Ennemis d'un jour, ennemis pour toujours. La tension entre le PJD (Parti de la justice et du développement) et le parti de l'Istiqlal (PI) ne cesse de monter. Après les déclarations du chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, au Parlement au sujet de biens et de comptes bancaires à l'étranger, le parti de l'Istiqlal qui s'est senti directement visé, ne compte pas baisser les bras. C'est même le branle-bas de combat dans l'état-major du PI. Bien que l'Istiqlal ait déjà annoncé sa décision de saisir la justice contre le chef de gouvernement, le secrétaire général du Parti de l'Istiqlal (PI), Hamid Chabat, a préféré s'adresser directement aux médias et l'opinion publique dans le cadre d'une conférence de presse samedi dernier à Rabat. Il semble que pour le PI, les accusations sont bien plus graves et l'affaire bien plus personnelle entre Chabat et Benkirane. Le secrétaire général de l'Istiqlal a choisi d'aller vers une attaque frontale, critiquant les liens qui existent entre le PJD et le MUR (Mouvement pour l'unicité et la réforme). Ce dernier est souvent présenté comme étant le bras prédicateur du parti de la lampe sur la scène nationale. Pour Chabat, le temps est venu pour séparer «le politique de la prédication». Il est donc clair que les deux formations politiques, que ce soit le PJD ou le PI, n'ont pas fini de régler leurs comptes après leur divorce politique suite à la sortie de l'Istiqlal du gouvernement. Les deux partis comptent aller jusqu'au bout et mettent les moyens nécessaires. Dans ce sens, le numéro un des istiqlaliens a annoncé la création d'une commission composée d'experts pour intenter un procès contre le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, au cours de la semaine prochaine. Chabat a indiqué que ladite commission d'experts, composée de bâtonniers et de juristes, a tenu vendredi dernier à Rabat une réunion consacrée à l'examen des volets juridiques de cette poursuite judiciaire, ajoutant que le chef de gouvernement sera appelé à «dévoiler la liste de toutes les personnes impliquées dans des affaires relatives aux fuites de capitaux et leur origine». Par ailleurs, le Comité exécutif du parti a autorisé Yasmina Baddou, dirigeante istiqlalienne, à intenter un procès contre le président de l'Association marocaine de protection des deniers publics qui l'a accusée d'avoir acquis de «manière suspecte» deux appartements à Paris. Chabat a souligné que «tout istiqlalien qui se voit accusé par des responsables et qui n'entame pas les procédures judiciaires qui s'imposent se verra sanctionné conformément aux dispositions intérieures du parti». Reste maintenant à savoir quelle sera la réaction du chef de gouvernement. Ce dernier avait refusé de donner des détails sur les informations dont il disposait sur les comptes bancaires à l'étranger lors de la séance mensuelle de questionnement sur la politique générale. L'affaire risque ainsi de prendre une nouvelle tournure après la saisine de l'Istiqlal. A noter que le parti a également décidé d'introduire une demande, par le biais des deux groupes parlementaires istiqlaliens, en vue de constituer une commission d'enquête au sujet du marché des vaccins aussi bien sous le gouvernement précédent que sous l'actuel Exécutif.