Mohammed Khatami, l'ancien président réformateur pourrait-il revenir au pouvoir lors des élections présidentielles de juin prochain ? Nul n'ose encore le pronostiquer au pays des mollahs. Mais le débat interne y est intense ces dernières semaines. Il porte tant sur la politique à tenir face au nouveau président américain Barack Obama, qui s'installera dans trois semaines à la Maison Blanche et promet d'utiliser la carotte et le bâton vis-à-vis de Téhéran, que sur l'opportunité de garder la même ligne face au nucléaire. Dans cette optique, les camps s'affirment de plus en plus dans la perspective de l'élection présidentielle. Ces toutes dernières semaines, Mohammed Khatami, 65 ans, n'a cessé de recevoir des visiteurs venus des quatre coins du pays pour lui demander d'être de nouveau candidat. Il serait le seul suffisamment populaire pour être capable de battre le président Mahmoud Ahmadinejad, affirment-ils. Les demandes viennent du camp réformateur mais aussi de conservateurs opposés à l'actuel chef de l'Etat. Les candidats ont jusqu'en avril pour se dévoiler. Mohammed Khatami, universitaire qui semblait si peu tenir au pouvoir lors de ses deux mandats présidentiels antérieurs (1997 à 2005), est réticent à tenter une nouvelle fois l'aventure. Il est convaincu que l'Iran doit avoir un système démocratique mais rappelle que durant sa présidence, ses tentatives de réformes se sont heurtées aux plus conservateurs d'un pouvoir très éclaté qui suscitaient des crises politiques à répétition. Après huit ans de pouvoir, il considère qu'il n'a pas réussi à apporter la liberté et le respect des droits de l'homme que les uns réclamaient, ni à améliorer suffisamment le niveau de vie d'une population qui a cru qu'il ignorait leurs difficultés quotidiennes. Qui le Guide suprême de la révolution, l'ayatollah Ali Khamenei, souhaite-t-il voir à la tête de l'Etat ? On doute qu'il soit heureux d'un retour de Mohammed Khatami. Veut-il un second mandat du président Mahmoud Ahmadinejad et risquer une confrontation avec l'Occident sur le dossier du nucléaire ? Outre Mahmoud Ahmadinejad (qui n'a pas annoncé officiellement sa candidature), le clan conservateur aura deux autres candidats. L'un, Mohammed Baqer Qalibaf, actuel maire de Téhéran, s'est déjà présenté à la présidentielle de 2005. Ancien commandant des Gardiens de la Révolution, comme Ahmadinejad, il a la réputation d'être un gestionnaire efficace et moderniste. L'autre, Hassan Rouhani, 60 ans, est l'ancien négociateur sur le nucléaire face aux Européens. Il aurait reçu le feu vert du Guide et ne se prive pas de critiquer ouvertement la politique économique du chef de l'Etat. Dans le camp réformiste, Mohammed Khatami (s'il finit par se présenter), aura face à lui, Mehdi Karroubi, 71 ans, candidat malheureux à l'élection de 2005. Karoubi n'a qu'une faible base populaire. Dans les campagnes, nombre d'Iraniens devraient de nouveau voter pour Ahmadinejad. Surtout si celui-ci bénéficie, comme en 2005, d'un coup de pouce du Guide et des Gardiens de la révolution qui avaient distribué des dons dans les mosquées pour qu'on y prêche en sa faveur.