Le Monde vient de perdre une star du cinéma, une des stars marocaines d'envergure internationale. Si l'Egypte est dotée de sa star de renommée mondiale en la personne d'Omar Sharif, le Maroc pouvait être fier de son Amidou, avec un peu moins d'importance bien sûr. Sa disparition aurait provoqué un événement si les médias étaient conscients de sa valeur. Or, il n'en est rien. De nationalité française depuis des décennies, Amidou avait droit que son décès soit signalé sur les chaines d'information en particulier Itélé et BFM, connues pour signaler les moindres détails. Niet. Seule la chaine France 24 avait informé dans la précipitation ses téléspectateurs de cette subite disparition. Et pourtant, Amidou avait sacrifié sa jeunesse et sa vieillesse pour servir le cinéma français. C'est de la pure ingratitude entachée de racisme de la part de ces médias. Sinon, comment expliquer, à défaut de justifier cette indifférence envers un acteur complet à qui on n'a pas hésité d'attribuer des rôles principaux au bon plaisir du public français convaincu de la prestance du comédien? Du coté des médias marocains, la situation n'est moins pas meilleure. Artiste marocain qui a imposé son nom sur la scène internationale, en Europe comme en Amérique, la disparition d'Amidou méritait plus d'attention sur les chaines publiques. Prises au dépourvu par ce regrettable décès, les chaines publiques retrouvaient l'amateurisme de jadis en annonçant deux âges différents du défunt comédien, 71 ans et 78 ans. Qui croire? Ce n'est pas le plus important. Ces chaines, à l'instar des chaines internationales, à l'annonce d'une importante disparition, apportaient habituellement un léger réaménagent à leurs programmes pour marquer l'événement et surtout être au diapason avec le sentiment général du public marocain affecté profondément par cette lourde et conséquente disparition. On l'a déjà fait par le passé concernant Hassan Skalli, Mohamed Benbrahim et bien d'autres, en diffusant des films et des émissions anciennes dans un but de reconnaissance du mérite des acteurs. Amidou ne méritait-il pas un meilleur sort médiatique? La reconnaissance, Amidou l'aurait pressentie auprès de ces collègues artistes et comédiens. Lors des funérailles de l'acteur, survenues au cimetière Chouhada à Rabat, sa ville natale, le dimanche 22 septembre 2013, la déception était de rigueur. Hormis quelques personnalités politiques, officielles et officieuses, et quelques professionnels du cinéma qui ont fait le déplacement, producteurs et cinéastes confondus, seule une dizaine de comédiens sont venus partager la douleur collective. C'est très peu quand on dénombre plus de 200 acteurs et actrices qui pullulent dans le domaine. Le monde artistique, en particulier la génération actuelle, est-il si ignorant de l'apport de cet acteur au parcours singulier et à la carrière fulgurante? Amidou, conscient de cette ignorance, n'hésitait pas à dévoiler son amertume. Ses propos, dont nous avons évité de reproduire les plus durs, traduisaient si bien sa colère. Décoré très tardivement dans le cadre d'un festival qu'il n'a pas hésité à critiquer à juste titre, il n'a rien reçu de la part de l'Etat marocain dont il a hissé si haut le drapeau. C'est pour ces raisons que la colère a accompagné Amidou jusqu'à sa dernière demeure.