Certains parlent de blague, d'autres ont pris la chose avec beaucoup d'humour, d'autres encore estiment l'ambition bien trop grande pour une ville jugée "incapable de relever le défi". Mais toutes ces réactions sont à mettre sur le compte de la surprise, car rien n'empêche de voir grand et de s'en donner ensuite les moyens par l'engagement, le sérieux et l'action concr7te. En prenant la décision de présenter sa candidature pour organiser les Jeux Olympiques 2024, la ville de Meknès, avant de défier les grandes métropoles mondiales, se lance d'abord un défi à elle-même. Avoir une telle ambition, suppose avoir confiance en soi, en ses moyens et en ses capacités à convaincre pour pouvoir vaincre. Tout ceci se construit, à condition d'y mettre l'énergie nécessaire et la stratégie pluridimensionnelle conséquente. C'est, tout d'abord, une question de volonté. Et cette volonté semble être bien réelle et partagée puisque le Conseil de la ville de Meknès a adopté, le mercredi 7 août 2013, à l'unanimité de ses membres, la proposition de candidature de Meknès pour abriter la prestigieuse manifestation olympique mondiale. A la charge des élus de Meknès de faire, à présent, preuve de persévérance, de combativité et de perspicacité pour pouvoir transformer leur initiative en projet réellement défendable. Par le vote du Conseil de la ville, la proposition est donc bel et bien lancée. La procédure pourra être entamée par le Comité National Olympique Marocain (CNOM) une fois la ville hôte des JO 2020 sera élue le 7 septembre 2013 à Buenos Aires. D'aucuns souhaitent qu'un système d'alternance entre continents soit instauré et que l'Afrique, qui n'a jamais abrité les JO, soit enfin retenue. Si tel est le cas, le Royaume du Maroc, comme l'avait déclaré une fois Jacques Rogge, le Président du Comité international olympique, possède de très fortes chances. L'opportunité est donc bien choisie par les Meknassis. Parmi les favoris en lice pour les JO 2020, figurent Istanbul, Madrid et Tokyo. Si Madrid l'emporte, les olympiades 2024 ne se dérouleront alors pas en Europe, système de rotation oblige. Même scénario en cas de victoire des Turcs ou des Japonais. La porte à une candidature africaine doit alors s'ouvrir, en toute logique, pour que le continent noir puisse abriter la compétition olympique en 2024. Mais un concurrent de taille risque toutefois de se manifester: L'Afrique du Sud (encore !) qui est également attirée par l'idée d'être le premier pays africain à accueillir les JO après avoir été le premier à organiser la Coupe du monde de football. Pour Mohammed Belmahi, président de la Fédération Royale Marocaine de Cyclisme et membre du Conseil de la ville de Meknès, qui supervisera le conseil chargé de préparer le dossier de candidature, la perspective est particulièrement existante : "Je suis très heureux de l'intérêt porté par Meknès, par ses habitants et ses potentialités pour les JO de 2024" dit-il avant de mettre en avant toute la fierté qui sera celle du Maroc en tant que premier pays arabe et africain à organiser ces jeux. Organiser des jeux olympiques, assure-t-il, présente des avantages de taille. Le premier est une hausse du dynamisme économique de la région Meknès Tafilalet et de tout le Maroc. "Lors de la présentation du projet, le gouvernement doit mettre à disposition des infrastructures à la hauteur, qui vaudraient au Maroc d'être élu pays organisateur". La candidature à l'organisation des Jeux Olympiques exige en tout cas d'aménager la ville olympique "Meknès". Poursuivant son argumentaire, Belmahi précise : "Les investissements peuvent être aussi avantageux dans un contexte différent de celui des Jeux. L'amélioration des transports en commun aura un effet bénéfique sur le long terme. Il en va de même pour le renforcement des infrastructures sportives qui seront réutilisées pour d'autres manifestations telles que le Championnat du Monde d'Athlétisme. De plus, le Parc Olympique qui s'étendra sur plusieurs kilomètres (de préférence entre 2 et 3 km2) devrait laisser place à des logements, ainsi qu'à un campus universitaire et des bureaux. Le projet, une fois achevé, aboutira à la création d'un grand Parc Urbain. La mise en œuvre de ce projet nécessitera plus de 10 000 ouvriers qui vont participer aux travaux colossaux. La création de ce Parc Olympique va donc permettre de créer aussi de nombreux emplois. L'autre avantage majeur concerne le tourisme : ce genre d'évènement sportif attire de nombreux passionnés des quatre coins du monde qui n'hésiteront pas à dépenser leur argent pour vivre pleinement cette expérience insolite. Les étrangers qui se rendent aux Jeux Olympiques doivent tout d'abord acheter des billets pour pouvoir assister aux matchs, aux courses... Ensuite, ils se trouvent dans l'obligation de dépenser de fortes sommes pour leur bien-être, leur hébergement, leurs repas, sans parler des souvenirs et des gadgets". Il ne faut pas également oublier le caractère unique d'une cité millénaire lourde d'histoire et carrefour historique des civilisations, avec notamment la ville Romaine de Volubilis. Le statut de "patrimoine universel" d'une ville classée par l'Unesco est aussi à mettre en avant. Y. A.