Le Parti de l'Istiqlal et l'Union Socialiste des Forces Populaires qui avaient annoncé, par communiqué en date du 15 juillet 2013, le lancement de leur coordination et après la constitution d'une commission conjointe chargée d'élaborer un document référentiel et un plan d'action, lesquels documents ont été soumis aux directions des deux partis qui les ont entérinés, annoncent ce qui suit : Les deux partis expriment leur fierté d'appartenir au Mouvement National dont les racines sociales ont pris naissance dans les villes et campagnes marocaines qui avaient rejeté le régime du protectorat et aspiré à l'édification de l'Etat national démocratique. Il rappellent que le Mouvement National avait lié l'indépendance du Maroc au retour au pays du Roi légitime, une indépendance fondée sur une conception claire de la nature du régime politique du Maroc nouveau, c'est-à-dire un régime monarchiste démocratique avec des institutions issues du choix du peuple, consacrant la séparation réelle des pouvoirs et le respect des droits individuels et collectifs, en lieu et place du régime traditionnel de l'avant protectorat et du régime absolutiste et despotique auquel avait planifié un groupuscule d'affidés au colonialisme. L'Union Socialiste des Forces Populaires et le Parti de l'Istiqlal possédaient et possèdent toujours la vertu de la défense du pays et de la stabilité de son régime politique malgré l'existence de différends profonds avec ses symboles. Nos deux partis n'ont jamais changé cette orientation dans les moments difficiles. Ils ont toujours constitué un soutien et un rempart solide face à tout ce qui menaçait la stabilité lors des soubresauts que le pays a connus aux débuts des années 1970. Si la Koutla nationale a rempli ses missions dans ces circonstances précises, le soutien politique inconditionnel à l'appel de 1975, pour la libération des provinces du Sud, devait en principe présider à une nouvelle ère et le processus démocratique devait obligatoirement se déclencher pour parer à toutes les formes de dysfonctionnements économiques, sociaux et culturels et pour présider à l'alternance politique dans la gestion des affaires publiques et l'ouverture des chantiers de développement et des réformes constitutionnelles et politiques. Mais l'Etat avait choisi à l'époque d'étouffer les deux partis nationaux et d'enfanter des entités partisanes hostiles au droit du peuple à choisir ses représentants et tirant profit de la rente politique et économique, offrant ainsi à l'Etat totalitaire une couverture de pluralisme démocratique représentatif. La rupture préméditée des contrats n'a pas pour autant entamé la volonté des deux partis malgré l'absence des conditions de confiance due notamment à la falsification systématique de la quasi-totalité des élections communales et législatives, à la répression des mouvements de protestation estudiantins et ouvriers, aux licenciements des ouvriers et de milliers de salariés, parallèlement à l'incapacité des gouvernements successifs à solutionner les problématiques économiques qui ont placé le pays sous la tutelle des institutions financières internationales. Nous avions ainsi perdu la souveraineté sur notre économie et nous avons été pris otages de la politique de l'ajustement structurel qui a créé un grand fossé entre les catégories sociales et des écarts faramineux entre les régions et les provinces. Devant cette situation de crise, le Parti de l'Istiqlal et l'Union Socialiste des Forces Populaires n'avaient d'autre choix que d'assumer leurs responsabilités et chercher pour le pays des sorties à même de le sauver de l'effondrement. Le front syndical fut alors une introduction à la coordination entre les deux formations politiques. La coordination pour le succès de la grève générale du 14 décembre 1990, avait alors apporté de l'espoir et encouragé le renforcement du rapprochement, l'unification du discours et l'harmonisation de la vision. Les rencontres entre les deux partis ont été couronnées par la présentation d'une motion de censure à la Chambre des Représentants, la présentation d'un mémorandum commun sur les réformes politique et constitutionnelle, la constitution de la Koutla démocratique et, enfin, la présentation d'un candidat commun aux élections législatives de 1993. Toutes ces actions portaient en elles un message politique traduisant la sincérité des intentions des deux partis à protéger et préserver la stabilité du pays et ses institutions. La Koutla démocratique a joué un rôle central face à la menace de la « crise cardiaque », dans les circonstances connues de tous. Il était demandé à l'USFP et à l'Istiqlal de mener l'expérience gouvernementale en 1998 et 2007 dans les conditions d'une crise complexe et sur la base de la Constitution de 1996 qui limitait l'action du Premier ministre et du gouvernement, en plus d'une configuration non homogène de la majorité. Accepter alors d'assumer la responsabilité émanait de la sincérité des intentions, de la confiance en l'avenir et du souci de sauver le pays avant toute autre considération. Les faits et développements ont constamment affirmé qu'à chaque fois que les efforts des deux partis sont unifiés dans le cadre d'une alliance