Médecin biologiste, Asma Lamrabet s'est plongée dans le monde du religieux après une quête spirituelle. Elle travaille actuellement à la relecture des textes sacrés à partir d'une perspective féminine, et défend une vision progressiste de l'islam. Léger voile sur la tête, Asma Lamrabet s'exprime avec beaucoup d'aisance. Sa maîtrise de la langue française est valorisée par une voix apaisante, savant mélange qui ravit son interlocuteur. A l'écouter parler longuement de sa vision de l'islam, difficile de se douter qu'elle n'a plongé que récemment dans ce bain religieux. «C'est après une quête personnelle que je me suis intéressée à la relecture des textes sacrés à partir d'une perspective féminine », lance Asma Lamrabet. Médecin biologiste à l'Hôpital Avicennes, cette native de Rabat n'était donc pas prédestinée à devenir directrice du Centre d'études féminines en Islam au sein de la Rabita Mohammadia des oulémas du Maroc. « C'est une nouveauté au sein du monde arabo-musulman ! Jamais un centre au sein d'une institution religieuse n'a été dirigé par une personne extérieure à l'institution », se plaît-elle à affirmer, sans fausse modestie. Sa curiosité religieuse l'a poussée à franchir le pas. « Venant d'institutions occidentalisées, j'ai appris à porter un regard critique sur ce qui m'entoure. Je me suis dit, pourquoi n'irais-je pas aller chercher moi-même ce qui se passe au niveau des textes ? » Partant de l'idée qu'on lui a inculquée dès son plus jeune âge, selon laquelle il n'existe pas d'intermédiaire entre le musulman et Dieu, elle décide donc de débuter ses propres recherches. « Je ne suis pas la seule à le faire. C'est peut-être nouveau dans le monde francophone, mais dans le monde anglo-saxon, et également en Asie, dans des pays comme la Malaisie ou l'Indonésie, ce type de relecture (d'un point de vue féminin) se fait depuis plusieurs années ». Tout d'abord, elle part du postulat selon lequel « dans un certain inconscient collectif, on a l'impression que l'islam est réfractaire à tout. A la modernité, aux droits humains, et à la dimension des libertés individuelles ». Ses recherches viennent prouver, selon elle, que les textes sacrés ne sont pas à blâmer. « Il existe un décalage énorme entre ce que disent les sources et notre réalité. Les femmes vivent une discrimination flagrante, fortement ancrée dans les mentalités et légitimée par une certaine lecture du religieux », résume-t-elle avec calme. La question des femmes est ainsi prise en otage, selon Asma Lamrabet, entre une vision moderniste et une vision traditionnaliste de l'islam. « Cette seconde transcende toutes les mouvances politiques, et va de l'islam officiel, de l'ensemble des oulémas, jusqu'aux mouvances gauchistes ». La présidente du GIERFI (Groupe international d'études et de réflexion sur les femmes et l'Islam) expose la vision traditionnaliste. « D'après cette vision, l'islam a donné tous les droits aux femmes, il n'y a pas de relecture à faire, mais uniquement un statu quo à conserver ». A l'opposé, la vision moderniste pousse quant à elle « à l'émancipation des femmes en dehors de l'espace religieux ». Le religieux devant donc rester dans le monde du privé. « Les femmes vivent une discrimination flagrante, fortement ancrée dans les mentalités et légitimée par une certaine lecture du religieux ». Cette vision traditionnaliste prédominante vient agrandir le fossé entre islam et modernité, alors qu'ils ne sont pas incompatibles à l'origine. Un point sur lequel tient à appuyer Asma Lamrabet. « Il y a une certaine incompatibilité entre islam et modernité si l'on réfléchit en suivant une certaine lecture de l'islam. Cette lecture est venue marginaliser complètement l'essence du message religieux ». Et quand bien même des efforts sont fournis pour gommer les inégalités, leur application n'étanche pas la soif de liberté de nombreuses musulmanes. Asma Lamrabet ne manque d'ailleurs pas de tirer à bout portant sur l'application du nouveau code de la famille. « En théorie, la nouvelle Moudawana a été très novatrice, il est l'un des textes les plus émancipateurs. Mais au niveau de la pratique, il est limité au stade zéro ». Un nouveau texte qui n'aurait pas pu