A lire certains articles publiés récemment par certains organes de presse français à propos de la récente tension diplomatique entre le Maroc et la France, on ne sait plus si on doit rire ou pleurer des abysses qu'a pu atteindre la pratique journalistique dans l'hexagone. Il y a quand même certaines énormités que le plus anti-marocain des plumitifs ne peut publier sans friser le ridicule. Adil Lamtalsi serait «resté attaché les yeux bandés et a été privé de sommeil tout au long de sa garde à vue» a déclaré au journal en ligne «Le Point.fr», Joseph Breham, l'avocat dudit Lamtalsi. Les descriptions des scènes de torture que son client aurait subis relèvent littéralement d'un scénario de la série de films d'horreurs Saw. Entre cinq et huit personnes auraient frappé avec un bâton le dénommé Lamtalsi, selon ses propres dires, sur la plante des pieds, les mains, le visage, les organes génitaux et la colonne vertébrale. On se demande comment est-ce qu'une personne peut se sortir vivante d'un tel traitement. Mais ce n'est pas encore assez pour l'avocat français. Son client aurait «été électrocuté à plusieurs reprises, suspendu par les pieds pendant une heure à plusieurs reprises. On lui a également plongé la tête et les épaules dans un grand seau d'eau» ! C'est dans quel hôpital de soins intensifs que gît paralysée ou à demi mourante cette pauvre personne ? Vous en voulez encore ? Maître Breham et le journaliste, qui reprend mot pour mot l'histoire «terrible» du client «tombé entre les griffes de monstres assoiffés de sang au barbare pays d'au delà des mers», sont là pour vous servir. «Mon client a été tellement torturé qu'un des policiers présents lors de l'interrogatoire a pris des photos, puis les lui a passées» ! «Lol» serait-on tenté de répondre si le sujet n'avait atteint des proportions aussi impressionnantes. Car le passage sur les photos prises des soi-disant séances de torture et qu'un policier aurait donné à Lamtalsi est indéniablement le meilleur, le plus succulent, le «moment fort» du récit. Le journaliste auteur de l'article a oublié de demander à l'avocat de Lamtalsi si ce policier n'aurait pas également apposé son autographe sur l'une de ces photos, avec une dédicace du genre «De la part de votre bourreau en expression de sa profonde sympathie»... Et puis quoi encore ? Mais qui est donc ce Adil Lamtalsi qui aurait été, selon ses déclarations à la justice française, aussi abominablement torturé par des agents des services marocains de contre-espionnage ? On pourrait penser à un espion étranger que les agents marocains auraient capturé et fait subir un interrogatoire «musclé» pour lui faire avouer ses contacts et autres informations sur l'agence de renseignement pour laquelle il travaille. Ou un dangereux terroriste affilié à Al Qaïda, qui aurait des aveux à faire sur la préparation d'un prochain attentat. Bref, quelqu'un qui mériterait que les services de contre-espionnage marocains s'y intéressent. Rien de tout cela. Adil Lamtalsi, franco-marocain âgé de 33 ans, est un vulgaire trafiquant de drogue arrêté, en octobre 2008, à Tanger, pour trafic de stupéfiant. Il avait planifié d'expédier 1,6 tonnes de cannabis vers l'Espagne, opération avortée suite à l'intervention de la gendarmerie royale. Jugé et condamné à dix années de prison en novembre de la même année, il prétend, depuis lors, que ses aveux lui ont été arrachés sous la torture par des agents de la DGST, qui auraient pris la peine de le transporter de Tanger jusqu'à Temara, dans la banlieue de Rabat, pour l'interroger. C'est qu'il se croit important, le petit voyou. Les gendarmes qui ont mis le grappin sur ce triste individu, interrogé et inculpé pour trafic de stupéfiants, en conformité avec les procédures pénales en vigueur, doivent bien rire en lisant toutes ces âneries. Ce ne sont pourtant pas des «Men's in blacks au service de Sa Majesté» qui l'auraient torturé, il y a une quinzaine d'années, au fond d'une sombre cellule jonchée d'horribles instruments de torture, pour le faire condamner, en France, pour violence, coups et blessures. Ils ne sont pas non plus coupables de l'avoir torturé pour le pousser à convoyer une demi tonne de cannabis à travers l'Espagne, ni torturés les autorités espagnoles pour lancer contre lui un mandat d'amener. «Il existe au Maroc un recours systématique à la torture et aux traitements inhumains et dégradants visant à obtenir des aveux rapides dans tout dossier compliqué», a déclaré l'avocat de Lamtalsi. Ce dernier doit sûrement savoir des « choses » qui se passeraient au Maroc que même les Marocains ne