claire et sur la base d'engagements réels, le pays parvient à réaliser les acquis et à cumuler les réalisations. Par contre, à chaque fois que les deux partis empruntent une autre voie, les forces hostiles à la réforme et à l'évolution parviennent à neutraliser les efforts de progrès. Aussi, l'échec des deux partis à se mettre d'accord sur ce genre d'engagements, au lendemain des élections législatives de 2002, a fait rater au pays une occasion historique et a été à l'origine de la non observation de la méthodologie démocratique. Cette étape doit constituer une leçon bénéfique pour les deux partis, dans le présent et dans l'avenir, afin de barrer le chemin aux ennemis de la démocratie. Si notre pays est parvenu à répondre positivement à la dynamique populaire il y a plus de deux ans avec un esprit réformiste anticipatif couronné par le discours historique du 9 mars 2011 et ce qui s'en est suivi comme mise en place de la commission nationale d'élaboration de la Constitution qui fut accompagnée par un mécanisme de suivi politique, nous affirmons aujourd'hui que le militantisme historique des deux partis pour la démocratie, les Droits de l'Homme et la suprématie de l'Etat de droit, à côté du militantisme des forces nationales, a constitué un important patrimoine qui a permis des réformes fondamentales et ouvert la voie devant des chantiers de développement importants. Mais ce qui a suivi ce dynamisme a été contraire aux aspirations du rang démocratique puisque les résultats des échéances du 25 novembre 2011 ont permis au parti obscurantiste d'occuper la première place et de former un gouvernement non homogène dominé par ce parti dont les envies déclarées cherchent à revenir sur tous les acquis constitutionnels, entraver le travail des institutions, opter pour les solutions faciles aux problèmes économiques à travers l'augmentation des prix des carburants et l'atteinte au mouvement syndical, entre autres décisions anti-populaires qui ont dévoilé l'incapacité de ce parti à assumer la responsabilité gouvernementale et ses dangereuses intentions de faire main basse sur l'Etat et la société. Dans ce contexte précis, le Parti de l'Istiqlal a assumé sa responsabilité historique et s'est retiré de la majorité gouvernementale pour regagner l'opposition aux côtés de l'Union Socialiste des Forces Populaires, mettant ainsi un terme à la confusion politique dont a tiré profit le parti réactionnaire à faire valoir une vision politique claire à écho certain dans notre tissu social. L'Istiqlal et l'USFP, convaincus de leur mission héritée de la génération combattante pour l'indépendance du pays et son progrès, œuvreront dans le cadre de la complémentarité pour cumuler les acquis positifs et useront de tous les outils légitimes et disponibles en vue de mobiliser les énergies de notre société pour la mise en œuvre démocratique de la Constitution. Un dialogue national sur la procédure et le contenu de la mise en œuvre de cette dernière devait, en principe, être organisé en application des principes contenus dans le texte constitutionnel et relatifs à la démocratie participative, aux droits de l'opposition, à la contribution de toutes les forces de la société à décider de leur sort et avenir dans le respect de l'esprit du consensus qui a dominé l'élaboration du texte constitutionnel et son adoption. Aussi, les deux partis coordonneront leurs efforts pour garantir la mise en œuvre de la Constitution et son interprétation démocratique. Ils organiseront à cet égard un débat national avec la participation de leurs cadres, des forces syndicales, sociales, culturelles, humanitaires, les opérateurs économiques et intervenants des différentes catégories sociales. De même que les deux formations politiques s'engagent à coordonner au sujet des propositions et projets de loi soumis au Parlement, qu'il s'agisse des lois organiques, du découpage territorial, des modes de scrutin ou des réformes politiques et administratives, et ce, afin d'édifier l'Etat démocratique. Les deux partis, convaincus de la nécessité de préserver les acquis aujourd'hui menacés plus que jamais, agiront dans le sens de soutenir et d'encourager la coordination entre les syndicats et militeront pour contrecarrer l'atteinte aux droits syndicaux et à la pratique des libertés politiques, associatives, culturelles et artistiques. Face à la crise économique et sociale, les deux partis assumeront ensemble leurs responsabilités et présenteront des alternatives aux politiques improvisées du gouvernement, aussi bien au sujet de la réforme de la Caisse de Compensation et des régimes de la protection sociale que des mesures qui ont aggravé la crise et entraîné notre pays dans le labyrinthe de l'endettement, de la hausse des prix, de la prolifération du chômage et du gel des salaires. Les deux partis affirment, en outre, que leur coordination englobera les prochaines échéances électorales conformément aux formes qui seront soumises à leurs structures nationales, régionales, provinciales, locales et sectorielles pour approbation. La traduction de ces orientations fondamentales se fera à travers un programme et un plan d'action appuyés sur le communiqué commun et qui constitueront un contrat solide entre le Parti de l'Istiqlal et l'Union Socialiste des Forces Populaires pour faire partager les convictions communes avec les militants des deux partis et présenter des solutions alternatives qui répondent aux attentes des citoyennes et citoyens et qui font face aux défis. Nous proposons, dans ce contexte, des activités reposant sur différents axes : 1- La tenue de rencontres d'étude nationales regroupant toutes les directions nationales pour engager le débat et le dialogue entre les directions nationales des deux partis et les cadres et experts sur les questions de la réforme politique, économique, sociale et culturelle ainsi que sur la mise en ouvre de la Constitution. 