Le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CCME) a célébré, lundi soir à Casablanca, le trentenaire de la Marche pour l'Egalité et contre le Racisme, menée par des jeunes français des banlieues issus de l'immigration maghrébine du 15 octobre au 3 décembre 1983. Cette commémoration a été marquée par une rencontre avec le co-auteur Adil Jazouli, sociologue et membre du CCME, autour de son livre la "Marche pour l'égalité, une histoire dans l'Histoire". Le co-auteur a souligné que la marche était une belle aventure civique ou des jeunes maghrébins ont demandé tout simplement d'être traités d'une manière normale comme les autres citoyens, notant que par devoir de mémoire, ce livre a été réalisé pour rester comme un témoignage personnel. Pour le président du CCME, Driss El Yazami, cette commémoration est un événement très important, la marche dite des "beurs" est partie avec quelque dizaines de marcheurs pour arriver à 100.000 personnes qui les accueillaient. "C'est une source d'inspiration pour les nouvelles générations pour lutter pour l'égalité et contre la discrimination et la xénophobie en Europe", a-t-il fait savoir notant que cette marche donne un bel exemple de tolérance et d'espoir. Cette commémoration a été également rehaussée par la projection, en avant-première, du film "La Marche", du réalisateur Nabil Ben Yadir au Studio des Arts Vivants de la capitale économique, en présence du réalisateur. "La Marche" est un long métrage qui relate l'histoire d'une poignée de jeunes partis de la cité des Minguettes à Vénissieux, banlieue de Lyon, pour délivrer contre la violence, le racisme et l'injustice, un message d'égalité de paix et de non-violence, a expliqué le réalisateur notant qu'après plusieurs semaines, ces jeunes marcheurs arrivent à Paris, le 3 décembre 1983, accueillis par plus de 100.000 personnes dans une ambiance à la fois grave et joyeuse. Partis dans l'indifférence quasi générale, la marche est peu à peu devenue un événement politique majeur considéré comme un acte fondateur pour la jeunesse des banlieues, a-t-il poursuivi. A travers le pays, les jeunes issus de l'immigration mais aussi de nombreux français se sont identifiés aux marcheurs et rejoindront ce que l'on nommera un temps le "mouvement beur". Malgré les difficultés et les résistances rencontrées, le mouvement va faire naître un véritable élan d'espoir à la manière de Gandhi et de Martin Luther King puisqu'il unira à son arrivée plus de 100.000 personnes venues de tous les horizons et qui donneront à la France son nouveau visage, a-t-il poursuivi. Né en 1979 à Bruxelles, Nabil Ben Yadir a fait des études en électromécanique à l'institut René-Cartigny d'Ixelles, avant de réaliser, en 2005, son premier court métrage "Sortie de clown", un essai préparatoire à son premier long métrage "Les Barons" qui remporte le Prix du Jury au Festival de Marrakech en 2009. A rappeler que le film "La Marche" a été projeté, dimanche, dans le cadre de la 13ème édition du festival international du film de Marrakech (FIFM).