Pendant longtemps, on a cherché à identifier le cinéma marocain sans vraiment y parvenir. Les professionnels hésitent à évoquer un cinéma marocain proprement dit. Ils préfèrent parler prudemment, plutôt de films en l'absence de critères clairs identifiant le produit. Ceci est spécifique à notre cinématographie. Mais qu'est-ce qui entrave une telle identification au moment où l'on évoque avec aisance un cinéma égyptien, hindou, américain, français ou africain ? Plusieurs critères interfèrent tous déterminants dans cette identification. La thématique est un facteur important touchant une société qui vit ses propres spécificités avec ses coutumes, ses mœurs et ses habitudes, bonnes ou mauvaises. L'espace inculque au film une originalité toute particulière le distinguant des autres produits. Cependant, ce n'est pas suffisant pour attribuer une nationalité au film. Pour citer un exemple concret, «La source des femmes» reste le meilleur modèle de genre: son sujet est amplement marocain, en plus il est entièrement tourné dans le sud du pays à tel point que le film est vendu en DVD dans les quartiers populaires en tant que film marocain. Et pourtant, ce film, avec peu de comédiens nationaux, est un film d'identité française par sa production et son réalisateur et même la comédienne principale, malgré que la société française est carrément absente. Parfois, c'est la nationalité du réalisateur qui détermine la nationalité d'un film et de surcroit son identité. Un autre exemple tout aussi significatif: Rochdy Zem est un acteur français d'origine marocaine. Son film «Omar m'a tuer» a participé à des festivals de cinéma en tant que film, parfois français, parfois marocain. Cela dépend de la spécificité de ces festivals et de leur importance. Il a même représenté le Maroc dans la course aux Oscars et pourtant la Maroc n'a pas participé à sa production. Et à propos de la production, elle fut le seul critère déterminant quant à l'identité d'un film. Luis Bunuel, de nationalité espagnole, avait réalisé des films portant des identités espagnole, française ou mexicaine, parfois en coproduction, cela dépend du système de production de chaque film. En fait, on a beau essayé de cerner l'identité des films sans pouvoir dégager des critères clairs, car on peut toujours des exemples mais, hélas, des contre-exemples.