«Les ailes de l'amour», rebaptisé «Libres d'aimer», est le troisième long métrage d'Abdelhai Laraki après «Mona Saber» et «Parfum de mer», des films qui lui ont valu l'estime du public et de la critique. Cinéaste peu prolifique, Laraki change ici de sujet après s'être intéressé de près aux années de plomb et à la mafia marocaine, nous entendons par là, l'argent sale issu de la drogue et du commerce illicite. Nous assistons avec «Les ailes de l'amour» à un changement de cap comme pour prouver une certaine capacité à changer de registre de la part du réalisateur quitte à forcer les tabous. Et les tabous, ils sont nombreux dans ce film qui reste malgré tout un film propre. Un tabou d'abord thématique car sur les 200 longs métrages qu'a produits le Maroc, peu de cinéastes ont pu aborder le sujet, pourtant très prisé par le cinéma international. Ensuite, l'audace de monter le nu et les étreintes dans toute leur beauté esthétique loin de toute vulgarité. En s'intéressant à la passion de l'amour, on ne peut éviter de penser aux classiques «Roméo et Juliette» de Franco Zeffirelli et même «L'empire de la passion» de Nagisa Oshima dont le point commun avec ces films est la passion de l'amour face à l'hostilité sociale, à cette différence près qu'au Maroc cette hostilité est trop pesante. Mais, c'est aussi du coté de «L'homme qui aimait les femmes» qu'il faut chercher un lien de parenté, car chez Laraki comme chez François Truffault, nous assistons à la destruction progressive de l'homme, victime de sa passion charnelle. Chez l'un comme chez l'autre, la fonction relève également du symbolique: le météorologue au guet du changement climatique de Truffault devient carrément boucher chez Laraki, encore pour ce dernier la métaphore ne prête à aucune confusion. Restent tout de même quelques faiblesses que le réalisateur aurait pu dépasser. Comme dans un bon nombre de films marocains, les invraisemblances sont de taille. En effet, on a du mal à imaginer l'intrusion trop facile d'une européenne dans une boutique de boucher prête à toutes sortes de débauches et sans raisons au préalable. De même, la scène de la fourgonnette où les personnages sont caricaturés à l'extrême, est entachée de ridicule. Comme on a du mal à voir en l'acteur Omar Lotfi un séducteur notoire décidé à faire tomber toutes les femmes du quartier sur un simple coup d'œil. Il n'a rien d'un Warren Betty, acteur de charme par excellence, ni d'un Charles Denner, loin d'être beau mais du moins expressif. Néanmoins, on a presque la certitude que le réalisateur n'a pas trouvé mieux sur notre marché aussi réduit soit-il. Résumé du film Dans la médina de Casablanca, le jeune Thami brave la colère de son père, conservateur issu d'une longue lignée de juges religieux, pour embrasser avec sensualité le métier de boucher. En maniant les viandes, il donne libre cours à une autre passion non moins avouable: les femmes, et il découvre le goût de l'amour avec la jeune Zineb. La quête de liberté et la révolution par l'amour dans le Maroc d'aujourd'hui en pleine mutation. Fiche technique Autre titre : Libres d'aimer Titre en arabe : Jnah Lahoua Origine : Maroc Année : 2011 Durée : 1 h 53 min Réalisation : Abdelhai Laraki Scénario : Abdelhai Laraki - Violaine Bellet D'après le roman de Mohamed Nedal Image : Roberta Allegrini Caméra : Yacout Laraki Son : Taoufik Mekraz Montage : Marie Castro Décors : Mustapha Tabit Musique : Richard Horowitch Production : A2L Production Film - Zene Zéro Coproduction : S.N.R.T. Fiche artistique Omar Lotfi Ouidad Elma Zahira Saddiki Driss Roukh Abdou Mesnaoui Fatima Tihihit Amal Ayouch Mehdi Foulane Nisrine Radi Ahmed Aoulad Abdellatif Khammouli Noureddine Bikr Hamid Najah Mohamed Tsouli Amina Barakat Ahmed Reddani