Inédit. Une tente sahraouie a été dressée en plein centre de Rome, théâtre, durant trois jours (14 au 16 courant), de manifestations culturelles célébrant l'amitié entre l'Italie et le Maroc, deux pays dont l'histoire millénaire a marqué la civilisation dans le pourtour méditerranéen. «La Khayma de Rome», qui symbolise tout un héritage culturel des provinces du sud du royaume, a, en même temps, fasciné et surpris italiens et touristes étrangers de passage dans la ville éternelle. Montée devant la célèbre Université pontificale Grégorienne, lieu chargé d'histoire, qui abritait également une exposition de produits de l'artisanat de ces provinces, cette tente renvoie, selon un romain, à «une vie sobre et exotique, mais pleine de charme». Son amie, qui suit avec admiration la scène qui s'offrait à ses yeux (la cérémonie de thé servi au moment où une troupe populaire du sud du royaume animait un spectacle), enchaînait : «j'adore ! cela me rappelle un agréable séjour à Merzouga''. Le temps de monter et démonter «Al Khayma», dernier acte d'une série de manifestations hautement appréciées par les acteurs de tout bord y ayant pris part, tout a été exploré pour approfondir la connaissance de l'autre et bannir l'ignorance et les préjugés dans les relations inter-humaines. L'Idée d'installer une tente sahraouie au centre de Rome était, somme toute, à la fois, selon les témoignages d'italiens et de marocains, «simple et géniale'' tant qu'elle avait donné lieu, en toute spontanéité, à un débat englobant des disciplines aussi différentes que complexes allant de la sociologie à l'histoire en passant par le politique. «Admirer la beauté d'un tapis, chercher à se faire une idée sur la tenue vestimentaire de l'autre, boire du thé versé, d'une manière aussi différente de la nôtre, à partir d'une théière qui en dit beaucoup sur tout un art et une civilisation bien ancrée, ou encore écouter des chants et une musique d'artistes venus de loin, sont vraiment autant de gestes qui nous rapprochent les uns des autres'', observait une universitaire italienne. Sa sœur, une photographe, renchérit Robet Capa disait «si tes photos ne sont pas assez bonnes, donc vous n'étiez pas assez proche». Conclusion, a-t-elle poursuivi, «pour comprendre un phénomène ou pour comprendre un peuple, vous n'avez d'alternatives que de vous rapprocher, manger et chanter avec lui». En effet, italiens et marocains ont, au cours de trois jours, essayé de réfléchir sur leurs relations bilatérales à travers un moyen aussi simple qu'efficace : la culture. Celle-ci, comme l'avait souligné, à l'ouverture d'une table ronde organisée dans le cadre de ces Journées, la ministre déléguée auprès du ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, Mme Soumiya Benkhaldoun,''montre à quel point la culture est formidable atout dans la mondialisation, parce qu'elle exprime notre identité et nous permet de diffuser dans le monde notre image de marque, nos valeurs, nos musiques, nos couleurs, nos traditions et notre patrimoine''. Du patrimoine culturel, le président de la Chambre des conseillers, M. Mohamed Cheikh Biadillah, a choisi de mettre l'accent sur la «gestion du pluralisme culturel au Maroc'' mettant en valeur les multiples aspects de la culture et la langue hassanies, qui sont partie intégrante du riche patrimoine culturel marocain. Selon lui, l'artisanat, à travers ses multiples produits et ses divers aspects, n'est, somme toute, qu'une des composantes du riche patrimoine culturel d'une nation donnée. Elle est également l'une des expressions culturelles créatives locales qui ‘se fondent dans un mélange savant entre authenticité et modernité, entre ce qui est local et ce qui est universel'', a-t-il fait observer. Evoquant les principales caractéristiques de la culture hassanie, M. Biadillah a indiqué que celle-ci est partie intégrante de l'identité marocaine plurielle et se base sur un référentiel riche dont le Saint Coran, le Hadith, la poésie, les maximes et les traditions sociales. La langue hassanie est la langue maternelle de la majorité des marocains habitant dans la région s'étendant de l'Oued Noun jusqu'aux frontières mauritaniennes. Elle est également parlée par des populations installées dans l'espace géographique allant de Guelemim dans le sud du Maroc jusqu'aux frontières du Sénégal et de la Mauritanie, d'une part, et du nord du Mali et le sud-ouest de l'Algérie, d'autre part. Artisan infatigable de ces Journées organisées sous le thème «la culture du désert», l'ambassadeur du Maroc en Italie, M. Hassan Abouyoub, n'a pas caché sa «grande surprise» et sa «grande satisfaction» suite au succès et les échos favorables de cette manifestation auprès du public italien. «Nous sommes surpris par la grande affluence du public italien, mais également étranger», a-t-il dit, se félicitant du «haut niveau des convives qui ont pris part à ces Journées ainsi que de la qualité des interventions qui ont traité, avec pertinence, de nombre de questions notamment économique et culturelle concernant les relations maroco-italiennes». «Le Maroc, sous la Haute conduite éclairée de SM le Roi, jouit d'une excellente réputation dans les milieux politiques, économiques et culturels italiens comme en témoignent ces Journées qui ont réalisé des résultats qui vont au-delà de nos espérances'', a-t-il ajouté, estimant que le succès de cette manifestation «nous met devant un défi majeur, celui de faire encore mieux à l'avenir pour lutter contre les préjudices, les malentendus et les injustices commis par le passé''. Pour ce faire, a-t-il ajouté, la culture, dans son acceptation la plus large, est un outil d'une grande efficacité pour rapprocher davantage les deux pays et à travers eux favoriser les relations de coopération et d'amitié entre les deux rives de la Méditerranée. Les relations séculaires entre les deux pays, les valeurs qu'ils ont en commun, les énormes potentialités dont ils regorgent et les affinités qui existent entre leurs peuples sont autant d'atouts qu'il faut mettre à profit pour construire des bases et des relations solides tant sur le plan humain qu'institutionnel, a-t-dit. ‘'Il est temps que les deux pays oeuvrent pour mettre en place de nouveaux mécanismes de coopération à même de déboucher sur un partenariat stratégique», a-t-il affirmé.