Pour certains, Lalla Zahra, dont tout un quartier populaire porte aujourd'hui le nom, est celle d'une célèbre femme pieuse de la ville. Ceci explique sa popularité, auprès d'une certaine catégorie sociale qui n'hésite pas à lui rendre visite chaque fois que le quotidien devient difficile à trimbaler. Quand le mariage d'une fille tarde à se profiler, que la quête des trois bons numéros au tierce devient désespérée, qu'une personne est au bord de la dépression... Lalla Zahra est là pour mettre du baume au cœur. Mais pour d'autres Jdidis, en guise de femme sainte, Lalla Zahra n'est autre que la tombe d'une ânesse ayant servi lors de la colonisation, à transporter armes et nourriture aux résistants. Elle a passé toute sa vie à trimer pour cette la bonne cause, jusqu'au jour où elle a tiré sa révérence. La reconnaissance des résistants envers cette « sympathique » ânesse a fait en sorte qu'ils ont tenu à ce qu'elle soit enterrée dignement, presque à l'instar des humains. Ne s'appelle t-elle pas du reste Zahra ? Ou mieux, LALLA... Mais qu'elle soit humaine ou animale, est ce le hasard ou la Baraka qui est à l'origine de son emplacement pille sur le trottoir et non au milieu de la chaussée ? Non, rétorquent les plus " avertis", les ossements se trouvaient initialement en plein milieu de la chaussée et c'est lors du plan d'aménagement de la cité qu'ils ont été déplacés sur le trottoir. Soit, cependant une question revient avec persistance : "S'agit il de la tombe d'une femme pieuse, où s'agit il d'un animal que les gens bénissent sans le savoir ?" Il faut dire que certains n'hésitent pas à la désigner de « Lalla H'mara » sans jamais oser le crier haut et fort pour ne froisser les convictions de personne ! Toujours est il, nous estimons que dans la première hypothèse, cette tombe doit être déménagée illico dans un cimetière et dégager un trottoir où elle n'a aucune raison d' y être. Cette question se pose avec plus d'acuité , sachant que la fameuse tombe se trouve dans une avenue qui connait une circulation monstre et avec des trottoirs étroits qui ne font qu'envenimer encore plus la situation. Des accidents mortels ont bel et bien eu lieu à cause du « saint édifice ». Alors ? Qu'en pense Monsieur le ministre Karim Ghallab et sa Moudawana de la route made in Sweden dont il semble si fière? A t-il jamais vu dans n'importe qu'elle autre partie de l'univers, une tombe qui occupe toute la largeur des trottoirs; des piétons qui la contourne et des voitures qui les écrasent...? Quelle loi est capable de nous dire dans ce cas farfelu, qui est fautif et qui ne l'est pas? Il est temps de démontrer qu'on possède assez de courage à même de prendre les décisions franches et responsables qui s'imposent. Il faudra commencer par chasser toutes ces personnes qui lui rendent visite à longueur des journées, stopper un charlatanisme qui n'a que trop duré et dégager un trottoir qui n'en a été que trop encombré des années durant. Les citoyens continuent, à ce jour de contourner cette tombe, en empiétant sur une chaussée à leurs risques et périls. Quant aux touristes, bien malin est celui qui soit capable de deviner ce qu'ils pensent de nous et de nos croyances, en ce début du 21ème siècle : une tombe occupant le trottoir et des piétons marchant sur la chaussée !!! Les Dieux nous sont ils tombés sur la tête ? En guise de conclusion, précisons que le pire scénario, serait que sous cette fameuse " tombe", il n'y ait finalement, ni femme pieuse, ni ânesse « sympathique » ni … sidi zekri !!!