Les électeurs iraniens votent vendredi dans le cadre de l'élection présidentielle qui doit désigner un successeur à Mahmoud Ahmadinejad à la tête de la République islamique, à l'issue d'une campagne peu animée. Les bureaux de vote ont ouvert à 03h30 GMT et les opérations électorales doivent durer dix heures avec de possibles prolongations si nécessaire. Le résultat, quel qu'il soit, affectera peu la politique étrangère et nucléaire de l'Iran, qui obéit avant tout aux choix de l'ayatollah Ali Khamenei, le «guide suprême» de la Révolution islamique. Ali Khamenei a appelé vendredi matin à une large participation à ce scrutin, disant se «moquer» des remarques américaines selon lesquelles l'élection ne serait pas crédible. «Il est important que tout le monde participe», a déclaré Ali Khamenei, qui s'est rendu aux urnes à Téhéran. «Notre chère nation doit aller voter avec enthousiasme et gaieté et doit savoir que le destin de notre pays est entre ses mains, que le bonheur du pays dépend d'elle.» Fin mai, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, avait émis des réserves sur la crédibilité de cette élection, critiquant la disqualification de certains candidats et accusant les autorités de bloquer l'accès à internet. Le camp conservateur semblait assurer de remporter l'élection il y a quelques semaines, mais sa dispersion entre cinq candidats pourrait favoriser les desseins du religieux Hassan Rohani, seul modéré en lice, et conduire à la tenue d'un second tour dans une semaine. CParmi les cinq candidats conservateurs, qui ont tous exprimé une allégeance inconditionnelle à Ali Khamenei, trois possèdent des chances de l'emporter ou d'accéder au second tour. De ces trois favoris, seul Saïd Jalili, actuel négociateur en chef sur la question nucléaire et candidat le plus en vue de son camp, souhaite que Téhéran conserve une attitude intransigeante malgré la multiplication des sanctions voulues par les Occidentaux. Ceux-ci estiment que le gouvernement iranien cherche à se doter de l'arme nucléaire, une accusation qu'il dément. Les deux autres prétendants, le maire de Téhéran Mohammad Baqer Qalibaf et l'ancien ministre des Affaires étrangères Ali Akbar Velayati, ont promis de poursuivre le programme nucléaire tout en critiquant Saïd Jalili pour son intransigeance dans la négociation. Quelque 50 millions de personnes sont appelées aux urnes, dont 1,6 million voteront pour la première fois. Les mesures de sécurité ont été renforcées au terme d'une campagne relativement atone, sans comparaison avec celle de juin 2009, lorsque les réformateurs avaient entrevu l'espoir d'une victoire et d'un changement politique en Iran. La principale crainte d'Ali Khamenei reste manifestement l'éclatement de troubles semblables à ceux d'alors. Le scrutin présidentiel avait été suivi d'un vaste mouvement de contestation dans la rue contre la réélection jugée frauduleuse de Mahmoud Ahmadinejad. En conséquence, la campagne cette fois a obéi à des règles plus sévères, par exemple en ce qui concerne les débats. La candidature de l'ancien président modéré Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, qui bénéficie de la sympathie du camp réformiste, a été, elle, rejetée par le Conseil des gardiens de la révolution.