Le problème des infrastructures sportives continue à préoccuper les animateurs et décideurs du sport national. Mais sans qu'on y trouve les solutions adéquates. Et les choses s'aggravent avec la détérioration de l'espace existant et acquis, soumis soit à la dégradation, soit à la fermeture et à l'abandon de nombreux terrains et complexes sportifs, faute d'entretien. CONSTRUCTIONS INUTILITAIRES On semble peu se préoccuper de l'aspect environnemental, architectural et utilitaire des infrastructures sportives en ville comme à la campagne, où les spécialistes sont rarement conviés pour énoncer des avis d'experts. Et on continue à prêcher le gigantisme, en béton armé, au moment où les édifications de proximité devraient être la règle et les «cimetières» de ciment l'exception. On sait que toutes nos villes sont dotées au moins d'un terrain de football, avec une majorité en terre battue, aujourd'hui présentés comme la honte du football, destinés aux amateurs après avoir fait le bonheur de notre élite dans les années 60 et jusqu'en 1983 avec l'inauguration des nouveaux grands stades, à Casablanca et à Rabat. Bien sûr des exceptions existent et certains n'hésiteront pas à rappeler que le premier terrain gazonné a vu le jour en 1927 à... Ouezzane! Mais ce qui semble très préoccupant, sans susciter l'ire des décideurs, c'est l'abandon et la fermeture de pas mal de stades, une dizaine à Casablanca-Mohammédia, avec une surcharge imposée au complexe Mohammed V arrosé, faut-il le rappeler (?), à l'eau potable! Au complexe Mohammed V, seul le terrain de football est fonctionnel au moment où la piscine est fermée, depuis qu'un enfant s'y était noyé, tout autant que l'auberge, la salle des fêtes édifiée à des fins utilitaires en vue d'assurer des recettes, destinées à l'entretien du complexe. Zéro recette, zéro entretien! En plus et pour résoudre le problème des sièges de certaines fédérations, on les a logées au complexe, à titre temporaire mais c'est un provisoire qui dure depuis vingt ans. Même des associations en ont profité pour s'y installer et certaines dans de grands espaces. Impossible donc de rentabiliser un complexe privé de ses magasins, de ses boutiques et de ses édifices construits à des fins commerciales. Et le comble, c'est que dans certains cas des citoyens démunis squattent les vestiaires, les douches et les toilettes de certains stades où ils ont établi gîte et y vivent en familles nombreuses. Ils y sont reconnus en tant que résidents officiels par l'administration! LE SCANDALE DU RUGBY, L'INGRATITUDE DU FOOT On peut faire le même constat à propos du Complexe Al Amal, qui n'a pas été achevé et qui semblait prédestiné à servir de centre international de tennis ou encore de refuge au Centre Africain, légué à notre pays par la FIT, au détriment de l'Afrique du Sud et de l'Egypte. Mais pour consoler les auteurs de ces défections, sans les excuser, on rappellera que le Centre National de rugby d'Oujda est soumis à la même ingratitude bureaucratique. Ses vestiaires sont dans un état pitoyable au moment où les enfants internes, recrutés dans le cadre du sport-études ont été livrés à la précarisation et risquent d'y laisser leur peu de savoir rugbystico-scolaire. Et comme si cette ingratitude ne suffisait pas, on s'est précipité à fermer le petit et seul Musée du sport au Maroc, qui faisait l'honneur de l'Oriental. A Casablanca, pratiquement tous les stades sont fermés ou livrés à l'improvisation, avec le recours à la «formation», dans le cadre d'écoles de football, qui assurent rarement sinon jamais une relève de qualité. D'ailleurs, les deux grands clubs casablancais recrutent dans le cadre du mercato la majorité de leur effectif, après avoir été pourvoyeurs de joueurs de qualité à l'attention des clubs démunis. C'est le cas du Tessema, des Roches Noires, de Larbi Benbarek, de Moulay Rachid, exploité par le TAS après la grave détérioration du complexe Larbi Zaouli, etc. MESSI, RONALDO OU CHAMMAKH ENTRE REVE ET MENSONGES DES PSEUDO-ACADEMIES Certains clubs comme l'Etoile Jeunesse Sport de Casablanca, autrefois club prestigieux, cher à Baba, aujourd'hui malade et oublié, a troqué ses infrastructures à des entreprises de football, qui sous le nom de clubs européen d'Espagne et d'Angleterre brassent des sommes considérables en vendant de l'illusion plus que du rêve à des enfants qui se prennent pour des Messie, Ronaldo ou Chammakh et qui en portent les couleurs avec ravissement. A ce grand quartier où coexistent divers sports, on se rend compte que les enfants locaux sont acculés à jouer dans les rues adjacentes à des clubs fermés et peu soucieux d'insertion des jeunes, par le sport. Le rugby en a énormément souffert et si on voyait, autrefois, des enfants cavaler derrière un ballon oval, aujourd'hui c'est le ballon rond qui a pris le dessus, après le forfait du RUC et du COC, clubs historiques et longtemps leaders. A Mohammedia, on a construit un complexe pour plusieurs milliards de centimes, sur cinq hectares sans qu'il soit jamais inauguré! Il y existe plusieurs terrains omnisports, en plus de courts de tennis, de hammams, de saunas et d'une cuisine équipée de matériel autant cher que moderne mais qui n'a jamais été utilisé. Tout autant que l'espace réservé à la construction d'un terrain de football et d'une tribune pour des milliers de spectateurs! Le sport marocain est victime de ce contraste, au moment où on parle de crise, synonyme de vide et non d'infrastructures sous-utilisées ou fermées quand elles ne sont pas livrées à l'absence d'entretien. Et pourtant, la fédération de football impose un cahier des charges aux clubs dits professionnels, dans lequel figure l'obligation de dotation d'un stade répondant aux normes FIFA. Beaucoup de clubs en ont payé les frais, hier Kasbat Tadla et aujourd'hui Berkane ou Béni Mellal, sans oublier Khouribga, Safi voire même le Hassania qui s'apprête à recevoir les clés de son complexe flambant neuf. Mais avec quelle gestion, sachant qu'à Casablanca ni le Raja, ni le WAC n'ont jamais émis le voeu de prendre en charge le complexe Mohammed V qu'on leur a proposé à diverses occasions. Les infrastructures existent mais elles sont délaissées, faute de cadres formés à la gestion des infrastructures sportives, ce qui se répercute négativement sur la formation, la reproduction de l'élite de haut niveau et la promotion de l'image du Maroc à travers un véritable spectacle sportif vendeur et vendable.