Alors que la campagne présidentielle a été déclarée ouverte, l'incertitude sur la candidature du principal candidat réformateur, Mostapha Moïn, demeure entière. La campagne présidentielle s'est ouverte en Iran dans l'incertitude sur la candidature du principal candidat réformateur, Mostapha Moïn. Ce dernier avait fait l'objet lui et Mohsen Mehralizadeh d'un repêchage par le régime islamique. Un repêchage qui était censé étouffer le début de crise provoquée par sa disqualification. Depuis mardi soir et jusqu'à la veille du scrutin à 9h00, les huit candidats qualifiés par le régime peuvent tenir meeting et faire leur propagande pour tenter de convaincre environ 48 millions d'électeurs de voter pour eux le 17 juin prochain. Les huit candidats sont : l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani, quatre ultra-conservateurs, Mahmoud Ahmanidejad, Ali Larijani, Mohammad Baqer Qalibaf et Mohsen Rezaie, tous anciens membres de l'armée idéologique, le religieux modéré Mehdi Karoubi, et, a priori, les deux réformateurs Mostapha Moïn et Mohsen Mehralizadeh. Cependant, la candidature de M.Moïn, qui semble le seul à avoir quelques chances de disputer la victoire aux cinq conservateurs, continue de rester incertaine. Sa disqualification par l'organe ultra-conservateur non-élu chargé de valider les candidatures ne faisait guère de doute. Elle a été confirmée dimanche en même temps que celle de plus de 1.000 candidats. Mais elle a provoqué une vaste vague de protestations, intérieures et internationales. Elle a fait peser sur l'élection la menace d'un large boycott. Pour juguler la crise naissante, le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, s'est pressé d'intervenir, en demandant le réexamen du dossier de M.Moïn et d'un autre candidat réformateur, le vice-président Mohsen Mehralizadeh. Avec une célérité non moins surprenante, les deux ont été remis en selle. Mais M.Moïn est pressé par une partie de ses supporteurs de ne pas accepter ce sauvetage. Cependant, M.Moïn ne s'est pas pressé d'accepter ce sauvetage. «Je suis en train d'examiner la question», a-t-il déclaré. «On risquerait de dire : c'est le fait du prince et vous l'acceptez», a expliqué M.Moïn, faisant référence à l'intervention du Guide suprême. «Les groupes de soutien se réuniront jeudi à Téhéran, l'affaire sera discutée démocratiquement, tout le monde pourra s'exprimer», a-t-il déclaré. Il a aussi ajouté que cela pourrait prendre jusqu'à samedi pour faire la synthèse des avis et prendre une décision. «Si vous acceptez ce décret, vous ne pourrez plus vous opposer à d'autres décrets qui piétineront les droits du peuple, parce que vous devrez votre élection à un décret», lui a écrit le principal syndicat étudiant réformateur, le Bureau de la consolidation de l'unité (BCU). (NB : M.Moïn est professeur d'université et ancien ministre de l'Enseignement supérieur). «Le BCU recommande donc à son professeur de ne pas accepter ce décret et de ne pas sacrifier les principes démocratiques aux intérêts partisans». Un éventuel désistement pourrait arranger les affaires de M.Rafsandjani. Les spéculations vont bon train sur la possibilité d'une intrigue qui aurait consisté à accorder un surcroît de popularité à M.Moïn en le disqualifiant puis le re-qualifiant, pour nuire à M.Rafsandjani et servir ses concurrents conservateurs. Il faut noter que la requalification des deux réformateurs Mostapha Moïn et Mohsen Mehralizadeh pourrait gêner l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani. Ces derniers risquent de prendre des voix de ce conservateur réputé pragmatique.