voir le jour sans les féministes laïques marocaines. « Par respect du religieux, plusieurs femmes ne voulaient pas y toucher parce qu'elles faisaient l'amalgame entre le Coran et le code de la famille». Qu'en est-il de la laïcité ? Pour elle, « ce n'est même pas la jeune génération qui assistera à l'application de la laïcité au Maroc. C'est un concept tellement polémique que, dès qu'il est évoqué, il fait face à des crispations incroyables. Ce n'est donc pas le moment idéal pour en parler ». En imaginant un Maroc laïc, Asma Lamrabet ne perçoit que des tensions qui pousseront plusieurs personnes à se renfermer d'autant plus dans leur identité musulmane. Pourtant, comme le rappelle cette progressiste, « qu'est-ce que la laïcité si ce n'est le respect de l'autre, la neutralité par rapport à toutes les croyances et à toutes les convictions ? » Asma Lamrabet est l'auteure de plusieurs articles sur le thème de l'islam et la femme, ainsi que d'un premier livre intitulé « Musulmane tout simplement », et d'un deuxième ouvrage, « Aïcha, épouse du prophète ou l'islam au féminin ». Un dernier ouvrage vient d'être publié à la fois au Maroc et en France. Il s'intitule « Femmes, Islam, Occident : chemins vers l'universel ». Aucun article en relation ! Anergui,vous devriez peut-être vous mettre dans la position des femmes,vivantes ds des sociétés patriarcales qui se font discriminer et inférioriser quotidiennement,au nom de l'islam!Mais se sont les mauvaises lectures des textes coraniques qui reignent depuis belle lurette et sans remise en question qui en sont la cause.Non pas l'islam! alors oui Anergui..les hommes, peut-être insouciants, ou juste pas concerné par les amalgames sur le « statut de la femme en islam » ne se posent pas de question là-dessus.C'est les femmes qui en souffrent se sont elles qui ont relevé la question, et militent pour un monde ou l'on peut conjuguer ‘paix de vivre' et ‘islam' quand on est femme. Sans relecture, nous aurions une belle collections de mains coupées et on en serait encore au troc, alors balayez devant chez vous avant de donner des leçons de morale. Pour le reste, partant de l'affirmation pourtant trés simple « qu'il n'existe pas d'intermédiaire entre le musulman et Dieu », la sommation d' »adherer ou de changer de religion » tu peux te la manger, à moins d'être rabbouna l'a3la. Merci d'apprendre à écouter et lire parfois l'avis des autres avant de se la ramener avec ses gros sabots. L'islam est par définition contemporain, après essayer d'adapter le message divin à ses propres fins cela relève de l'innovation néfastes… wa a3oudou billah Je souhaiterais que M. Anergui lise d'abord les livres de Madame Asma Lamrabet avant de proférer des insanités!!!. Une dernière précision: les musulmans ont cessé d'être leaders dans ce monde quand ils ont cessé de bien travailler, bien lire et bien produire les textes religieux, philosophiques et scientifiques. C'est dans le débat contradictoire, l'échange respectueux, le travail continu et bien fait qu'on fera de notre beau pays un Royaume de bonheur. En réponse à anergui: En fin une femme pleine d'intelligence et de sagesse musulmane qu'on a souvent oublié(je suis fier de vous). Pour le commentateur anergui j'ai une petite question : Actuellement dans certains pays nordiques le soleil ne se couche pas que conseillez vous aux musulmans qui y vivent (mais en appliquant le texte et rien que le texte). La réponse si on suit votre raisonnement primaire est que les musulmans de ces pays ne mangent pas pendant tout le RAMADAN. C'est ça votre ISLAM monsieur anergui. Je préfère celui d'ASMA qui représente la bonne voie. Qui maintenant a un problème de lecture ? ASMA que dieu la protège ou le pardonable anergui ? C'est clair, elle veut mondialiser et universaliser le Maroc, non merci. L'Islam et le Maroc ont ses particularités. Que le Maroc reste musulman. Je ne comprendrais jamais ces gens qui essaye de « relire les textes sacrés à partir d'une perspective féminine », si tu adhère au message tant mieux sinon change de religion. Bon je veux bien jouer au foot avec vous mais on va « relire » les règles « à partir d'une perspective féminine ». C'est bizarre dit comme ça…