2- Etablir un calendrier précis des réunions bilatérales entre les directions nationales des organisations, alliances et organes des deux partis, réunions à tenir dans différentes provinces et villes et à accompagner médiatiquement de manière soutenue, afin de créer un climat général de mobilisation. 3- La tenue d'une conférence sur la situation économique, sociale et culturelle avec la participation des économistes des deux partis, des parlementaires et autres intéressés par la question pour procéder aux analyses nécessaires et proposer les alternatives. 4- L'organisation d'une caravane nationale commune à travers grandes villes, localités, campagnes et zones éloignées, pour mobiliser leurs bases. Arrêter un thème à la caravane qui pourrait prendre son départ à l'occasion de l'anniversaire du 11 janvier qui constitue une grande étape nationale pour les deux partis. 5- La tenue de rencontres nationales, régionales et locales entre les élus istiqlaliens et ittihadis pour examiner les questions des collectivités territoriales et du développement local. 6- La tenue d'une rencontre d'étude entre les groupes parlementaires des deux partis sur la question de l'intégrité territoriale. 7- Des décisions organisationnelles à communiquer par les directions des deux partis à leurs instances provinciales et régionales en vue de tenir des réunions et rencontres pour l'entame de l'action commune aux niveaux local, provincial et régional. 8- Veiller à la participation des militantes et militants des deux partis à l'ensemble des activités et manifestations organisées par les deux partis. 9- La constitution d'une Commission nationale chargée d'engager la réflexion sur les formes idoines de soutien à l'organisation de festivités communes à l'occasion de la fête internationale du travail le 1er mai 2014. 10- L'organisation d'une conférence nationale interne entre les deux partis sur l'Histoire de l'action commune, particulièrement pendant l'opposition pour maintenir vivace la mémoire nationale et planifier l'avenir. 11- Accorder la priorité dans l'action commune entre les deux partis aux organisations féminines, et à celles des jeunes, des étudiants et scolaires. 12- Prendre des initiatives communes à l'étranger aussi bien à l'adresse des organisations des deux partis ou de certains partis et organisations internationales, qu'à l'adresse des Marocains résidant à l'étranger et dynamiser la diplomatie parlementaire et parallèle des deux partis. 13 – Les deux partis comptent unifier leurs visions par rapport aux questions des libertés individuelles, aux problématiques de l'avortement et de la peine de mort, au mariage des filles mineures, et ce, en conformité avec les évolutions que connaît la société, partant de l'esprit de la Constitution. 14 - Créer une commission commune entre les deux partis chargée du suivi permanent des évolutions de la question de notre intégrité territoriale, ainsi que le dossier des frontières maroco-algériennes. Les deux partis affirment à cette occasion leur ferme volonté à appliquer le contenu de cette plate-forme référentielle et décident, pour ce faire, de dynamiser de nombreuses mesures organisationnelles internes. Ils annoncent à cet égard que le comité de coordination entre les deux partis, constitué en vertu du communiqué du 15 juillet, a été chargé du suivi de l'exécution des dispositions du présent document. Convaincus de l'importance du succès de cette initiative destinée à faire face aux différents défis et difficultés et à servir l'intérêt général de toutes les catégories du peuple marocain, initiative qui constitue un pari pour l'ensemble des militants des deux partis, l'Istiqlal et l'USFP affirment qu'ils déploieront tous les efforts pour mobiliser leurs potentialités humaines, intellectuelles et militantes afin de remplir cet engagement. Ils annoncent l'entame du travail pour l'élaboration d'un document, dans les courts délais, comprenant leur vision unifiée pour le traitement de l'ensemble des dossiers : - Le dossier économique dans ses aspects agricole, industriel, commercial, de service et social qui englobent les questions de l'emploi, de l'habitat, de l'enseignement, de la formation, de la santé, de la femme, de la jeunesse, de l'enfance. - Le dossier culturel intéressant l'identité marocaine arabe et amazighe dans le cadre de l'Islam du juste milieu et de la tolérance qui consacre les libertés, la créativité et la pensée. - Le dossier des réformes politiques pour l'édification de l'Etat démocratique moderne.