La troisième génération des femmes-cinéastes marocaines est apparue dans les années 90. Le quatrième festival national du film, organisé à Tanger en 1995, va être l'occasion de découvrir une jeune réalisatrice du nom de Mariam Bakir résidant en France comme de nombreux d'autres jeunes cinéastes d'origine marocaine mais dont l'Europe va donner l'asile volontaire. Pour la première fois, le festival est ouvert aux films des Marocains là où ils sont indépendamment des systèmes de production. A cette occasion on découvrit des œuvres et leurs auteurs notamment Nabyl Ayouch, Noureddine Lakhmari, Ismail Ferroukhi, Rachid Boutounes, Hassan Lagzouli et Miriam Bakir, seule cinéaste-femme en compétition. Bien que travaillant plus tard spécifiquement au Maroc, en assumant diverses fonctions lors des tournages, marocains et étrangers, Bakir va attendre longtemps avant d'obtenir enfin des avances sur recettes lui permettant de réaliser son premier long métrage «Agadir Bombay». Par rapport à ses collègues cités précédemment, elle avait pris beaucoup de retard suite à des scénarios à chaque rejetés par les commission successives. Ce n'est pas le cas de Laila Marrakchi, française de nationalité, qui participa à divers festivals nationaux avec des courts métrages non dénués d'intérêt comme «L'horizon perdu», «Momo Mambo» ou «200 dirhams» où l'on détecte une lueur créative féminine tant attendue. En 2004, c'est la consécration avec un film qui défia la chronique, non pas par sa thématique ou sa valeur artistique, loin de là, plutôt par quelques scènes jugées provocantes par une frange de la société. La presse marocaine est partagée sur sa valeur tandis que les parlementaires, qui n'ont pas encore vu le film et comme pour s'occuper, débattent le cas en séance plénière. Ironie du sort, un farouche parlementaire opposé à la distribution du film va être promu plus tard, par la force des urnes, au poste de chef de gouvernement. Tout cela va contribuer efficacement à la promotion du film, titré symboliquement «Marock», distribué avec succès au Maroc et à l'étranger. A la même période, Narjis Nejjar suit tranquillement son chemin en réalisant des films avec un style très peu partagé voire même apprécié. Après un film-brouillon heureusement jamais distribué, «Parabole», qui vit des scandales avant son achèvement en catastrophe, elle enchaine avec «Les yeux secs» puis «Wake up Morocco» avant de commettre «L'amante du Rif». Présenté à Cannes en tant que film français, le deuxième long métrage de Nejjar , à la thématique absente, renoue désolément avec le cinéma des cartes-postales jadis maudit par une critique vigilante et qui ressuscite ici entre des mains bien féminines. Quant à «Wake up Morocco», il est la preuve d'un chauvinisme et d'une platitude rarement égalés. Plus réaliste est Leila Kilani qui, forte du succès d'un premier documentaire, «Nos lieux interdits», lauréat du grand prix de la Fespaco en 2009, réalise trois ans plus tard son premier long de fiction: «Sur la planche», très vite sollicité par les chaines françaises. Avec une grande part documentaire, le film reflète la personnalité de son auteur douée pour un cinéma réaliste certes mais largement créatif. Il s'érige en un véritable exercice de style que Kilani soutient depuis les premiers instants avec force et détermination. Plus calme est sa collègue de métier Salma Bargach, révélée comme une fine réalisatrice de courts métrages au style direct et actuel et qui signe avec «La cinquième corde», un hommage à la musique dans sa dimension la plus spirituelle.