Heureuse initiative est celle de la chaîne 2M qui, à deux reprises, avait programmé des courts métrages documentaires marocains des années 60 grâce à la collaboration bienveillante du Centre Cinématographique Marocain (C.C.M.). Durant deux dimanches successifs, on avait eu droit à huit films de courte durée choisis autour de thèmes bien spécifiques que sont la ville et la campagne, un sujet bien prisé par le cinéma d'une certaine époque. Ce sont des films de production C.C.M. commandités par différents départements ministériels dans un but de «vulgarisation». C'est le terme choisi par les responsables successifs de cet établissement en particulier le très dynamique et patriote Omar Ghannam pour définir un cinéma destiné au grand public en vue de relever le degré de conscience de la populace et la sensibiliser à certains aspects de la vie sociale et économique au lendemain de l'indépendance tenant compte de l'analphabétisme qui sévissait à outrance parmi la population. C'était l'époque où le cinéma était destiné à jouer un rôle vital par le biais de l'organisme de tutelle amené à arrêter une politique de réel développement tant au niveau de la production qu'à celui de la diffusion, sachant que ces films étaient obligatoirement programmés par les 250 salles de cinéma que comptait le parc de l'exploitation. Des films à sujets déterminés et réalisés par des cinéastes bien formés sur le plan de la réalisation, de l'image et du montage en particulier. Quant aux scénarios, ils devaient marier entre le documentaire et la fiction en vue d'une meilleure communication avec le public ciblé. Le cinéma de «vulgarisation», initié au Maroc par les cinéastes-colons travaillant essentiellement pour le compte du C.C.M. ou les studios Souissi, s'est érigé en école au sein de laquelle les cinéastes nationaux, venus fraîchement de France ou de Pologne, ont eu leurs premières leçons pratiques et professionnelles. Le résultat est loin d'être décevant avec des films, parfois accompagnés de délicieuses anecdotes, mais dont l'approche fut sincère et le discours franchement direct à l'adresse d'un public qui gardera certes de bons souvenirs. Cette initiative, tout à l'honneur de la chaîne 2M, provoque un double but au moins. Elle permet aux générations actuelles de côtoyer la production nationale d'autrefois et se familiariser avec des films qu'ils ne connaissent peut-être que de titres. Comme elle permet de puiser dans nos archives communes et enter en contact, par l'image et le son, avec le Maroc d'hier, le mode de vie et les préoccupations de nos parents et grand-pères. Un seul point noir néanmoins: quelques films réalisés en couleurs ont été diffusés en noir et blanc. Avait-on droit de dénaturer la réalité même si ancienne soit-elle?