La Chine devrait connaître de nouveaux pics de pollution atmosphérique cet hiver en raison d'une pénurie chronique des approvisionnements en gaz naturel qui obligent les particuliers et les entreprises à se chauffer au charbon. Le problème de santé publique est particulièrement préoccupant dans le nord du pays qui a compté sur le charbon comme première ressource énergétique pendant des décennies. Dans cette partie de la Chine l'espérance de vie est de cinq ans et demi inférieure à celle recensée dans le sud, indiquaient des chercheurs chinois et étrangers en juillet. La mégapole d'Harbin au nord-est, qui compte onze millions d'habitants, a pratiquement été contrainte de cesser toutes ses activités la semaine passée en raison de la pollution de l'air qui était 50 fois supérieure au plafond recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Une alerte de même nature avait été lancée à Pékin en janvier. «Je pense que nous allons à nouveau connaître de graves incidents de pollution atmosphérique à Pékin cet hiver», a dit Alvin Lin, directeur de la Politique climatique et énergétique chinoise pour le Conseil de défense des ressources naturelles basé aux Etats-Unis. La Chine considère que le recours au gaz naturel pour le chauffage domestique peut constituer une manière de limiter la pollution atmosphérique. Mais la production ne parvient pas à satisfaire la demande. Selon un spécialiste des énergies renouvelables, la production de gaz peut couvrir les besoins de grandes villes comme Pékin mais elle n'est pas en mesure de satisfaire les autres agglomérations du nord du pays. La pénurie a contraint le gouvernement à imposer un rationnement dans la distribution du gaz et à interdire la construction de nouvelles centrales électriques au gaz. Selon les estimations, la pénurie de gaz cet hiver pourrait être en augmentation de 10% par rapport à l'an passé, des usagers ayant changé de moyens de chauffage. Le gouvernement a annoncé qu'il allait relever le plafond d'utilisation du gaz naturel à 230 milliards de mètres cubes en 2015 soit plus du double de la consommation de 2010. Les villes chinoises figurent parmi les plus polluées du monde, la capitale Pékin (Beijing en anglais) étant parfois surnommée «Greyjing» ou «Beige-jing». Selon les données du ministère chinois de l'Environnement, le taux de pollution a été supérieur aux critères nationaux 62% du temps pendant le troisième trimestre. Des alertes à la pollution ont été mises en place, prévoyant la limitation de la circulation automobile ou l'arrêt de certaines usines en cas de pollution durant plus de trois jours consécutifs.