La huitième édition du Festival de la culture soufie aura lieu du 12 au 19 avril prochain dans la capitale spirituelle. Avec au programme plusieurs conférences et tables rondes sur divers thèmes en rapport avec le soufisme et qui permettent de mieux appréhender ce mouvement sur les pas d'Ibn Arabî. Ainsi que des expositions et soirées soufies. Une plate forme pour la fondation d'une Université de la culture soufie. Quelques éclaircissements avec son président, Faouzi Skali. *Cette édition est dédiée à la mémoire d'Ibn Arabî. Pourquoi ce choix ? À vrai dire, chaque édition est une nouvelle exploration de la culture soufie considérée comme un patrimoine spirituel, intellectuel, artistique et social. Cette exploration est très souvent liée à une thématique et/ou à une personnalité. Par le passé, nous avons par exemple évoqué des personnalités telles qu'Ibn Atâ Allah, Ibn Khaldûn ou, pour évoquer un personnage contemporain, Mohammed Iqbâl. L›édition de cette année est dédiée à une personnalité soufie et un auteur qui occupe une place centrale dans toute l›histoire du soufisme et dont l›œuvre constitue sans doute l›élaboration la plus aboutie de sa doctrine, Ibn Arabî. Un choix motivé par de multiples raisons. Je trouve que le séjour d'Ibn Arabî à Fès à plusieurs reprises et son attachement à la Mosquée Al Azhar montrent tout l'intérêt que nous avons aujourd'hui à nous mettre sur les pas de ce guide spirituel pour comprendre le legs de l'une des pensées les plus fécondes et les plus essentielles de l'enseignement du soufisme et de la sagesse universelle . Sachant que le Maroc est très ancré dans la tradition et la culture soufies qui se traduisent à travers son riche patrimoine matériel et immatériel. Al Masjid al Azhar, à Fès, dans le quartier de Ayn al Khayl, est l'un de ces lieux historiques profondément liés à la mémoire d›Ibn Arabî. Notre histoire religieuse est inséparable de cette tradition et de cette culture spirituelle. La question est comment intégrer ce patrimoine de valeurs, de sagesse et de spiritualité, mais aussi d›art, de poésie et de littérature de manière à ce qu›il puisse continuer à irriguer et féconder notre société et notre culture. Cette interrogation est l›objet même de ce Festival à travers le choix d'Ibn Arabî. C'est tout un voyage dédié à la parole et à l'enseignement de cet homme hors pair. *Quelles sont les particularités de cette édition ? On a préparés minutieusement des conférences, des tables rondes et autres concerts, pour faire découvrir la pensée spirituelle et l'œuvre poétique d'Ibn Arabî,. Sans oublier pour autant l'invitation de spécialistes pour y participer et apporter de leur savoir sur cette personnalité incontournable du soufisme de par le monde. Muhyi ad-Dîn Ibn Arabî (1165-1240), de son vrai nom, ou encore «le plus grand maître» (Ash-Shaykh al Akbar) est l'auteur le plus complet et le plus profond de la tradition spirituelle du soufisme, vu le grand nombre d'ouvrages, plus de 400, qu'il a laissés et la renommée universelle à laquelle il est arrivé grâce à sa sagesse et sa pensée illuminée. La huitième édition du Festival de la culture soufie lui consacre, de ce fait, toute une programmation où la présentation détaillée de son parcours et de son œuvre guideront les festivaliers «Sur les pas d'Ibn Arabî» et mettront en exergue sa pensée vis-à-vis de la femme, de la «Fatwwa» dans ses écrits, puis l'influence de sa pensée et de son œuvre du Machreq au Maghreb et leur présence contemporaine. Les journées et les nuits de cette édition seront éclairées par la participation des principales Tariqas du Maroc (Tijaniya, Chadhiliya, Qadiriya, Wazzaniya, Charqawiya ...) et quelques confréries invitées de différentes régions du monde en particulier la Tariqa Naqchbandiya de Turquie et la Tariqa Qadiriya de Bosnie-Herzégovine. Différents concerts spirituels du Samaâ d'Orient et d'Occident et de tradition arabo-andalouse sont également programmés. Un beau périple sur les pas de ce grand savant soufi de tous les temps. *Quel regard portez- vous sur le soufisme ? Notre approche du soufisme permet d'éviter des écueils du folklorisme et des clichés. Surtout que peu de gens savent que le soufisme est bien au-delà de cette vision. L'approche de la spiritualité à travers la culture d'abord est fédératrice et puis, ensuite, elle permet d'aller tout de suite à l'essentiel, aux richesses du soufisme. Et ce, au-delà de tous les aspects et de toutes ces manifestations qui ont pu s'accumuler à travers l'histoire, les aléas du temps et qui ont fini par s'assimiler au soufisme lui-même. Donc, d'un seul coup, on ouvre un espace et on découvre ce qu'est le soufisme et on découvre ce que cette spiritualité peut apporter au monde musulman aujourd'hui en termes d'approfondissement et de ses propres valeurs et d'ouverture universelle.