savent pas. Mais il est déjà possible de se faire une idée sur le niveau intellectuel dudit avocat, qui considère une simple affaire de trafic de drogue comme «compliquée». Plus prudent dans ses déclarations au journal en ligne Le Point.fr, Pierre Vermeren, historien du Maghreb contemporain à l'université Paris-I, estime que «d'après les ONG», il y aurait «un durcissement du régime sur les opposants politiques qui sont soumis à une surveillance policière systématique, si ce n'est des actes de tortures». Mais quelles ONG ? La véracité des graves accusations avancées contre un Etat, qui a franchi de grandes étapes dans son processus de démocratisation, a-t-elle été vérifiée avant de souiller son image de marque sur la base de vagues accusations de délinquants pourtant notoires ? Deux poids, deux mesures Vexés que le Quai d'Orsay ait cherché à calmer la tempête diplomatique soulevée par le débarquement de sept agents de la police française à la résidence de l'ambassadeur du Maroc à Paris, les «bons» chrétiens de l'ONG française ACAT, supporters des égorgeurs d'éléments des forces de l'ordre, ont vite fait de crier à la mise à mal du principe de séparation des pouvoirs. «La résidence de l'ambassadeur du Maroc est protégée en vertu des conventions de Vienne, et à ce titre des vérifications sont nécessaires», a expliqué Romain Nadal, le porte-parole du Ministère français des affaires étrangères, à ceux qui s'imaginent peut être que le Maroc est encore un protectorat. Mais en fait, où étaient ces «bons» chrétiens de l'ACAT et autres preux défenseurs des Droits de l'homme avec leurs sermons pompeux sur la séparation des pouvoirs quand, le 26 octobre 2007, l'ancien secrétaire d'Etat à la défense étasunien, Donald Rumsfield, s'est rendu à Paris, en visite privée, pour prendre part à un débat organisé par l'édition française de la revue américaine Foreign Policy ? Une plainte n'avait-elle pas été posée contre lui par des ONG de défense des Droits de l'homme, en France, pour avoir ordonné et autorisé l'usage de la torture à Guantanamo ? Pourquoi pas un seul policier n'a fait mine de lui signifier qu'il devait comparaître devant la justice française pour faits présumés de tortures, alors même qu'il n'occupait plus aucune fonction officielle au sein du gouvernement des Etats-Unis ? Trop gros le morceau, même s'il n'existe aucun doute sur l'usage de la torture à Guantanamo ? Le coq français cesserait-il de faire cocorico quand le bison américain fait trembler la prairie de Paris de ses sabots ? Pour mieux comprendre les motivations réelles de l'auteur de l'article publié sur le site d'information «Le Point.fr», il serait intéressant de reproduire sa conclusion: «Il faut dire que le récent rapprochement initié par François Hollande avec l'Algérie, qui cultive avec le Maroc une aversion réciproque, n'est pas pour plaire à Rabat, d'autant qu'il rend de plus en plus intenable la position française sur le Sahara occidental» ! Nous y voilà enfin ! L'Algérie et le Sahara ! Pas besoin de chercher plus loin. Les temps sont durs dans l'hexagone, en cette période de crise sévère... Et les fonds algériens pour nuire au Maroc couleraient à flot... Il faut bien trouver le moyen de boucler les fins de mois difficiles ! Le rapprochement entre la France et l'Algérie ? Tous les vœux de bonheur de la part des Marocains ! En quoi vont-ils se sentir gênés par ce fait ? La France n'est pas l'épouse du Maroc, qui pourrait alors se sentir trompé. C'est juste des alliés. Chacun des deux pays pouvant nouer les relations qu'il veut, avec qui il veut. Les critiques de la France envers la Russie et la Chine, leurs régimes politiques et leurs prises de positions sur la scène internationale, n'ont pas empêché, par exemple, le Roi du Maroc de se rendre en visite à Moscou et Pékin et de chercher à nouer des partenariats mutuellement bénéfiques avec ces pays. La position de la France envers le Sahara ? Ce pays a été le premier à saluer la proposition marocaine d'autonomie élargie des provinces du sud comme une solution politique réaliste pour mettre fin au conflit. Jusqu'à preuve du contraire, le Maroc traite avec des Etats responsables, pas avec des girouettes. «À en croire le palais royal, les «relations d'exception» qui lient les deux pays vont pouvoir reprendre. Mais pour combien de temps encore ?», s'interroge l'auteur de l'article. La réponse est pourtant aussi simple qu'évidente. Aussi longtemps que des hommes d'Etat d'envergure assument leurs responsabilités avec clairvoyance à la tête des deux pays, amis de longue date et alliés stratégiques.