Cela remonte à 1952, quand Orson Welles, touché par la contribution des Marocains à son film «Othello», tourné en 1949 à Mogador, Safi et Mazagan dans des conditions déplorables, décida contre l'avis des organisateurs du festival de Cannes, de présenter son film sous les couleurs marocaines. Ces derniers argumentaient que le Maroc étant encore colonisé, on n'attribue pas de nationalité authentique à ses films. Sur de lui, Welles maintient sa condition pour toute participation éventuelle. Quand le palmarès est annoncé, il n'y eut pas de grandes surprises: «Othello», chef d'oeuvre, est consacré par le grand prix en lui adjoignant un petit film italien sans signification: «Deux sous d'espoir» d'un certain Renato Castellani. Une manière de diminuer l'impact du film de Welles. Depuis, les historiens du cinéma confirment que le Maroc est déjà lauréat du grand prix de ce prestigieux festival meme si la participation marocaine sur le plan artistique et technique est inexistante. Dix ans plutard, c'est au tour du cinéaste français Jacques Sévérac de présenter son film «Les enfants du soleil» sous les couleurs marocaines sachant qu'il a de bonnes raisons de le faire. La production est totalement marocaine grace à des hommes d'affaires de Casablanca, de confession juive en particulier, qui soutiennent financièrement le cinéaste installé au Maroc depuis des années déjà. Contrairement au film de Welles, «Les enfants du soleil» sort bredouille mais il est quand meme remarqué par la presse qui signale un film sincère proche du néo-réalisme italien s'articulant autour des enfants de la rue, perdus dans cette grande ville sans limites, et ce, quarante ans avant l'avènement de «Ali Zaoua» de Nabyl Ayouch. L'année suivante, l'écrivain marocain de langue française, Ahmed Sefrioui, est désigné membre du jury du court métrage, une manière de consoler le cinéma marocain, encore naissant, dans ses efforts. Après une traversée du désert, ce cinéma va marquer un réel retour à Cannes. La fin des années 70 s'avère fructuante avec les films de Jilali Ferhati et Ahmed Maanouni, «Une brèche dans le mur» et « O! Les jours», participant à des sections parallèles telles que «La quainzaine des réalisateurs» et «La semaine de la critique». Depuis, le Maroc est maintenu régulièrement dans ces sections en plus d'un «Certain regard» qui a crée la ferveur chez les jeunes cinéastes. On reste perplexe devant la ténacité des Marocains à décrocher au moins une participation à la compétition officielle à l'instar d'autres pays de la région tel que le Mali, lauréat du prix spécial du jury en 1987, l'Algérie avec la Palme d'or en 1975 grace aux «Chroniques des années de braise» de Mohamed Lakhdar Hamina sans oublier l'Egypte avec «Le destin» de Youssef Chahine. Doit-on attendre encore longtemps pour rever d'une compétition à défaut du Grand Prix?