La Cour d'Appel d'Agadir a condamné, jeudi soir, à vingt ans de réclusion une femme accusée du meurtre d'une jeune fille, en mars dernier. L'accusée a été poursuivie et jugée conformément aux dispositions de l'Article 410 du Code pénal qui stipule, entre autres, que si la mort résulte de coups, blessures, violences, voies de fait ou privations pratiques «sans intention de la donner, la peine est celle de la réclusion de vingt à trente ans». L'affaire remonte au mois de mars dernier lorsque la victime, une employée de maison âgée entre 14 et 16 ans au moment des faits, avait succombé à des brûlures subies sur différentes parties de son corps à l'Hôpital Hassan II d'Agadir où elle a été admise dans un état critique. La victime souffrait de blessures dont le degré variait entre 60 et 70 PC et de brûlures de deuxième et de troisième degré sur différentes parties du corps, notamment au niveau du visage, des mains et des parties inférieures. La femme qui l'employait avait été inculpée pour «coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner». L'affaire a été perçue comme un symbole du fléau des «petites bonnes» au Maroc, où plusieurs dizaines de milliers de mineures travaillent comme domestiques, selon des ONG. Un responsable de l'Institut national de solidarité avec les femmes en détresse (Insaf), qui s'était constitué en partie civile a déclaré qu'un tel verdict était attendu tant les preuves étaient accablantes. « Mais au-delà, nous allons poursuivre notre combat jusqu'à la mise en application d'une nouvelle législation qui permette l'éradication de ce fléau», a-t-il ajouté. Le code du travail marocain interdit d'exercer une activité professionnelle avant l'âge de 15 ans et requiert une autorisation jusqu'à 18 ans. D'après le Haut commissariat au plan (HCP), un organisme officiel, même s'il est en régression, le travail des moins de 15 ans concerne encore plus de 90.000 enfants. Un projet de loi est actuellement à l'étude au Parlement afin de réglementer le travail domestique. Le rapporteur spécial de l'ONU sur la traite des êtres humains, Joy Ngozi Ezeilo, avait exhorté en juin dernier les autorités marocaines à «s'attaquer aux racines du fléau, dont l'exclusion sociale, la pauvreté, les inégalités et la discrimination».