On semble oublier l'atmosphère chaude de Mawazine jusqu'à ce qu'il souffle comme le chergui, le premier soir des shows qui replace Rabat dans le concert des nations. Jusqu'à ce qu'on retrouve des touristes arabes, venus du Liban et de la Tunisie, pays frère qui nous intrigue avec son rôle frêle dans la marche de la nation arabe, nation, dira-t-on comme du temps de Jamal Abdel Nasser qui est allé trop vite dans la nationalisation du Canal de Suez qui a fait trembler les banques, de Paribas à celle de Suez et de la BNP. Dès le premier soir, on a fait une massira, partie à pied de Yacoub El Mansour, privé de récital qui attire des autochtones et des Ritals qui ont pleuré Moustaki qui a chanté la femme de son lit dont la bouche est usée par des baisers. De Nahda, qui rappelle la Renaissance qui redonne une dignité au pays arabe issu du désert qui a conquis le virtuel, plus que là où il est né, Stockholm, rattrapé par les manifs sanglantes, reliée maintenant par la RAM qui va reprendre Casa-Ouarzazate pour célébrer la fête des dattes, prélude aux rencontres gargantuelles ? Il faut enfin avoir vu la chanteuse Rihana se promener avec une protection discrète et rapprochée à la fois à la Souika là où Bâ Hassoun vendait du merlan en colère au citron, dont on n'a pas retrouvé le goût dans les gargotes au décor tapageur que rêvent de barbouiller les taggeurs. stop. Des petits commerçants, qui se croyaient protégés par l'ONDA, se sentent menacés par un vent d'expulsion qui souffle dans une administration expéditive dans un monde où tout est relatif. A suivre. stop. Un brave retraité a été piégé par une clinique sur la route des Zaërs où Edouard Baer est prêt pour une cure à la levure. Le service financier de la clinique de la forêt noire a envoyé à sa banque un chèque de garantie alors qu'il a payé une bonne partie de l'argent dû. Le pauvre client avait pourtant convenu avec la secrétaire de la clinique cynique, qu'il paierait le reste à son retour de voyage chez son fils dans le Sud de l'Hexagone, mais qu'elle ne fut sa surprise lorsqu'il a reçu, à son retour, une lettre de sa banque qui lui demande de régler une somme décoiffante. Déjà qu'il fallait payer cash avant l'opération, ce qui n'étonne plus, voilà qu'on trahit sa parole, un coup dur qui fâche. stop. Fin des illusions comme dans le film avec Eric Von Stroheim, que des infographistes n'ont pas déguisé en haj bandit, qui va à La Mecque pour dépouiller des mecs, qui ne risquent pas de porter plainte contre un fugitif. Fin des illusions chez les porteurs de la carte du RAMED qui faisait rêver des patients impatients, qui croyaient qu'ils ne feront plus « Serbisse », le trois bis était une maison de passe du temps de la prospérité qui a fait ouvrir à Prosper un bordel, à l'entrée des hôpitaux et de « sbitar el houma », qui distribue maintenant des comprimés pour désengorger Avicenne, qui ne savait pas que la santé rimerait un jour avec la piété. Fin de l'euphorie des premiers temps, où les fauchés sans Mutuse voyaient déjà devant la radio les yeux ravis. El Baâba , disent les plus incrédules. stop. Des parents du quartier du Belvédère et de la Tour Hassan ne reconnaissent plus leurs enfants qui parlent comme les jeunes de Maison Alfort ou des Minguettes avec un langage où ils parlent de meuf, de tram ou de teuf-teuf, en désignant les bus de Medina Bus qui aurait mieux fait de s'appeler Douar Bus. Ils causent avec les mêmes mots que dans les banlieues parisiennes comme si la mondialisation était à nos portes depuis. A Mawa, ils ressortent tout le look qu'on ne trouve ni dans les derbs, ni dans les souks. Leur accoutrement où toutes les audaces sont permises devant la scène du Bouregreg ou d'Al Youssoufia où on vient à pied de Gharbiya, pour retourner, entassés à la tombée du rideau dans des taxis colis sans assurance pour dix, ou dans des tricycles, désormais autorisés à transporter des tomates et des choux fleurs et non des voyageurs. stop. « Machghouline haliyane », répond la boîte vocale du concierge, un bocal qui s'occupe de tout, sauf de l'immeuble à qui le syndic a confié un sort enviable pour ceux qui cherchent un job viable. S'il y a encore des concierges oulad ennass – ça existe encore – qui refusent de louer une chambre meublée pour les dragueurs qui se ramènent à la dernière heure, munis de glaçons et de Protex, achetés chez le marchand de pépites, il y a des besogneux qui négligent leur immeuble, prêts à toutes les sales besognes. stop. Pour la première fois, un pape – El baba – a désigné du doigt, en évoquant dans la foulée, le monde refoulé des pauvres sans ressources. Ce qui a fait sourire des témoins de leur temps, qui savent que la Banque du Vatican possède les terrains les plus chers à Manchester et aux Champs Elysées où les Emirats n'ont pas encore acheté le Pub Renault qui fait un tabac à Tanger où il y a boire et à manger pour tous, ou le Lido où les girls, originaires de Scandinavie, commencent à être concurrencées par des pin-up, venues de Moldavie. stop. Hexagone. Entendu sur «FR3», une speakerine genre Becassine dire à un garçon qui a plongé dans la Seine, plongeon passible d'amende, mesure répressive supprimée au Bouregreg après l'amende singée, que Jacques Chirac avait dit, dans les années fastes, quand il était maire, du temps d'Edmond Maire, le syndicaliste incorruptible, que la Seine allait retrouver ses couleurs et ses poissons. Or, elle était toujours aussi polluée et ça, la «the nana» que chantait Léo Ferré, la voix du peuple de Monté Carlo où il n'y a pas que des cheikhs, habillés en Carlo Ponti, le mari de la Mac Larren des caméras ne l'a pas dit. Télé fellée. stop. Hexagone II. Le mariage pour tous aurait, d'après un Michel Drucker qui raconte qu'il est un ancien de 68 – ça alors, pourquoi pas un ancien de la commune ! – un air de soixante-huit ? Vraiment, les gens de la téloche moche feraient mieux de cesser de lancer des vannes, dans des studios en panne. Quel rapport entre mai 68 et mai 69... qui séduit meufs et mijetons de Marbœuf... ? stop. Ali Hassan qui milite pour l'environnement nous prie de signaler que le panneau qui désigne la présence du col de Midelt, son beau patelin qui échappe aux malins qui croient connaître la région, est tombé par terre, sans que les responsables du bled ne bougent leur petit doigt. stop. Mega Mall s'offre un magazine plein de pubs dignes de Vanity ou Cosmopolitan, mais il ne donnera pas un placard aux revues d'ici, déjà dans le collimateur de l'Internet encore peu net. stop. Mawazine fait chauffer les cuisines. Chez Yann, c'est la poule aux œufs d'or avec une ambiance de mélange savant, où Rabat s'affiche, sans l'avoir dans le baba. stop. Bernichi est aux petits soins pour ses clients qui dînent sur des airs de Mokhtar – à ne pas confondre avec notre ami Benny – qui passe du raï à la salsa, la reine du Bario Latino qui nous gave de live, qui donne une chance aux musiciens locaux au style made in Morocco, sur tous les rythmes. stop. Mawa, c'est un Sofitel en fête à deux pas de l'OLM où on attend Deep Purple, dans la fébrilité. Enfin, tout le monde travaille dans l'hôtellerie, même Leïla qui propose sa langue de veau qui plaisait à Vaux-le-Vicompte... stop. A mercredi. nordine ben mansour.