Les modérés ont pris leur revanche à travers le plébiscite dont a bénéficié l'ancien président Ali Akbar Hachemi Rafsandjani (à droite, au bureau de vote). L'élection à l'Assemblée des experts a connu une forte participation populaire. Le bon score de l'ancien président Rafsandjani sonne comme une défaite pour les ultraconservateurs. « LE PEUPLE a gagné ! » Fidèle à son esprit populiste, Mahmoud Ahmadinejad s'est empressé de saluer l'importante participation, estimée à 60 %, au double scrutin de vendredi dernier. Mais les premiers résultats, qui sont tombés hier au compte-gouttes, ne sont pas de bon augure pour le clan du président ultraconservateur, qui se prépare à essuyer sa première claque depuis sa victoire controversée de juin 2005. Symbole d'une revanche des voix plus modérées : le plébiscite dont a bénéficié l'ancien président Ali Akbar Hachemi Rafsandjani pour l'élection à l'Assemblée des experts. Ce collège de 86 personnalités, élues tous les huit ans, a pour rôle de choisir, superviser et, éventuellement, révoquer le guide suprême, actuellement l'ayatollah Ali Khamenei. Hier soir, Hachemi Rafsandjani, grand rival d'Ahmadinejad aux dernières élections présidentielles, arrivait en tête des votes dans la province de Téhéran. Son principal adversaire, l'ayatollah ultraconservateur Mohammad Taghi Mezbah Yazdi, présenté comme le mentor d'Ahmadinejad, ne décrochait que la sixième position. Recul aussi aux municipales De quoi rassurer les milieux réformateurs qui redoutaient, avec sa candidature, le spectre d'un islam fondamentaliste. Les premiers résultats laissent, en fait, entrevoir une certaine continuité dans la composition de cette grande Assemblée, où les membres de l'Association du clergé combattant, des conservateurs fidèles à Khamenei, devraient majoritairement l'emporter. Au niveau local, l'offensive des ultraconservateurs semble également avoir échoué. Les résultats partiels des élections municipales, où les partisans d'Ahmadinejad avaient fait leur première percée en politique en 2003, laisse entrevoir un net recul du clan du président. D'après l'agence Fars, la liste menée par Parvine Ahmadinejad, sa soeur, dans la capitale iranienne, ne décrocherait que trois sièges sur les quinze que compte le conseil municipal de Téhéran. Belle avancée, en revanche, pour la liste de l'actuel maire conservateur à tendance modérée, Mohammad Bagher Ghalibaf, qui aurait gagné neuf sièges. Quant aux réformateurs, qui avaient été évincés du conseil aux précédentes élections, ils pourraient y faire leur retour avec deux sièges. En province, où plusieurs femmes sont arrivées en tête dans différentes grandes villes, c'est la même tendance qui transparaît. Après son triple échec - aux municipales de 2003, aux législatives de 2004 et à la présidentielle de 2005 -, le clan réformiste de l'ancien président Khatami se dit soulagé. « Le fait que les réformistes aient réussi à envoyer des candidats au conseil municipal de Téhéran sans aucune ressource gouvernementale, qui sont à la disposition du président et du maire, représente un très grand succès », note Mohammad Ali Abtahi, ancien conseiller de Khatami, sur son site Internet, Webneveshteha.com. D'après le ministère de l'Intérieur, les résultats officiels définitifs des municipales ne seront pas annoncés avant mercredi. Ceux de l'Assemblée des experts étaient attendus au plus tard pour ce matin.