Les appels aux désistements se multipliaient dans le camp conservateur en Iran mercredi, dernier jour de campagne pour l'élection présidentielle du 14 juin, afin de barrer la route à Hassan Rohani, unique candidat des réformateurs et des modérés. Selon le ministre de l'Intérieur, les candidats ont jusqu'à jeudi matin 08H00 pour faire campagne. Les opérations de vote commenceront vendredi à 08H00 (03H30 GMT). Quelque 50,5 millions d'électeurs sont appelés à choisir le successeur du président Mahmoud Ahmadinejad mais aussi élire 207.000 conseillers locaux et municipaux. Les camps modéré et réformateur partent unis derrière Hassan Rohani. L'appel des ex-présidents Akbar Hachémi Rafsandjani (modéré) et Mohammad Khatami (réformateur) en sa faveur ont renforcé ses chances. Certains conservateurs évoquent déjà un second tour avec M. Rohani. «Je demande à tout le monde, en particulier les réformateurs et (...) à tous ceux qui veulent la grandeur de notre nation de participer à l'élection» et de voter «pour M. Rohani», a indiqué M. Khatami dans un message. M. Rafsandjani, un pilier du régime écarté de la course présidentielle, a lui aussi apporté son appui en affirmant qu'il le «considère comme le plus qualifié pour diriger l'exécutif». Hassan Rohani, un religieux modéré de 64 ans, prône une politique de souplesse dans les négociations avec les grandes puissances pour régler la crise du nucléaire iranien. Mercredi matin, les appels se sont multipliés pour demander aux quatre conservateurs toujours en lice de se désister en faveur de celui qui est le mieux placé. Mohammad Bagher Ghalibaf et Saïd Jalili tiennent la corde, selon les médias. «On attend désormais des candidats conservateurs qu'ils s'assoient ensemble, sans perdre de temps, et choisissent l'un d'entre eux comme le candidat du camp conservateur», écrit Hossein Shariatmadari, directeur du quotidien ultra-conservateur Kayhan. «Les réformateurs affirment chercher la victoire mais tenant compte de leur passé, qui est pour certains d'entre eux déshonorant, ils n'ont aucun espoir de l'emporter», a-t-il jugé. D'autres appels ont également été lancés dans le même sens, demandant en particulier à l'ex-chef de la diplomatie Ali Akbar Velayati de se retirer de la course. Pour le moment, tous les candidats conservateurs ont répété qu'ils iraient jusqu'au bout. Mohammad Bagher Ghalibaf et Ali Jalili doivent tenir dans l'après-midi leur dernière réunion de campagne à Téhéran, alors que M. Velayati termine une tournée provinciale à Karaj, à l'ouest de la capitale. «Les conservateurs, pour l'emporter, doivent s'unir impérativement et des consultations sont actuellement menées par des responsables conservateurs pour y arriver», a déclaré Habibollah Asgharolladi, secrétaire général du Front des partisans de la ligne de l'imam et du guide, qui rassemble de nombreux groupes politiques. Un autre religieux conservateur, l'hodjatoleslam Hossein Ebrahimi, a prévenu qu'en «cas de désunion, il y aura un second tour dont l'issue n'est pas certaine (...) alors que si les conservateurs s'unissent, ils peuvent l'emporter dès le premier tour». Selon l'un des rares sondages rendus public et réalisé par l'agence Mehr auprès de 10.000 personnes, M. Ghalibaf mène la course avec 17,8% devant Hassan Rohani (14,6%), suivi de M. Jalili (9,8%). A deux jours du scrutin, il y a toujours 30% d'indécis alors que la participation devrait atteindre 77%. Selon le ministère de l'Intérieur, un million de personnes participent à l'organisation du scrutin dans 60.000 bureaux de votes à travers le pays. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a de nouveau appelé à une participation massive à l'élection. «Si j'insiste pour une présence massive des Iraniens à l'élection c'est parce que cela va décourager les ennemis qui vont réduire la pression (des sanctions, ndlr) et choisir une autre voie», a-t-il dit mercredi dans un discours.