Le Festival National du Film (F.N.F.) est à sa 30ème année d'existence. Au cours de cette longue période, il s'est tenu 15 fois, à raison d'une fois tous les deux ans. La réduction de la périodicité, devenue annuelle depuis quelques années, a aidé à multiplier les sessions. La durée du festival est passée d'une semaine à dix jours au cours de laquelle une vingtaine de longs métrages entrent en compétition alors qu'au début, ce chiffre avoisinait la dizaine. Coté court métrage, la compétition compte le même nombre que le long ou presque. Etant nombreux (une quarantaine en moyenne) une commission est désignée pour sélectionner les «meilleurs» films plutôt ceux des réalisateurs les plus fidèles. Souvent, ce sont les mêmes qui reviennent à chaque session. Ces films sont soumis au jugement d'un jury autrefois national composé de personnalités marocaines issues du monde de l'art, de la culture et de la profession, personnalités connues de tous. Aujourd'hui, ce jury comprend des membres étrangers dont la plupart sont des inconnus et n'ont jamais vu un seul film marocain. En plus, venus au Maroc en touristes «culturels», ils ignorent tout de la réalité et de la spécificité marocaines devant leur permettre de porter un jugement objectif sur les films qui, d'ailleurs, reflètent cette réalité. Mais comment sont choisis ces membres? Le directeur du Centre Cinématographique Marocain (C.C.M.), aussi directeur «attitré» du festival, est le seul décideur. Entre en ligne de compte intérêts réciproques pour procéder au choix, souvent en guise de récompense à un service rendu. Les «copins» du quartier latin à Paris, devenu depuis un bastion de jurys siégeant au Maroc, sont les plus «sollicités». Un voyage aux frais de la princesse au pays des «Mille et une nuits», n'est pas de refus. En plus, la rémunération, pour effort éventuel fourni, est alléchante. Dans une édition précédente, cet effort était pourtant presque nul: le président du jury, gagné par l'âge, ne pouvait assister aux projections. Hormis la crédibilité, les jurys successifs sont-ils vraiment indépendants? On ne peut le croire. Les dîners répétitifs et festifs tenus jusqu'à la veille du palmarès avec les différents membres sont l'occasion de tout décider à l'avance pour éviter toute surprise. L'autorité morale et matérielle établie sur les membres ne prête à aucune contestation. Durant l'ère précédente, pourtant appelée celle des années de plomb, la pratique était certes plus démocratique. La direction du festival est confiée à une tièrce personne dont on ne doute de la partialité. Les Souheil Benbarka, Latif Lahlou, Mehdi Manjra ont succédé jadis à ce poste permettant au C.C.M. de garder sa neutralité. A la même période, la désignation du jury n'est jamais traitée à titre individuel, elle fut plutôt l'objet de discussion entre les différents partenaires: le C.C.M. et les chambres professionnelles. Dans les temps actuels, que reste-t-il justement de ces partenaires? Rien. Ils ont complètement disparu laissant la place au pouvoir absolu pourtant en forte contradiction avec l'esprit même de la nouvelle Constitution qui prêche la transparence, la participation, la démocratie, ....