C'est avec un mariage inimaginable entre trois couleurs folkloriques aussi lointains que différents et une parade haute en couleurs, le tout dans une ambiance festive, que la 16ème édition du festival Gnaoua et musiques du monde, organisée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, s'est ouverte jeudi à Essaouira. Et l'entrée en matière se fait sans transition avec un concert d'ouverture, sur la scène Moulay Hassan, qui annonça d'emblée la couleur via une fusion entre les percussions gnaouies du Maâlem Said Kouyou, les rythmes guerriers d'Annadi Al Bahri (Emirats arabes unis) et le folklore soussi joyeux de la troupe Howara. Cette soirée d'ouverture, marquée par la présence du conseiller de SM le Roi et président fondateur de l'Association Essaouira Mogador, M. André Azoulay, et la ministre de la culture de l'Etat du Bahreïn, Cheikha May Bent Mohamed Al Khalifa, ainsi que des ambassadeurs accrédités au Maroc et d'autres personnalités, devrait s'enchaîner avec Omar Hayat, représentant de la nouvelle génération de maâlem qui s'est forgé un style bien à lui, avant de clôturer comme elle a commencé : sur une fusion entre Ebdelkebir Merchane, qui partagera la scène avec la Zimbabwéenne Eska, représentant la nouvelle génération de la scène soul/jazz anglaise. Dans une déclaration à la presse à cette occasion, Mme May a indiqué que sa visite à Essaouira était une occasion de découvrir la beauté du patrimoine de cette ville, soulignant l'importance des arts musicaux dans la promotion du tourisme culturel et du patrimoine local. L'après-midi a été également marqué par la parade d'ouverture, qui a offert un avant-goût du festival aux milliers de mordus des arts et cultures gnaouis venus des différentes régions du Maroc et de l'étranger, avant de se jeter dans le bain. Un programme riche et varié a été concocté pour cette édition, proposant la grâce et le métier de musiciens chevronnés de différents univers, tels le batteur hors normes Karim Ziad, le bassiste surdoué Richard Bona, l'architecte du groove et le saxophoniste, Maceo Parker, le gnaoui à la voix profonde et intense, Maâlem Hamid El Kasri et l'ambassadeur de l'art et du patrimoine gnaoui Aziz Baqbou. Seront également de la partie la célèbre cantatrice du malhoun Majda El Yahyaoui, le musicien éclectique Will Calhoun, la chanteuse à la voix sensuelle et raffinée, Oum El Ghaït Benessahraoui, plus connue sur la scène artistique comme «Oum» et le lauréat du Prix Zeryab des virtuoses 2012, le flûtiste Rachid Zeroual. En plus de ces pointures de la musique, les différentes scènes de la ville vibreront au rythme de la fougue et de l'audace de jeunes talents du Maroc et d'ailleurs, comme les groupes Mazagan, Amayno, Tyour Gnaoua, Mokoombadégage, Haoussa, et les jeunes gnaouis Hassan Boussou et Mehdi Nassouli. Sont également prévus des concerts acoustiques (lilas), à Dar Souiri, Borj Bab Marrakech et la nouvelle scène Bab El Marsa, où les maâlems présentent le répertoire traditionnel et permettent aux passionnés de découvrir le rituel ancestral de Gnaoua. Ainsi, cette année, huit maîtres des plus illustres rejoints par les Issaoua, la Taifa de Safi et le groupe hassani Baaiya vont animer les lilas en fin de soirée. Il s'agit des Maâlem Moustakim Abderrazak, Rachid Hamzaoui, Abdellatif El Makhzoumi (Issaoua d'Essaouira), Abdenbi El Gadari, Ahmed Baâlil (Taifa de Safi), Fathallah Chaouki, Abdellah El Gord Baayia et Allal Soudani. Au-delà des estrades, le spectacle s'invitera dans la rue à travers des parades de marionnettes accompagnées de troupes artistiques comme Ganga d'Agadir, Hmadcha et Issaoua d'Essaouira. Un ton de reconnaissance sera également donné à cette édition, avec les hommages aux Maâlems Abdellah Guinea, Abderrahmane Paco et Chrif Regragui. En plus du volet artistique, sera organisée une exposition d'artistes peintres de renom, au profit des enfants de l'Association «Essaouira Darna» en plus d'espaces de discussion, notamment le Forum «Société en mouvement, jeunesse du monde». Animé par des sociologues, historiens, politologues, économistes et acteurs économiques et sociopolitiques, ce forum aura pour objectif de questionner les modes de construction des politiques publiques à l'égard de la «jeunesse» et esquisser, suivant une approche multidisciplinaire, les perspectives d'un agir politique cohérent et démocratique qui fait le pari de l'avenir.