Les apprentis chasseurs sont devenus gibier. Mardi 25 mars, quatre avocats, deux marocains et deux français, ont déposé plainte, au nom du ministre de l'intérieur marocain agissant pour le compte de l'Etat, auprès du procureur de la République française près du Tribunal de grande instance de Paris, à l'encontre des auteurs de plaintes mettant en cause de hauts responsables marocains, pour des allégations de torture. Manipulation et instrumentalisation d'une procédure judiciaire, afin de ternir la réputation d'un organe de sécurité ayant fait ses preuves en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, ont été ainsi dénoncées, sans omettre le rôle complice des «bons» chrétiens de l'ACAT, connue pour ses positions en faveur des terroristes polisariens. Selon le communiqué du Ministère de l'intérieur à ce sujet, cette démarche auprès des autorités judiciaires françaises est entreprise parallèlement aux contacts entre les autorités des deux pays, visant à «élucider les circonstances des incidents graves et inédits survenus dernièrement et identifier les mesures concrètes pour que de tels incidents ne se reproduisent plus». Ledit communiqué n'est pas, toutefois, sans rappeler que la Convention des Nations Unies contre la torture, dont les deux pays sont signataires, «définit le cadre adéquat pour juger toute allégation d'actes de torture». La traduction de ce langage juridico-politique en langage commun, c'est que le criminel et l'escroc maroco-français, qui ont prétendu s'être fait torturer par des agents de la DGST, devront faire face à leurs mensonges devant la justice française, auprès de laquelle ils s'étaient plaints. Mais, à côté, le Maroc cherche à comprendre comment tout cela à pu arriver, alors qu'il existe des procédures juridiques et des canaux diplomatiques dédiés spécifiquement à ce genre de situation, ayant affiché «hors service» en l'occasion. Maintenant, Marocains et Français doivent s'entendre sur les mesures à prendre pour ne plus tomber dans ce genre de dérapages aux conséquences fort nuisibles pour les relations entre les deux pays, qui se veulent amis. Comme le soulignait L'Opinion dès le début de cette cabale anti-marocaine montée sur commande à Paris, les illusions ne sont pas faites pour durer. Cela peut tromper les incrédules un certain temps, mais pas très longtemps. Sauf qu'entretemps, il y a eu des dégâts. Les illusionnistes escomptaient traîner cette affaire, dans une suite de plaintes-révélations «fracassantes» sur de prétendues pratiques de torture au Maroc, jusqu'à ce que l'envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara présente son rapport au Conseil de sécurité. Dans l'objectif de convaincre l'instance onusienne d'élargir les compétences de la MINURSO dans les provinces du sud, mise sous tutelle que les Marocains considèrent, à juste titre, comme une atteinte à leur souveraineté. Si les illusionnistes ont échoué à faire durer assez longtemps l'imposture, ils auraient quand même réussi à jeter une lumière crue sur quelques dysfonctionnements dans les multiples canaux de communication, pourtant rôdés, existants entre le Maroc et la France. En fin de compte, à quelque chose malheur est bon. Les mécanismes juridiques et diplomatiques en panne ou déficients doivent, de la sorte, être réparés ou remplacés. Maintenant qu'il faudrait jouer cartes sur table, les illusionnistes et leurs marionnettes vont faire grise mine, en entendant sonner l'heure des comptes. Quand aux magistrats et bureaucrates français bourrés de préjugés, qui se sont fait honteusement manipuler par de vulgaires repris de justice et leurs supports, ils vont sortir par la petite porte de l'Histoire par la quelle ils sont entrés, en traînant cette affaire comme une casserole le restant de leurs carrières. C'est qu'il faudrait sérieusement songer à consulter un ophtalmologue pour ceux qui auraient pu voir en un Asfari, un Lamtalsi ou un Moumni des opposants politiques. Il y a, à peu près, une année seulement, si quelqu'un s'était amusé à dire que les relations entre le Maroc et la France pourraient connaître un tel «couac», il se serait aussitôt fait rire au nez. Le président français, François Hollande, avait alors mené une visite d'État au Maroc couronnée de succès, signature d'accords et conventions à l'appui. C'était le moment où les deux pays songeaient à unir leurs efforts pour renforcer leur présence économique en Afrique subsaharienne, face à la déferlante chinoise, à travers la coopération triangulaire. Aujourd'hui, les Marocains se posent bien des questions. S'il suffit de quelques grains de sable pour bloquer toute la belle mécanique des relations maroco-françaises, c'est qu'il y a du souci à se faire. La question des droits de l'Homme au Maroc est, depuis pas mal d'années déjà, un sujet auquel les Marocains accordent eux même grande importance et n'ont plus besoin que des étrangers prétendent les défendre à leur place. De nos jours, même un gamin à l'école crie au non respect de ses droits et fait scandale, si un enseignant s'oublie et lui balance une claque. Et les médias marocains, autant classiques qu'alternatifs, sont à l'affût de tout dépassement des forces de l'ordre pour en faire leurs choux gras. Sans parler des ONG marocaines des Droits de l'homme, dont la vigilance et la dénonciation de toute atteinte aux dits droits est la raison d'être. De cette épreuve, les Marocains sont sortis renforcés dans leurs convictions: Face aux goujats, point de diplomatie, coup pour coup ! Et c'est tous ensemble que l'on défend la patrie, les simples citoyens mobilisés étant encore plus convaincants que les diplomates chevronnés. Mais une fois la tempête passée et les pendules remises à l'heure, place encore une fois à la politique et ses approches feutrées ! Pragmatisme oblige, en raison d'intérêts mutuels bien compris...