Protéger le consommateur, c'est l'initier, le sensibiliser, l'orienter, l'accompagner, le conseiller... Mais la réussite de cette mission n'est pas toujours chose aisée. En effet, plus le niveau d'éducation et d'instruction est meilleur et plus l'assimilation des conseils donnés est aisée. Et pendant que le consommateur en occident parle de la traçabilité du produit, des genres de produits additifs dans tel ou tel autre, aliment conservé, on en est encore chez nous aux arracheurs de dents dans les souks hebdomadaires, aux toubibs improvisés dans les moussems et les bus, aux repas douteux, préparés dans des conditions incroyables et parfois à même les trottoirs... Il faut dire que ni la volonté politique, ni un arsenal juridique ne sont là pour combattre les fléaux qui inondent encore notre société, noircissent son image et menacent la santé de ses citoyens et, plus précisément, les moins armés d'entre eux, pour ne pas dire, totalement désarmés. Et pour vous donner un aperçu de cette dernière catégorie, rien ne vaut le plaisir de parler de ses « croyances ». A El Jadida, à titre d'exemple, on a le mausolée de Lalla Zahra, une célèbre femme pieuse, parait-il, de la ville et dont tout un grand quartier populaire porte le nom, ce qui souligne sa grande popularité auprès d'une catégorie sociale qui n'hésite pas à lui rendre visite chaque fois que le quotidien est difficile à trimbaler : Quand le mariage d'une fille tarde à se profiler, que la quête des trois bons numéros au tiercé devient désespérée, qu'une personne est au bord de la dépression... Lalla Zahra est toujours là pour mettre du baume au cœur. Mais pour d'autres Jdidis la tombe de Lalla Zahra n'est autre que celle d'une ânesse ayant servi à transporter nourritures, armes et munitions aux résistants, du temps de la colonisation. Un animal qui a passé toute sa vie à trimer pour cette cause, jusqu'au jour où elle a tiré sa révérence. La reconnaissance des résistants envers cette « sympathique » ânesse a poussé certains d'entre eux à vouloir l'enterrer dignement... à l'instar des humains. Ne s'appelle-t-elle pas du reste Zahra ? Ou mieux, LALLA...Zahra? Mais qu'elle soit humaine ou animale, est-ce le hasard ou la Baraka qui est à l'origine de son emplacement pille sur le trottoir... et non au milieu de la chaussée? Au fait, rétorquent les plus « avertis», les ossements se trouvaient en plein milieu de la chaussée et c'est pendant le plan d'aménagement qu'ils ont été déplacés sur le trottoir. Soit! Néanmoins une question revient avec persistance : S'agit-il de la tombe d'une femme pieuse, où celle d'un animal que les gens bénissent sans le savoir ? Il faut dire que certains n'hésitent pas à la désigner du nom de « Lalla H'mara » sans jamais oser le crier haut et fort pour ne froisser les «convictions» d'aucune partie. Toujours est-il que, dans la première hypothèse, cette tombe doit être déménagée illico dans un cimetière et dégager un trottoir où elle n'a aucune raison de continuer d'être. En plus, cette «fameuse» tombe, se trouve dans une avenue connaissant une circulation monstre et aux trottoirs étroits. Ce qui ne fait qu'envenimer encore plus la situation. Et ce qui devait arriver arriva, puisque des accidents mortels ont bel et bien eu lieu à cause du « saint édifice ». A-t-on jamais vu, dans n'importe quelle autre partie de la planète, une tombe occupant toute la largeur d'un trottoir, des piétons qui la contournent et des voitures qui les écrasent comme des cafards? Où trouver une loi qui soit à même de nous dire, dans ce cas précis, qui est fautif et qui ne l'est pas? Les autorités, les piétons, où... Lalla Zahra ? En attendant Godot, à bon entendeur...!