Après les prétentions internationales du Festival du film de Marrakech, l'heure est au cinéma national. Et c'est à Tanger que la messe annuelle se tiendra, du 23 au 30 janvier. La 11e édition du Festival national du film s'annonce déjà prometteuse. Quatorze longs métrages, quatorze courts, rencontres-débats et, la nouveauté: la conférence bilan qui fera le tour de toute une année de labeur et à tous les niveaux de la chaîne de production du cinéma national. De quoi rapprocher critiques, médias et public de l'évolution d'un secteur de plus en plus bien portant. 14 fois deux «La légitimité de tout festival de ce genre vient tout d'abord des films programmés. Le festival national de Tanger propose cette année une riche programmation avec une sélection de choix de 14 courts métrages et de 14 autres fictions, dont une grande partie est inédite», nous assure Mohamed Bakrim, porte-parole du Centre cinématographique marocain, organisateur de l'événement et directeur artistique. Un chiffre qui explique d'ailleurs, selon le responsable, le changement de périodicité du festival. À plus importante production, festival plus présent. «C'est un sacré défi que le cinéma marocain a relevé. Le rythme plus cadencé de la production nationale a imposé ce changement de fréquence logique», analyse Bakrim, qui n'oublie pas de rappeler que l'événement, devenu annuel depuis 2007, veut être au rendez-vous pour présenter le cru de l'année. De la nouveauté «D'ailleurs, cette 11e édition sera l'occasion de lancer une première: nous comptons donner une conférence de presse dressant le bilan cinématographique de 2009. Le mois de janvier s'y prête bien», nous explique Bakrim. Ainsi, le CCM présentera d'une façon officielle les chiffres de douze mois d'industrie cinématographique. Recettes, productions, nouveautés, lois... tout et tous y seront. Médias, professionnels, critiques et artistes constateront l'évolution du secteur, ses best of et ses ratages. Libérant le mois de décembre pour le Festival international du film de Marrakech, le FNF donne ainsi l'occasion aux professionnels et autres producteurs de finaliser leurs films. «Une année toute entière pour préparer leurs films afin d'être projetés lors de ce rendez-vous bien couru du cinéma national», commente Bakrim. Vitrine d'exception pour la production nationale, le festival prévoit cette année la projection de 14 longs métrages. Entre premières œuvres, deuxièmes films, jeunes réalisateurs et vétérans, le programme promet bien des péripéties. Le tapis rouge de Tanger verra ainsi défiler des cinéastes de la trempe de Latif Lahlou, qui revient avec son nouvel opus «La grande villa», Abdelkrim Darkaoui et ses «Chroniques blanches», Mohamed Ismaïl et «Oulad Lblad». À leurs côtés, arrive un Driss Chouika fort d'une fraîche sélection de ses «Destins croisés» au festival international du Caire et un Hassan Benjelloun nostalgique avec «Les oubliés de l'Histoire». Quant à la nouvelle génération, elle sera représentée par des jeunes cinéastes qui font leur baptême du feu à Tanger avec des premiers longs métrages très attendus. On cite Mohamed Mouftakir et Hicham Lahlou, qui présentent respectivement «Pégase» et «Fissures». De son côté, Mohamed Âahd Bensouda entrera en compétition avec «Moussem Lamchaoucha» contre un «Allo 15» triomphant dans les salles et autres «Terminus des anges», co-réalisé par Narjis Nejjar, Hicham Lasri et M. Mouftakir. Ismaïl Saïdi, lui, fait son comeback avec «Ahmed Gassiaux» pour concurrencer «The man who sold the world», le brûlot des frères Noury. Toute une sélection placée sous le signe de la variété, qu'elle soit thématique ou esthétique. «Des pionniers qui continuent de produire et des jeunes pleins d'aspirations au début de leur carrière... la programmation donne l'image d'une très belle dynamique du cinéma national», commente le directeur du festival. Le tremplin Une effervescence qui se traduit également du côté des courts métrages, qui seront au nombre de 14. «Chaque projection de long métrage sera précédée par celle d'un court», ajoute Bakrim. Passage obligé pour pouvoir intégrer la cour des grands, le court métrage est devenu pour les jeunes cinéastes marocains une sorte de tremplin. Les surprises souvent agréables que cette section réserve au public et à la critique en font d'ailleurs une véritable attraction. Mode de sélection? «C'est une commission indépendante composée de critiques, de journalistes et d'écrivains, qui a fait la présélection», explique Bakrim. Une commission qui avait la charge de choisir les 14 heureux élus parmi 32 films, inscrits officiellement et conformément au règlement du Festival. Prix et jury En plus d'être «la vitrine» du film national, le FNF c'est aussi une compétition officielle ou plutôt deux: celle du long métrage et une autre consacrée aux productions courtes. Le jury du long métrage sera composé de sept membres et sera présidé par le cinéaste ivoirien Timité Bassori. La section court métrage sera quant à elle jugée par un autre jury composé, lui, de cinq membres et présidé par Martine Zevort, chef monteuse cinéma et enseignante à l'Ecole supérieure des arts visuels (ESAV) de Marrakech. Les films participants toutes catégories confondues se disputeront le très convoité «Grand Prix du Festival», le «prix spécial du jury», les prix des meilleurs premier et second rôles masculins et féminins, le prix de la musique originale, le prix du scénario et le prix de l'image. De quoi donner l'eau à la bouche à nos cinéastes, acteurs et autres professionnels du cinéma. Car au-delà de la récompense matérielle, une consécration nationale a toujours quelque chose de réconfortant!