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Explicitées par Hamid Chabat lors d'une conférence de presse : Les raisons de la décision de l'Istiqlal d'intenter un procès contre le chef du gouvernement
«Le comité exécutif du Parti de l'Istiqlal a décidé d'ester en justice contre le chef du gouvernement, qui s'est attribué les prérogatives du pouvoir judiciaire en s'accordant le pouvoir d'accusation et sa déclaration de refus de dénoncer les auteurs des fuites de capitaux à l'étranger, le rend susceptible d'en rendre compte à la justice», a déclaré samedi dernier, au siège du Parti de l'Istiqlal à Rabat, le secrétaire général du parti, Hamid Chabat, lors d'une conférence de presse organisée en marge de la tenue de la 4ème session ordinaire du Comité central. M. Chabat a indiqué qu'une commission composée de bâtonniers et de juristes a été constituée pour recourir en justice contre le chef du gouvernement, la procédure devant être entamée la semaine prochaine. A l'origine de cette affaire qui défraye la chronique, les déclarations de Abdellah Benkirane à la Chambre des Représentants lors de la séance mensuelle portant sur les questions de politique générale, mercredi dernier, où il a évoqué la fuite de capitaux tout en refusant d'en dénoncer les auteurs, accusant dans la foulée de manière à peine dissimulée, des acteurs politiques de compter parmi ces derniers. «La moralisation de la vie politique n'est ni un slogan, ni une marque commerciale» a tenu à souligner le Secrétaire général du Parti de l'Istiqlal. «C'est un comportement dont le but est de rendre sa crédibilité à l'acteur politique partisan, qui a été ciblé pendant de longues années afin de l'écarter de la bataille pour les réformes politiques et constitutionnelles. C'était là la concrétisation opérationnelle du contrôle exercé sur la scène politique dont nous avons tourné la page depuis le début de l'expérience de l'alternance consensuelle. C'était une réponse nationale qui veillait à ce que la nation soit le véritable vainqueur de la bataille des réformes, et non pas une ou quelques formations politiques». «La direction du Parti de l'Istiqlal a organisé cette conférence de presse afin de jeter toute la lumière sur les motivations et raisons qui ont poussé le parti et ses militants à mettre en branle une procédure judiciaire à l'encontre du chef du gouvernement, suite aux accusations qu'il a proféré lors d'une séance constitutionnelle et devant l'opinion publique», a expliqué le Secrétaire général de l'Istiqlal. M. Chabat a clairement résumé la situation créée par les déclarations du chef du gouvernement sous la coupole du parlement: «M. Benkirane doit avoir le courage de publier la liste des personnes coupables de fuites de capitaux et apporter la preuve de ses accusations contre les personnalités politiques qu'il a désignées comme en faisant partie, sinon, il ne lui reste plus qu'à démissionner». Le Comité exécutif du parti de l'Istiqlal a autorisé, par ailleurs, Mme Yasmina Baddou, ancienne ministre de la santé et membre du comité exécutif du PI, à entamer des procédures judiciaires contre le président de l'association de protection des deniers publics, qui avait accusé la dirigeante istiqlalienne d'avoir acquis de manière «suspecte», en 2010, deux appartements à Paris. Le fait est qu'il s'agit d'un appartement plutôt que deux, a précisé M. Chabat, dont l'acquisition s'est faite en 1998, soit à une époque où Yasmina Baddou n'assumait aucune responsabilité publique, et en franc français, c'est-à-dire avant même l'avènement de l'Euro. Et afin de montrer à tous que le Parti de l'Istiqlal n'a nullement l'intention de laisser quiconque ternir sa réputation, le Secrétaire général du parti est allé jusqu'à déclarer que «tout istiqlalien qui se voit accusé par des responsables et qui n'entame pas les procédures judiciaires qui s'imposent, se verra sanctionné conformément aux dispositions du règlement intérieur du parti». Dont acte ! «Nous acceptons la concurrence partisane honorable», a insisté M. Chabat. «Nous acceptons que le gouvernement use de tous les moyens légitimes que lui offre son statut constitutionnel. Mais nous n'accepterons nullement aucun dépassement de sa part, aucune tentative d'instrumentalisation des institutions constitutionnelles dans un affrontement politique». Le Comité exécutif du Parti de l'Istiqlal avait déjà dénoncé avec vigueur, dans un communiqué publié à l'issue de sa réunion hebdomadaire de jeudi dernier, «la transformation d'une séance consacrée à la politique générale et au contrôle de l'action gouvernementale en meeting pour discourir et régler des comptes politiques d'une manière qui altère et détourne les dispositions constitutionnelles, nuit profondément aux pratiques démocratiques et fait planer des menaces sur les acquis de notre pays au niveau des réformes politiques et démocratiques». Et dans un souci de transparence, le Parti de l'Istiqlal a décidé de demander, à travers ses groupes aux deux chambres du parlement, la constitution d'une commission d'enquête parlementaire au sujet des marchés d'acquisition de vaccins par le département de la santé, et ce aussi bien sous l'ancien que l'actuel gouvernements. «Notre recours à la justice est une réaction civilisée, celle d'un parti qui respecte le rôle des institutions et conçoit parfaitement le document constitutionnel qui est venu annoncer la naissance de la justice comme pouvoir pour la première fois dans l'histoire de notre pays. Aujourd'hui, à travers ce choix de recours à la justice, nous permettons à notre pays d'aller loin dans la réalisation concrète de l'Etat de Droit, au lieu de le momifier comme slogan faute de la vivacité qu'accorde la pratique».