assurances transport,.....) ; les accords avec les employeurs sont toujours verbaux et aucune association de transporteurs n'existe à l'heure actuelle. Par contre, les rapports avec les travailleuses sont plutôt bons, on discute le prix chaque jour, chaque semaine et sans cadre de travail.
Les travailleuses appellent à ce que les employeurs puissent appliquer et respecter le Code du travail. Au niveau du transport, elles souhaitent qu'il y ait un transport spécifique pour les femmes et un autre pour les hommes et obliger les transporteurs à transporter seulement ce que la loi autorise.
Les wakkafs demandent d'imposer aux employeurs d'appliquer le Code du travail, d'avoir une coopérative agricole qui aide les petits agriculteurs, la formalisation du métier de recruteur.
Pour ce qui est des transporteurs, ils ont proposé qu'il y ait des contrats formels avec les clients en respectant les lois de travail, chose la plus importante à leur avis. Mais aussi, avoir un horaire fixe dans la mesure du possible, augmenter le prix de la prestation de service, paiement de l'assurance des travailleuses de la part du client et d'améliorer les routes.
Les entrepreneurs / exploitants souhaitent l'amélioration de l'alphabétisation et des formations sur l'hygiène des travailleuses, la fidélisation des équipes pour éviter les rotations excessives, en rallongeant la saison à l'aide d'autres cultures, de diminuer les temps de transport, en travaillant toujours avec des personnes situées dans des zones proches et d'éviter les comportements capricieux des intermédiaires transporteurs qui, parfois, ne satisfont pas les besoins en main-d'œuvre.


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