Les tensions régionales actuelles, couplées à un environnement extérieur difficile, ont frappé de plein fouet les économies de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), où sept pays en transition enregistrent un ralentissement de la croissance économique, une augmentation du chômage et une intensification de l'inflation, selon la dernière édition du Bulletin trimestriel d'information économique du Groupe de la Banque mondiale (BM). Le rapport, intitulé «Moyen-Orient et Afrique du Nord : Le ralentissement de la croissance accentue la nécessité des réformes», évalue la situation macroéconomique au lendemain du printemps arabe dans sept des pays les plus vulnérables de la région, à savoir l'Egypte, la Tunisie, l'Iran, le Liban, la Jordanie, le Yémen et la Libye, et souligne l'urgence des réformes qu'il faudrait mener pour inverser la spirale de dégradation de ces économies. L'étude présente les priorités de réforme et les enjeux de ces pays, et prévient que la hausse des subventions générales et des salaires du secteur public exercera des pressions sur les gouvernements et réduira l'espace budgétaire disponible pour financer les dépenses prioritaires consacrées à la santé, à l'éducation et à l'investissement dans l'infrastructure. Pour éviter d'aggraver le mécontentement social et politique, les pays continuent de retarder les réformes attendues depuis longtemps, qui pourraient contribuer à stimuler la croissance et créer des emplois, relève la Banque mondiale, en soutenant que ces pays devraient profiter de l'occasion pour faire avancer les réformes structurelles nécessaires pour sortir du cercle vicieux du ralentissement de la croissance et de l'instabilité politique. «Les gouvernements de ces pays ne peuvent pas se permettre de poursuivre des mesures à court terme, comme la hausse des salaires du secteur public et des subventions», estime Shanta Devarajan, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région MENA.Pour lui, ces mesures aggravent la situation, qui est imputable à des lacunes structurelles de longue date, notamment les rigidités du marché du travail, les réglementations complexes et opaques, les carences de l'infrastructure, les subventions régressives et inefficaces et les filets de protection sociale inadéquats.«Les décideurs résistent à la nécessité de mener des réformes de peur d'aggraver le mécontentement social. Or les réformes peuvent créer l'espace budgétaire et contribuer à restructurer l'économie et l'orienter vers la création d'emplois et la croissance inclusive», soutient, de son côté, Lili Mottaghi, économiste de MENA à la Banque mondiale et principal auteur du rapport.