Une pléiade de chercheurs, de théologiens et d'universitaires marocains et étrangers ont débattu, mercredi soir à Fès, de la question de la représentativité féminine au sein des institutions des religions monothéistes. Lors d'une conférence-débat sur le thème "Religions : où sont les femmes?", initiée par l'Institut des Hautes études de management (HEM), les participants ont souligné que la religion joue un rôle important dans la vie de nombreuses femmes, précisant que le champ religieux permet de saisir dans ses dimensions dynamiques l'histoire mouvante et changeante entre les hommes et les femmes. Ils ont de même estimé que la thématique "religions : où sont les femmes ?" s'impose aujourd'hui plus que jamais avec acuité à un moment "où notre époque semble située à la croisée de deux mouvements antagonistes", à savoir le retour à une certaine interprétation des textes religieux et l'émancipation des femmes. Dans une déclaration à la MAP, Mme Asmae Lamrabet, médecin et directrice du Centre d'études féminines à la Rabita El Mohammadia des Ouléma du Maroc, a indiqué que "l'objectif de cette rencontre est de montrer qu'il y a effectivement une discrimination à l'égard des femmes au sein des institutions religieuses", soulignant l'impératif de faire la différence entre les textes religieux révélés et le fait religieux institutionnalisé, c'est à dire les institutions. "Le problème est qu'il y a eu un décalage entre ce que dit le Coran et son message spirituel et les interprétations qui en ont été faites généralement par les hommes", a-t-elle ajouté, précisant que dans le cas de l'Islam, les femmes ont participé depuis la révélation à la transmission du message et à sa diffusion. "Les femmes sont les seules qui n'ont jamais été contredites dans la transmission du Hadith", a ajouté Mme Lamrabet notant à titre d'exemple que c'est grâce à Aicha, épouse du prophète Sidna Mohammad (que la prière et la paix soient sur lui), que les musulmans disposent aujourd'hui d'un patrimoine sur les hadiths. Elle a également appelé à une "réappropriation du savoir religieux" à travers une maîtrise de la signification et de l'interprétation des textes religieux. De son côté, Mme Nouzha Guessous, chercheur en droit humains et bioéthique, a souligné que le patriarcat existait bien avant l'avènement des religions, notant une exclusion des femmes dans l'interprétation des textes religieux. Le chercheur a aussi souligné la nécessité de contextualiser les lois qui régissent les rapports entre les hommes et les femmes dans la société, rappelant dans ce cadre la contribution significative des femmes au devenir et au développement des pays à travers le monde.