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Soldes périodiques : Aubaines ou attrapes
Publié dans L'opinion le 24 - 02 - 2014

Les aubaines, on en raffole tous et, surtout, toutes. Normal : Quand on peut se payer un article à la moitié de son prix, voire le 1 tiers, on préfère attendre qu'il soit bradé. Le problème est qu'avec les soldes les articles les plus en vogue partent vite, les tailles standard aussi et on se retrouve souvent à errer entre des cohortes d'articles bizarroïdes ne ressemblant en rien à la ligne « éditoriale » du magasin en question, ou beaucoup d'articles soldés sauf ceux qu'on a envie d'acheter. Plus encore, on est attiré par des prix trop bas, genre « 50 dh » mais arrivé à leur proximité, on remarque, si on écarquille bien les yeux, une petite note timide qui affiche « et plus » et donc presque tous les articles que vous examinerez sont à ce « et plus ».
Système attrape-nigaud pour liquider le stock invendu ou système trop compliqué pour être compris par le commun des consommateurs ?
Chaque année, été comme hiver, les soldes font ruer une bonne partie de la population vers les magasins à la recherche de la bonne aubaine et pour faire de grosses économies en regarnissant sa garde-robe. Les périodes de soldes ne sont pas les mêmes d'un pays ou d'un continent à l'autre ; les procédés de vente et la réglementation diffèrent aussi.
Mais les soldes ont ceci en commun, partout dans le monde : les produits invendus sont soldés suivant une règle cosmopolite : les commerçants sont autorisés à pratiquer des soldes plusieurs fois au cours d›une année. On retrouve les soldes dits nationaux à date fixe (soldes d›hiver et soldes d›été) et les soldes flottants (ou complémentaires) et qui se font à d'autres moments de l'année. La pratique des rabais est strictement réglementée et obéit à des règles que les commerçants sont tenus de respecter scrupuleusement, surtout en ce qui a trait aux périodes autorisées et les produits soldés.
Au Maroc, le secteur est moins bien organisé qu'outre Atlantique et les pratiques illégales sont monnaie courante. Ainsi, la période des soldes n'est pas fixe et est déterminée selon le bon-vouloir de chaque détaillant. Il y en a même qui affichent des rabais à longueur d'année sans même qu'il y ait des soldes en magasin, juste pour attirer les clients, alors que les périodes de rabais sont limités dans le temps et non interminables.
On retrouve d'autres magouilles telles que l'annonce de 1ère, deuxième, 3ème puis 4è démarque qui font saliver mais les clients, une fois sur place, et se renseignant sur les articles arrivés à la 4ème démarque, se rendent compte de la supercherie quand les réponses des vendeurs restent vagues et proposent, généralement des alternatives pour détourner leur attention et pouvoir liquider quelque marchandise. Des rabais allant jusqu'80 %, deux articles pour le prix d'un, absence d'unification des remises d'un magasin à l'autre et j'en passe. Autant de stratagèmes commerciaux pour grossir son chiffre d'affaires ; on ne lésine par sur les moyens pour cela, aux dépends des chasseurs de bonnes affaires.
Il y a moins d'anarchie dans la gestion des soldes dans les pays développés mais la plupart des conditions sont respectées sous peine de sévères répressions en cas de dénonciation et les soldes sont annoncés impérativement à travers la publicité et ne portent que sur les articles en stock et non d'achats récents.
Au Maroc le secteur est régi par une réglementation qui a vu le jour depuis des mois, un projet de loi N° 31-08 édictant des mesures de protection des consommateurs, dans le volet dédié à la protection des consommateurs contre les clauses abusives. Parmi les pratiques commerciales il y a un volet qui concerne les ventes en solde (l'article 48) et qui précise qu'« on entend par ventes en solde les ventes accompagnées ou précédées de publicité et annoncées comme tendant, par une réduction de prix, à l'écoulement accéléré de produits et biens en stock ».
L'article 49, lui, concerne la vente en solde qui ne peut être pratiquée que si elle est accompagnée d'un affichage clair et lisible du terme « soldes ». Le fournisseur est tenu d'indiquer dans les lieux de vente les produits ou biens sur lesquels portent la réduction de prix, le nouveau prix appliqué et l'ancien prix qui doit être barré et la durée des soldes. Quant à l'article 50 il stipule que toute publicité relative à une opération de soldes mentionne la date de début de l'opération et la nature des biens ou produits sur lesquels porte l'opération, si celle-ci ne concerne pas la totalité des biens ou produits de l'établissement.
Dans toute publicité, enseigne, dénomination sociale ou nom commercial, l'emploi du mot solde (s) ou de ses dérivés est interdit pour désigner toute activité, dénomination sociale ou nom commercial, enseigne ou qualité qui ne se rapporte pas à une opération de soldes telle que définie à l'article 48 ci-dessus.
La loi est claire à ce sujet, c'est juste son application par les commerçants qui fait tout ce chaos dans les ventes. Une enquête réalisée par la fédération des associations du consommateur montre que 95% des magasins ne respectent pas cette réglementation. Et le chaos vient du fait que chaque commerçant s'y prend de la façon qui arrange ses affaires, même sur les niveaux de remises : «Le commerçant est tenu de déterminer la date du début et de la fin des soldes et d'indiquer les prix des produits sur lesquels porte la réduction tout en mentionnant le nouveau prix appliqué et en barrant l'ancien», explique Ouadie Madih, Secrétaire Général de la Fédération nationale des associations du consommateur, dans une publication marocaine. La loi stipule clairement que le prix initial de l'article ne doit pas excéder son prix au cours du mois qui précède les soldes. Là aussi les commerçants profitent du manque de contrôle pour ballonnent le prix initial et trompent les clients en affichant des prix qui donnent l'illusion de la réduction.
Mettre un terme à ces pratiques ? C'est possible à condition que le consommateur ne se laisse pas marcher sur les pieds et fasse valoir ses droits, comme souligné encore le SG de la Fédération nationale des associations des consommateurs : « Il faut qu'un client mécontent se manifeste pour que le contrôle ait lieu».


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