La situation est restée tendue, jeudi, dans la ville de Ghardaïa où une douzaine d'habitations et de locaux commerciaux ont été vandalisés et incendiés depuis mercredi soir dans de nouveaux affrontements intercommunautaires. Selon APS, un important dispositif des forces anti-émeutes a été déployé dans les quartiers «chauds» de la ville pour rétablir l'ordre et ramener le calme. Ces dernières ont fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser les antagonistes, ajoute la même source. L'intervention des sapeurs-pompiers a permis de circonscrire les flammes et les empêcher de s'étendre à d'autres magasins et habitations. Pour sa part, le journal "El Watan" rapporte dans sa version électronique que tous les établissements scolaires de la commune de Ghardaia ont renvoyé leurs élèves par mesure de sécurité et beaucoup d'administrations et d'établissements publics ont aussi fermé leurs portes. Mercredi soir, une dizaine de personnes ont été blessées dans la reprise de ces violences intercommunautaires dans cette ville, située à 600 km au sud d'Alger. Des groupes de jeunes se sont affrontés en se jetant des pierres et des cocktails Molotov dans les quartiers de Hadj Messaoud et Melika. Début février, une personne a été tuée et plusieurs autres blessées dans des violences similaires. A la mi-janvier dernier, plus de 80 commerces et maisons ont été incendiés et plus d'une cinquantaine saccagés et vandalisés. Plusieurs initiatives visant à apaiser la tension dans la région, par le dialogue, la réconciliation et le rapprochement entre les parties en conflit, ont été entreprises par les autorités, les notables et des personnalités nationales, mais en vain. La wilaya de Ghardaïa, dont le chef-lieu éponyme se situe à 600 km au sud d'Alger, est le théâtre de violences récurrentes entre la communauté mozabite berbérophone, de rite ibadite, et celle des Chaâmbas arabophones malékites. La nouvelle vague de tensions communautaires, qui a fait jusque-là cinq victimes toutes des Mozabites, a éclaté, le 22 novembre dernier, à la suite d'un match de football disputé dans la localité d'El Guerrara, à 130 km de Ghardaia. Les heurts se sont soldés par un mort, des dizaines de blessés et la traduction devant la justice d'une trentaine de personnes. Trois semaines plus tard, les violences ont atteint la coeur de la région, avant de dégénérer en actes de vandalisme, de pillage, d'incendie de magasins et de véhicules, ainsi qu'en destruction de biens privés. Le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaiz, avait accusé des parties «à l'intérieur du pays» de chercher à «pousser vers le pourrissement de la situation», estimant que la reprise des violences n'est pas «une preuve d'échec de l'initiative et des démarches du gouvernement». La Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH) avait mis en garde contre le fait que «la situation risque de balancer vers l'irréparable», assurant que les citoyens de Ghardaïa «pointent un doigt accusateur vers les forces de sécurité qui, par leur comportement, ont enflammé la situation». Le Premier ministre Abdelmalek Sellal et les représentants des deux communautés avaient pourtant convenu d'une série de mesures devant permettre le retour à la normale à Ghardaïa, notamment la création d'un conseil de sages en tant qu'»espace d'arbitrage et de conciliation».