Presque toutes les chaînes de télévision, publiques et privées, partout dans le monde, programment des émissions reposant sur des caméras cachées ou caméras invisibles. L'objectif est essentiellement de distraire le public et il n'y a pas de mal à cela. Cette manière de réaliser ces émissions nécessite une grande part d'intelligence et de malice de la part du réalisateur pour pouvoir atteindre le but escompté. Car il y a bien un but, c'est celui de créer une grande surprise à la «victime» à la fin de l'émission, délivrée enfin de ses contraintes, à la grande satisfaction du public, érigé, lui, en témoin potentiel dans cette supercherie télévisuelle. S'il y a un avantage que la télévision a pris sur le cinéma, en plus des matchs de football et des informations, c'est bien celui de la caméra cachée. Le cinéaste sud-africain, Jamie Uys, en 1976, réalisait un film à sketches : «Dieu me savonne», qui est une suite de scènettes fonctionnant sur le principe de la «Caméra Invisible», mettant en scène divers personnages placés à leur insu dans des situations incongrues ou insolites. C'est un film comique, de fiction, à l'instar des autres productions de l'auteur des «Dieux sont-ils tombés sur la tête?» avec l'immense succès qu'on lui connait. Ce faisant, Uys, qui lie le cinéma à la télévision, rend hommage aux émissions, souvent populaires, qui fonctionnent sur le principe des caméras cachées. Certaines sont devenus célèbres en particulier «Surprise sur prise», connue aussi pour sa longue longévité. Au Maroc, à l'occasion de chaque Ramadan, la caméra cachée est à l'honneur sur les trois chaînes publiques. Cependant, ces émissions ne sont pas toutes réussies et témoignent d'un désobligeant amateurisme. Parfois, et c'est malheureusement le cas, on n'hésite pas à tromper les téléspectateurs. L'épisode du Hammam avec Driss Roukh en victime, s'est avérée une véritable supercherie dont la victime est plutôt le public. Il y a de quoi crier au scandale quand on transforme, à son insu, une émission semi-documentaire (en principe tout ce qui a trait à la victime) en fiction pure (le jeu de Roukh). Les responsables de la chaîne, en méprisant l'intelligence du public, en livrant en vrac ce sinistre épisode, se sont méprisés eux-mêmes. Il y a de quoi donner raison au président russe Vladimir Poutine qui, sentant que les «caméras cachées deviennent de plus en plus dangereuses, les a carrément interdites. Les nôtres ne méritent-elles pas un tel sort pour «mépris délibéré du public» ?